Issam Bekhti. General Manager de la plateforme Algérie Market : «Les réseaux sociaux ont apporté beaucoup d'avantages au e-commerce en Algérie»

03/12/2023 mis à jour: 20:22
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Photo : D. R.
  • Comment est venue l'idée de créer cette plateforme et investir sur la vente en ligne ?

L'idée de lancer Algérie Market avait germé en moi depuis mon lancement dans le domaine du web en 2004. J'ai toujours été fasciné par les transactions commerciales à distance et j'étais sûr que le potentiel était conséquent. J'avais longuement attendu le e-paiement jusqu'au jour où, en 2016, je me suis dit que je devais prendre la problématique à l'envers et lancer la plateforme puis intégrer le paiement électronique quand ce sera possible.

  • Quel est le profil des acheteurs ?

Les acheteurs sont majoritairement jeunes, entre 18 et 40 ans, et sont beaucoup attirés par les articles de mode, les accessoires, les livres, etc. Nous avons une nouvelle génération digitale native qui ne se pose plus la question d'acheter sur internet ou pas. Pour elle, ce débat fait partie du passé.

  • Le fait que la monétique ne soit pas très développée en Algérie n'a-t-il pas été un handicap ?

Le problème du paiement électronique n'a jamais été pris par le bon bout en Algérie. On a toujours pensé que c'était un problème technologique et on a essayé de le régler. Mais nous voyons maintenant que les résultats ne sont pas au rendez-vous.

Pourquoi ? Pour au moins deux raisons majeures. Une majorité d'Algériens ne disposent pas de carte bancaire et sortent tout leurs salaires au début de chaque mois, quand ils ont des comptes. Sociologiquement, l'Algérien préfère le cash que d'avoir son argent sur un compte, et ce n'est pas quelque chose qui va changer si on n'adopte pas des mesures plus adaptées. En plus, le système fiscal algérien est inadapté aux petits commerçants.

Ce qui les pousse vers le marché noir. Ce point-là les bloque quand il s'agit d'implémenter le paiement électronique dans leurs plateformes. Ils ne veulent pas réceptionner de l'argent sur leurs comptes.

Pour conclure, si on veut développer la monétique en Algérie, il faudrait implémenter le mobile paiement à travers la téléphonie (le système Flexy, comme on dit vulgairement) ou de e-wallet (porte-monnaie virtuel). Il faudrait aussi moderniser le système fiscal, et revoir les taux à la baisse, car trop d'impôt, tue l'impôt.

  • Les réseaux sociaux et Facebook sont de plus en plus utilisés pour la vente. Quels sont les avantages et éventuellement les inconvénients ?

Les réseaux sociaux ont apporté beaucoup d'avantages au e-commerce en Algérie. Ils ont libéré les petits commerçants et les artisans à prendre la commercialisation de leurs produits en main, à se rapprocher de leur public et créer cette relation unique avec le consommateur.

Par contre, côté consommateurs, des plateformes comme Facebook Marketplace, où il n'y a aucune régulation, font que nous sommes souvent confrontés à des clients qui veulent plus parler au téléphone et ne font pas confiance, alors que le e-commerce a pour objectif de diminuer les frictions au lieu d'en rajouter. Je pense que ce problème va se régler tout seul avec la maturation du marché dans quelques années.

  • Comment voyez-vous l'évolution de cette activité dans un avenir très proche ?

Même s'il reste beaucoup de choses à faire dans le secteur, je pense qu'un avenir radieux attend le e-commerce en Algérie. Il y a un potentiel d'un million de commerçants à convertir et des dizaines de millions de consommateurs algériens. Nous sommes heureux d'avoir une interface qui a le potentiel de regrouper vendeurs et acheteurs et d'en être encore plus proche. 

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