«Des produits sont en souffrance au niveau des ports et des frontières, tels que les jus et les boissons gazeuses», nous apprend Ali Hamani, président de l’APAB, donnant l’exemple de grandes quantités de boissons Ifri toujours bloquées. Selon lui, «même le navire qui devait acheminer la cargaison vers l’île Maurice est reparti vide».
C’est toujours le flou autour de l’interdiction d’exportation des produits alimentaires. Alors qu’à l’issue du Conseil des ministres du 13 mars, le chef de l’Etat a décidé d’interdire l’exportation du sucre, des pâtes, de l’huile, de la semoule et de tous les dérivés du blé, sur proposition conjointe des ministres de l’Agriculture et du Commerce, voilà qu’aujourd’hui les exportateurs d’autres produits en dehors de cette liste se retrouvent bloqués dans leurs projets d’acheminement de certaines denrées vers leurs clients habituels.
Des quantités importantes de boissons, notamment, sont aujourd’hui toujours en attente d’être expédiées. C’est ce que nous avons appris au près de Ali Hamani, président de l’Association des producteurs algériens de boissons (APAB). «Aujourd’hui, des produits sont en souffrance au niveau des ports et des frontières, tels que les jus et les boissons gazeuses», affirme Ali Hamani, donnant l’exemple de grandes quantités de boissons Ifri toujours bloquées. «Même le navire qui devait acheminer la cargaison vers l’île Maurice est reparti vide», nous précise-t-il.
Et ce, tout en rappelant que ce blocage a commencé bien avant la décision du Conseil des ministres. Comment ? «Une instruction a été donnée par le ministère du Commerce mi-février pour arrêter l’exportation de produits alimentaires. Le ministère a envoyé une note dans ce sens à la Direction générale des Douanes pour bloquer toute marchandise de cette catégorie à l’export. Nous avons reçu un écrit nous informant de la mise en œuvre de cette mesure», nous explique le président de l’APAB.
Sollicité par les membres de l’Association et les producteurs de la filière, il fait appel à son tour à la direction du commerce extérieur du ministère, dont les services n’ont pas été informés de cette décision, selon M. Hamani. «Ils étaient en pleine réunion pour déterminer les positions tarifaires à bloquer à l’exportation», ajoute le président de l’APAB.
Et c’est au moment où les exportateurs attendaient des clarifications concernant l’instruction de Kamel Rezig que le la décision du Conseil des ministres est tombée précisant que la mesure touche essentiellement le sucre, les pâtes, l’huile, la semoule et tous les dérivés du blé. Cependant, l’interdiction touche aujourd’hui tous les produits alimentaires. «Il faudrait donner des détails», appelle l’APAB.
Pour M. Hamani, tant que le comité chargé d’identifier les positions tarifaires n’est pas formalisé pour décider des produits concernés, l’exportation de denrées alimentaires restera bloquée. «Autant alors arrêter avec les pratiques bureaucratiques, réfléchir et mettre tout noir sur blanc en se concertant d’abord avec les concernés», lance le président de l’Association, pour qui des clarifications s’imposent dans ce cadre afin de ne pas pénaliser les producteurs qui ont pris des engagements sur le marché extérieur.
«Ce n’est pas la première fois qu’on nous annonce des décisions sans en mesurer au préalable l’impact. C’était le cas avec le blocage des dérogations sanitaires pour l’importation de la poudre de lait et pour le lait infantile qui figure dans la rubrique ‘‘autres’’», regrette le président de l’APAB.