L’on se souvient des premières Assises nationales de l’urbanisme tenues en juin 2011, lorsque experts de l’urbanisme, architectes et autres sociologues et juristes se sont donné rendez-vous pour animer nombre d’ateliers autour d’une multitude de branches relatives à l’urbanisme et son cadre environnemental. L’on se rappelle aussi, qu’au terme de cette assemblée, les recommandations qui prêtaient à l’optimisme, celles de voir, enfin, jaillir de beaux lotissements.
Une feuille de route avait été, en effet, mise en place et devrait tenir compte des «dispositions de l’ensemble des branches du droit relatif à l’urbanisme : droit civil, aménagement du territoire, droit de propriété, protection de l’environnement, forêts, littoral, tourisme... » Nous avions prié pour que cela ne soit pas juste un effet d’annonce. Qu’on ose, enfin, prendre, une fois pour toutes, le taureau par les cornes pour affranchir nos mégalopoles de l’horreur urbanistique. C’est tout le mal qu’on souhaite, d’ailleurs, à nos cités dont beaucoup d’entre elles échappent, le moins qu’on puisse dire, à l’esthétique et à l’harmonie, même si l’aspect extérieur des constructions AADL semble moins répugnant.
Aujourd’hui, toutes les cités ont un même modèle d’urbanisme. Le patrimoine architectural de Tamanrasset est identique à celui d’Alger, de Constantine ou de Béchar. On en retrouve presque le même type de bâtiment au moment où le pays compte des milliers d’architectes et autant d’ingénieurs en génie civil agréés par l’Etat, ajoutés aux 1.500 centres de formation professionnelle implantés un peu partout sur l’ensemble du territoire national. De telles statistiques démontrent que l’Algérie répond largement aux normes internationales.
Mais le talon d’Achille demeure cette absence de stratégie dans le secteur de l’urbanisme où l’anarchie s’impose comme maître des lieux, avait-on appris, à l’époque de Abdelhamid Boudaoud, président du collège national des experts architectes.
A croire que tout le monde se presse à conquérir un lopin de terre pour installer sa demeure à l’emporte-pièce là où bon lui semble. Tout est urbanisable ! L’harmonie et le beau refusent d’intégrer les paysages environnants que cela soit dans une mégalopole, en rase campagne ou en montagne. L’alibi de planter dans des délais qui urgent des logements collectifs urbains ou suburbains est brandi par les politiques qui semblent presser nos architectes et urbanistes de faire dans l’œuvre expéditive, en faisant fi du beau. L’on voit même des «cinq étages» élevés hideusement en pleine forêt ou ayant les pieds dans l’eau, amochant par là et le site forestier et la côte littorale.
Certes, la nécessité de créer une police de l’urbanisme est «un impératif face au désordre que connaît le domaine de l’urbanisme et en l’absence de surveillance et de suivi, notamment en matière de détournement des terres domaniales», relève-t-on dans le communiqué du dernier Conseil de ministres, mais à quoi sert la Pupe (Police de l’urbanisme et de la protection de l’environnement) et quelle est sa mission, sinon d’établir seulement des PV ?
A dire vrai, la fièvre de bâtir accapare l’esprit «beggar» qui puise dans je ne sais quoi pour se permettre toutes les raisons à faire le pied-de-nez à un cadre bâti cohérent et bien pensé, donnant l’impression que l’ensemble a été pilonné. Au diable le bon sens et place à l’esprit rurbanisé, sommes-nous tenus de relever lorsqu’on est apostrophé par ce décor inintelligent d’une mégapole qu’on charge de hideur. L’envie de voir de beaux logis harmonieux et conciliant «modernité à vivre et tradition à suivre», pour reprendre la réflexion pertinente de l’architecte Fayçal Ouaret, ne semble pas titiller les neurones de nos décideurs prompts à tourner le dos à nos architectes, urbanistes, bozaristes et autres paysagistes.