Que de souvenirs et de souvenance remontent à la surface en arpentant le dédale de La Casbah. Mais que reste-t-il de ces scènes de notre enfance insouciante lorsqu’on gambadait à travers les ruelles et venelles de la cité du père fondateur Ziri Ibn Menad Bologhine ? L’ambiance que nous remémorons de cette médina au passé certain et au devenir hypothétique est passée plus que jamais à la trappe.
Des échoppes de «bouffe» fleurissent sur les hauteurs de La Casbah pour «séduire» le visiteur, mais en matière d’artisanat, c’est la dèche ! Ce patrimoine matériel et immatériel qu’on voit, au fil des jours, s’effilocher un peu plus, donne et le haut-le-corps et les venelles crades ne donnent pas moins, elles aussi, le haut-le-cœur pour le randonneur.
La restauration de certains palais et édifices historiques ainsi que le repavage de certains parcours, gauchement réalisé par endroits, sauront-il restituer une part de l’atmosphère joyeuse qui prévalait autrefois dans l’ancienne médina ? Considérées comme IMR (Immeuble menaçant ruine), les maisons et douérate, murées et «désossées» par des «maraudeurs» en quête de sous, bénéficieront-elles d’un programme de restauration à même de les soustraire de l’incurie de l’homme et les sauver de l’injure du temps ?
Les pouvoirs publics plancheront-ils sur leur prise en charge en matière de restauration, parallèlement aux travaux de ravalement effectués présentement sur le bâti colonial qui longe la rue Abderrahmane Arbadji, pour ne citer que ce tronçon ?
Hormis deux ou trois palais transformés en musées, en attendant le beau palais du Bey et le majestueux palais Hassan Pacha qui font l’objet de travaux de réhabilitation du vieux bâti traditionnel par des techniciens bien de chez nous, l’état dans lequel se trouvent un grand nombre de maisons donne un pincement au cœur, dans la mesure où leur façade et la galerie intérieure qui embrasse le patio (wast eddar) sont retenues depuis des lustres par des étais.
Sans plus. L’opération dite phase de confortement des bâtisses, lancée dans le cadre du PPSMVSS (Plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur du secteur sauvegardé) n’a pas bougé d’un iota depuis 2012. Résultat de la course ?
On a fini par sommer les pensionnaires, dont des propriétaires, à débarrasser le plancher, avant de cadenasser les demeures à double tour. On donne cette impression de se perdre en atermoiements quant à la restauration de ces maisons qui relèvent pourtant du patrimoine universel ? s’interrogent de vieux Casbadjis.
S’agit-il d’un problème ayant trait à la lancinante question des successeurs des biens immeubles ? Cela relève-t-il d’un vide juridique couplé au volet financier quant à une véritable prise en charge ? Tant de questions pour un patrimoine classé dans le registre de l’Unesco comme héritage appartenant à la mémoire collective et que beaucoup de nos historiens et spécialistes es restauration souffrent de voir ce pan de patrimoine qu’on aurait pu capitaliser, livré à l’outrage du temps.