Irrépressible détresse

19/02/2022 mis à jour: 04:53
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La collecte d’argent sur la voie et les espaces publics a été interdite, cette semaine, par les autorités locales à Tizi Ouzou. Cette mesure a été sans nul doute prise sur rapport des services chargés de la surveillance de la circulation routière et de la sécurité publique. 

Ce phénomène, comme le désigne l’arrêté du wali, est apparu depuis de nombreuses années et n’a jamais baissé en intensité. Il était quasiment entré dans les traditions et les comités de village ont pesé de tout leur poids pour organiser la quête d’argent sur les axes routiers. 

Le dispositif est permanent aux mêmes endroits, mobilisant des équipes de jeunes volontaires qui sollicitent la contribution des automobilistes en faveur d’un malade devant être transféré dans des structures de soins à l’étranger. 

Ces initiatives fort généreuses ne pouvaient pas devenir pérennes, pas seulement en raison des incidences sur la circulation et la sécurité routières, mais aussi eu égard à l’efficacité limitée de telles actions par rapport aux exigences d’une réelle prise en charge médicale des malades. 

Il est arrivé que le succès de l’opération de collecte d’argent soit célébré par les organisateurs avant que des mauvaises nouvelles ne tombent au sujet du malade, avant ou après son transfert. La responsabilité des autorités, en premier lieu celles en charge du secteur de la Santé, ne fait que s’accroître, étant entendu que la fièvre ne retombe pas en cassant le thermomètre. 

De nouvelles consultations doivent être engagées pour comprendre pourquoi ce sont les structures villageoises et le mouvement associatif qui vont au chevet du malade et s’occupent des formalités pratiques et financières en vue d’une admission dans des cliniques souvent lointaines. 

L’Etat, qui proclame la bonne santé du système de soins national, ne doit pas s’affirmer uniquement au niveau central mais également à la base, au plus près de la population. Il s’agit d’une mission aussi ordinaire que vitale, vu que la Sécurité sociale, à laquelle contribue la collectivité nationale, est précisément conçue pour venir en aide aux citoyens lorsqu’ils se retrouvent face à la maladie et à l’absence de ressources.

 Il y a comme un hiatus, une déconnexion, entre les préoccupations des citoyens et la démarche des autorités qui ne refrènent pas l’élan protocolaire des décennies passées. Il est, en outre, faux de croire que c’est l’importation des véhicules qui hante l’esprit des citoyens, à présent que la malnutrition va s’ajouter aux maladies. 

La hausse des prix sur les marchés, à commencer par ceux des viandes, ne peut être considérée comme un épiphénomène sans retombées sur le corps social. Elle va affecter l’équilibre alimentaire des individus, notamment les plus jeunes, et causera de nouvelles vulnérabilités aux maladies. 

La baisse du niveau de vie, induit par l’envolée généralisée des prix, ne peut être enrayée d’un trait de plume. Elle ne peut pas être non plus contrebalancée par une disponibilité pharmaceutique, autre thème dominant de la chronique nationale. 

Face à la paupérisation et ses conséquences sur la santé, il n’y a pas de meilleure médication que la relance de la production, un défi qui engage les pouvoirs publics et la collectivité nationale. 

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