Malgré l’énorme chantier qui l’attend, UBS a insufflé une «brise estivale de bonnes nouvelles, plutôt qu’une tempête», estime Benjamin Goy, analyste chez Deutsche Bank. UBS a notamment rassuré les marchés en renonçant à l’aide de l’Etat et de la banque centrale suisse et en soldant des litiges aux Etats-Unis datant de la crise financière de 2008.
Le géant bancaire suisse UBS publiera demain ses résultats du deuxième trimestre et sera attendu de pied ferme par les investisseurs et employés sur les détails de l’intégration de Credit Suisse après leur méga-fusion.
L’attention se portera en particulier sur les suppressions de postes et le sort réservé à la branche regroupant les activités helvétiques de Credit Suisse, au cœur des rumeurs de marché durant l’été.
Les chiffres seront certainement relégués «à l’arrière-plan», préviennent les analystes de la Banque cantonale de Zurich dans une note de marché. Selon eux, les investisseurs s’intéresseront plutôt aux sorties de fonds pour jauger la confiance des clients quant à la fusion ainsi qu’aux coûts de restructuration. La visibilité sur ces résultats du deuxième trimestre sera de toute façon «beaucoup plus faible que d’habitude», souligne Andreas Venditti, analyste chez Vontobel.
Le bénéfice sera déformé par un énorme gain comptable de près de 35 milliards de dollars (32,4 milliards d’euros) en raison de la différence entre le prix d’achat de Crédit Suisse, reprise pour seulement 3 milliards de dollars, et la valeur de l’actif net comptabilisé. Seront également inclus moins d’un mois de résultats de Crédit Suisse, intégrée en juin, ce qui rend les estimations très difficiles, ajoute M. Venditti. D’après l’hebdomadaire SonntagsZeitung, Crédit Suisse aurait essuyé une perte de 3,5 milliards de francs suisses (3,6 milliards d’euros) durant le trimestre.
Longue liste de questions
Sous la pression des autorités suisses, UBS a accepté en mars de reprendre son ex-rivale pour éviter sa faillite. Mais depuis que leur union a été officialisée en juin, UBS a communiqué au compte-goutte sur ses projets, se laissant l’été pour étudier les comptes de Crédit Suisse.
Initialement prévue pour juillet, la publication des résultats a donc été repoussée à fin août. Dans l’attente, la liste des questions concernant les répercussions de cette fusion a gonflé. «La liste est longue», a reconnu M. Venditti lors d’un entretien avec l’AFP. Il attend des détails sur la rétention des clients mais aussi du personnel alors que plusieurs cadres de haut rang sont déjà passés à la concurrence. Il espère aussi un calendrier des projets d’UBS et de premières indications sur les objectifs financiers de l’entité fusionnée.
«Nous examinerons avec attention le chiffre d’affaires après la fusion, les plans d’intégration supplémentaires, les suppressions d’emplois et ce que la banque compte faire de l’unité suisse», a indiqué à l’AFP Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote. D’après elle, les résultats seront sûrement bons, mais les investisseurs veulent surtout vérifier que «ce mariage forcé va créer de la valeur réelle pour la méga-UBS».
La semaine passée, l’agence Bloomberg a affirmé qu’UBS pencherait en faveur d’une intégration de la branche helvétique de Crédit Suisse, plutôt que d’une scission, citant des sources proches du dossier sans les nommer. Considérée comme la pépite de Crédit Suisse, cette branche qui englobe sa banque de détail en Suisse, est un dossier épineux en raison des doublons qui risquent d’entraîner encore des suppressions de postes.
Début août, UBS a dévoilé la composition de ses nouvelles équipes dans sa banque d’affaires sans donner d’indications quant aux coupes. Mais une première vague de licenciements a débuté chez Credit Suisse, avait indiqué une source proche du dossier à l’AFP alors que le site britannique Financial News avait affirmé que 200 banquiers d’affaires ont déjà été remerciés.
Malgré l’énorme chantier qui l’attend, UBS a insufflé une «brise estivale de bonnes nouvelles, plutôt qu’une tempête», estime pour sa part Benjamin Goy, analyste chez Deutsche Bank. UBS a notamment rassuré les marchés en renonçant à l’aide de l’Etat et de la banque centrale suisse et en soldant des litiges aux Etats-Unis datant de la crise financière de 2008.
Négociée dans l’urgence, cette fusion hors normes a été imposée à l’aide de mesures exceptionnelles. Les actionnaires n’ont pas eu leur mot à dire et la Commission de la concurrence en Suisse n’a pu émettre qu’un avis. Elle est actuellement en train d’étudier la fusion, a-t-elle indiqué à l’AFP, confirmant une information de l’hebdomadaire Handels Zeitung et pense rendre son avis «fin septembre», précise-t-elle.