Récurrente, la question de la sécurité en milieu universitaire semble avoir trouvé écho après plusieurs incidents fâcheux. Il s’agit d’un nouveau dispositif susceptible de sécuriser les campus, et dont l’entrée en vigueur est prévue à partir de ce mois d’avril.
La communauté universitaire a repris, dimanche, ses activités pédagogiques après une semaine de vacances. Sa sécurité in situ devrait en principe s’améliorer sous l’impulsion du nouveau dispositif, appliqué à court et moyen termes, tant sur les campus que sur les lieux d’hébergement.
Pour ce faire, il a fallu identifier les causes du problème de l’insécurité et relever les dysfonctionnements afin de les éviter à l’avenir. Cela a été rendu possible grâce au concours de spécialistes, responsables, organisations estudiantines, syndicats et corps de sécurité.
Tous ont apporté leur contribution en vue de l’élaboration dudit plan dans le cadre d’une journée d’étude, organisée récemment par la tutelle à l’Université de la formation continue (UFC) à Dély Ibrahim (Alger).
Parmi les recommandations retenues pour être traduites sur le terrain, il est question de l’installation de caméras de surveillance, du port de l’uniforme et du badge pour les agents de surveillance, entre autres.
«Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique œuvre pour faire face à toute situation pouvant porter atteinte à la sécurité et la sérénité de la famille universitaire… et ce, avec la collaboration des autorités concernées, et en réactivant les plans de sécurité interne dans les institutions universitaires, la généralisation de l’utilisation des systèmes de communication , les caméras de surveillance, le port de l’uniforme et des badges, ainsi que le renforcement de la présence de l’élément féminin en tant qu’agents de sécurité dans les cités universitaires pour filles», a indiqué le MESRS via un communiqué.
Revoir la feuille de route de la sécurité en milieu universitaire, si elle s’est imposée comme corollaire de la réforme du système de l’enseignement supérieur, englobant au passage la réhabilitation des cités «U», est devenue une urgence devant des actes de violence, parfois d’une extrême gravité.
Le dernier en date a eu pour théâtre la résidence «U» de Boudouaou, à l’ouest de Boumerdès. Dans la nuit du vendredi 25 février 2022, un individu a réussi à s’introduire dans un pavillon et accomplir son forfait. Il assena des coups de marteau à quatre étudiantes, dont l’une d’elles sera plongée dans un coma. Le mis en cause sera arrêté peu de jours après.
Dans ce cas, l’enquête préliminaire a révélé «une négligence de la part de certains agents de surveillance et gardiennage», d’où la poursuite de deux d’entre eux pour «non-assistance à personne en danger». Cette affaire, celle de trop, a mis à nu un système de sécurité inadapté, dont les failles ont mis en danger des vies humaines.
Du simple vol d’un téléphone portable à la confrontation physique, la violence se décline sous plusieurs aspects, mettant parfois à mal la franchisse universitaire. Bien qu’officiellement, la majorité des actes répréhensibles sont commis par des personnes étrangères à cet environnement.
SOCIÉTÉS DE GARDIENNAGE
Les statistiques rendues publiques par la Gendarmerie nationale suscitent l’inquiétude. Rien que pour l’année 2021, il a été relevé plus de 100 affaires d’agressions verbales et physiques, dont menace, altercation avec des agents de sécurité et coups et blessures. Pour sa part, la Direction générale de la Sécurité nationale (DGSN) a fait état, pour l’année 2021, de «1482 interventions, dont 459, soit 30%, dans les résidences pour garçons et 217, plus de 14%, dans celles pour filles».
Des parties prenantes pointent du doigt des conditions d’enseignement, mais surtout d’hébergement qui sont loin de répondre aux normes sécuritaires. De ce fait, l’une des solutions prônées réside dans la sélection, la formation et l’augmentation du nombre des agents. «Réviser le cahier des charges relatif à la contractualisation avec les sociétés de gardiennage, intensifier les patrouilles de surveillance en vue de lutter contre le stationnement anarchique à proximité des résidences universitaires», a préconisé la DGSN. Un point sur lequel d’aucuns ont insisté et à raison. Car, il est recensé actuellement un agent de sécurité pour 100 étudiants.
Ce qui reste largement insuffisant. A ce propos, il est important de rappeler que l’institution universitaire recourt, depuis plusieurs années, aux services des sociétés privées de gardiennage.
Ce qui, selon des organisations estudiantines, n’est pas un garant de professionnalisme. Le malheureux épisode survenu le 5 mai 2016 à l’Institut de la nutrition, alimentation et technologie agroalimentaire (Inataa), à Constantine, en est un exemple éloquent.
Ce jour-là, les étudiants grévistes ont eu maille à partir avec les agents de sécurité, employés d’une société privée, qui n’ont pas hésité à utiliser des chiens pour disperser le piquet de grève. L’affrontement s’est soldé par 11 blessés parmi les étudiants. Cinq agents seront condamnés, dont deux à des peines de prison ferme.