Invité hier de la Radio Chaîne 3, Takjout revient sur la hausse du SNMG : «Il ne faut pas que cela soit un coup d’épée dans l’eau»

07/05/2024 mis à jour: 07:54
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Photo : D. R.

Invité de la rédaction de la Radio Chaîne 3, le secrétaire général de l’UGTA, Amar Takjout, a abordé, hier, plusieurs points relatifs au monde du travail, au SNMG, à la baisse de l’IRG, la question de l’entreprise, la pénibilité au travail et la revendication inhérente au départ à la retraite au bout de 32 ans d’activité et sans condition d’âge.

Le patron de la Centrale syndicale a, d’emblée, mis en avant la nécessité de réhabiliter l’entreprise, avant d’envisager une hausse du Salaire national minimum garanti (SNMG), en réponse à une question sur les augmentations salariales annoncées à l’occasion des festivités du 1er Mai. «Si on n’a pas omis de parler du SNMG, on n’a pas aussi omis de  mettre l’entreprise au cœur du débat.

Dans ce contexte, une hausse du SNMG sans que l’entreprise ne soit mise au cœur  du débat veut dire que nous allons encore entrer dans une spirale inflationniste (…), a-t-il fait remarquer. A chaque fois qu’on augmentera les salaires, la demande sera réitérée par les travailleurs au bout de six mois.

Ce n’est pas normal, c’est un cercle vicieux. Pour freiner l’inflation, nous devons agir à travers l’entreprise et pas autrement.» Dans son intervention radiophonique, M. Takjout a souligné que la question de l’entreprise «est importante».« Il faut faire de la pédagogie auprès des travailleurs. Il faut gagner la bataille de la productivité. Une entreprise publique n’est pas une administration mais une entreprise à caractère commercial qui doit gagner de l’argent.

On ne devient pas un pays à économie ouverte comme ça, avec du discours», a-t-il dit. Il a, à ce propos, rappelé les propos qu’il a tenus, à la Maison du peuple, le 1er Mai dernier, en présence du président de la République et qui vont dans le sens d’une réhabilitation de l’entreprise en Algérie, qu’elle soit publique ou privée. «Le président de la République a la volonté de relancer l’économie. C’est clair. Et c’est à nous de traduire cette volonté  sur le terrain», a-t-il dit.

Au sujet des entreprises publiques déstructurées et de l’opportunité ou non d’aller vers une ouverture du capital de certaines d’elles, M. Takjout a répondu : «Il faut avoir des neurones et du courage pour poser cette question sur la table».Relancé par rapport à l’augmentation du SNMG, le secrétaire général de l’UGTA a indiqué qu’il faut «donner un sens» à cette augmentation. «Si je ne parle pas beaucoup de l’augmentation du SNMG, ce n’est pas parce que cette question n’est pas importante. Je considère qu’il ne faut pas que cela soit un coup d’épée dans l’eau, a-t-il prévenu. Il faut lui donner du sens.

Le mieux, est d’avoir une économie qui avance pour que le volet social puisse également évoluer avec elle.» Abordant la proposition de réadapter les outils du dialogue social à travers la création du Conseil national du travail, l’orateur a fait savoir que le rôle de cet organisme consistera, entre autres, à pallier les problèmes inhérents aux conflits sociaux et au phénomène de l’informel.

«Nous défendons le principe d’un Conseil indépendant qui dégage des propositions et qui les soumet au gouvernement pour une prise de décision sur une base consensuelle. Cet espace de concertation peut aussi régler, partiellement, le problème de l’informel», a-t-il ajouté. «C’est une piste qu’il faudrait explorer», a-t-il poursuivi, avant de donner son point de vue quant à une baisse de l’impôt sur le revenu global (IRG), notamment pour les retraités. «Où allons-nous trouver les fonds nécessaires pour procéder aux compensations financières qui vont découler de cette décision.

Quelle sera la portée de revoir l’IRG à la baisse ?» s’est-il interrogé, prônant une approche  qui tranche avec le «style populiste» longtemps en vogue et appelant à préserver «les grands équilibres budgétaires». Sur la question de la retraite proportionnelle et sans condition d’âge, le SG de l’UGTA s’est dit convaincu de la nécessité  d’«engager une réflexion» sur cette revendication socioprofessionnelle. Pourquoi certains sollicitent de partir à la retraite avant 60 ans ?

Pourquoi d’autres veulent continuer au-delà de l’âge légal ?  Comment expliquer le fait que certaines personnes sont pressées de quitter le monde du travail ? Pour Amar Takjout, un «diagnostic exhaustif» doit être posé pour répondre objectivement à toutes ces questions. «La prise en charge du volet relatif à la santé mentale au travail a été  l’une des questions posées au président de la République lors de la rencontre du 1er Mai», a-t-il d’ailleurs rappelé.

Dans ce sillage, le premier responsable de la Centrale syndicale a estimé que le dossier des métiers pénibles doit être de nouveau débattu.  «La pénibilité au travail est une réalité. Il  y a des situations qui détruisent la santé», d’où, selon lui, tout l’intérêt que revêt la Conférence sur la santé mentale que compte organiser prochainement l’UGTA et à laquelle devraient être conviés des sociologues, psychologues, médecins du travail et les responsables des caisses sociales.

Revenant sur l’application de l’IRG aux pensions de retraite, M. Takjout a affirmé qu’il s’agit d’une «deuxième taxation». «On peut envisager une contribution des retraités au Trésor public mais pas de la même manière que les actifs», a-t-il suggéré.

L’invité de la rédaction de la Radio a, par ailleurs, appelé «à reformer» le système régissant le fonctionnement des Inspections du travail. «L’Inspection du travail doit disposer de plus de prérogatives pour qu’elle soit à même d’être l’interface aussi bien du syndicat que de l’employeur», a-t-il proposé. 

 

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