Instantané - Ramadhan, entre bombance et démesure

14/03/2024 mis à jour: 00:21
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Sidna Ramadhan serait-il devenu synonyme de bombance au point de s’abandonner à des réflexes d’excès de délire autour de la chose culinaire ?

«Il y a une juste mesure ; il y a enfin des limites précises hors desquelles ne peut se tenir le bien», écrivait à juste raison Horace dans ses satires. Une citation qui colle on ne peut mieux aux réflexes d’un certain comportement lié, dans le présent sujet, au 9e mois lunaire.

Autrement dit, il est des ménages qui, l’espace du mois béni de Ramadhan, délient leur bourse à l’envi, voire de manière démesurée pour garnir la meïda. Ainsi, tout se vend et s’achète au grand bonheur des commerçants de circonstance qui, l’espace de vingt-neuf ou trente jours, font florès.

L’opportunité aussi pour d’autres petits vendeurs à la criée de faire main basse sur un coin de rue, de cadenasser un bout de  ruelle ou encore de négocier un empan autour des souks pour écouler leurs produits à même le sol, envoyant valdinguer le b.a.-ba de l’hygiène publique.

Une occasion où, sous couvert du mois de la rahma, la puissance publique semble fermer quelque peu l’œil sur cette agitation cacophonique.

Dès que l’astre flamboyant commence à décliner sur l’horizon, le jeûneur se fait plaisir, voire un devoir de ramener à la famille quelque chose qu’un autre membre de la maisonnée a eu aussi l’idée d’acheter. Un mois lunaire où tout porte à croire que l’excès et le gaspillage sont permis.

Certes, le mois de Ramadhan draine l’abondance de mets, gâteaux et autres gourmandises, dont une bonne partie part à la poubelle, mais ne serait-il pas malvenu pour certains de faire dans les dépenses effrénées ?

Au point de devenir des goinfres de mauvais goût. Car, d’aucuns ont greffé, dans leur comportement ramadhanesque, des mœurs de prodigalité liées aux produits de la bonne chère, mettant à rude contribution leur gibecière et à rude épreuve leur panse…

Et si abondance ne nuit pas, s’empiffrer sans garde-fou n’est pas sans incidence sur la santé, à commencer par la réplétion gastrique qui astreint le jeûneur à recourir à la pharmacopée de grand-mère, à défaut de consulter le gastrologue du coin. Et c’est devenu une coutume de se gaver à l’heure du ftour sans ménager son système digestif.

Une réalité qui n’épouse guère, sommes-nous tentés de dire, l’hygiène de vie du jeûneur, encore moins les préceptes d’une religion qui recommande la pondération, celle de «se sustenter lorsqu’on en ressent le besoin et si on se nourrit, on n’évite de manger à satiété».

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