Instantané / Lorsque l’incivisme détruit le patrimoine forestier

08/08/2023 mis à jour: 00:00
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Classé dans le réseau des réserves de biosphère par le programme MAB de l’Unesco en 2002, le Parc national de Chréa s’étend en écharpe sur 26 587 ha, chevauchant les wilayas de Blida, Médéa et Aïn Defla. 

Chréa, commune relevant de la wilaya de Blida, culmine à 1629 m, à Koudiat Sidi Abdelkader, comprenant des sites pittoresques où nichent les châtaigniers, le chêne vert et des cèdres millénaires qui donnent une ombre propice invitant à de douces flâneries aux randonneurs et autres adeptes du pique-nique, dont beaucoup, malheureusement, n’en ont cure du réflexe écogeste, cette attitude que chacun de nous peut adopter afin de diminuer la pollution et améliorer son environnement. 

Chaque année, il est constaté une hausse sensible d’abandon des ordures ménagères et autres gravats dans nos forêts. Selon certains experts dans la préservation de l’environnement, «le rejet des déchets dans les aires forestières  dégrade non seulement les sols et contribue à la prolifération de plantes invasives, nocives pour l’environnement», mais multiplie le risque d’incendies.

 Certaines familles préfèrent en cette période des grandes chaleurs la fraîcheur que procure la forêt que le sable brûlant des côtes littorales polluantes. Une petite échappée dans le Parc national de Chréa donne le haut-le-cœur, tant le spectacle est affligeant, voire choquant dans un des versants surplombant la plaine de la Mitidja. 

Sillonnant en ce mois aoûtien quelques sentes sur les cîmes de cette réserve protégée, le quidam reste médusé par l’image repoussante que lui renvoient les amas d’immondices qui parsèment ravins,  coteaux et autres aires de détente et de loisirs. 

Pourquoi, Dieu du ciel, lorsqu’on prend un repas en plein air, on déguerpit, laissant derrière nous les restes de notre pique-nique ? Pourquoi ce laxisme des autorités, alors que la loi n°84-11 du 23 juin 1984 est on ne peut plus claire concernant le volet ayant trait à la préservation du patrimoine forestier, surtout le chapitre relatif aux agents de la police forestière, censés sévir contre ceux qui «altèrent ou dégradent le milieu forestier» ? 

Que cela soit dans les cités Kerrache, Belle-Crête – des zones d’habitation nichées au milieu d’un couvert forestier dense – les lieux-dits Forêt des fougères, les Quatre-bancs ou du côté de Ski-club, les détritus et débris de toutes sortes (planches, tessons, bouteilles en plastique, cartons, sachets, canettes, ferraille, chiffons et autres rejets ménagers) plantent le décor ! 

Ce tableau repoussant, qui donne plein la vue, n’est pas issu du néant, sinon le résultat né de l’incivisme des gens qui viennent s’y ressourcer, conjugué à l’incurie de ceux supposés protéger ces espaces verts des agresseurs.

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