Inquiétudes sur le front économique et social

02/01/2022 mis à jour: 03:01
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Les Algériens, qui ont été eux aussi très durement éprouvés par la crise sanitaire mondiale liée à la Covid-19, feront face également aux incertitudes que suscitent les multiples réponses réservées la propagation de ce virus.

L’année qui commence comporte beaucoup d’interrogations et de risques sur les plans économique et social. Les Algériens, eux aussi très durement éprouvés par la crise sanitaire mondiale liée à la Covid-19, feront face également aux incertitudes que suscitent les multiples réponses réservées la propagation de ce virus. A l’instar de ce qui se passe dans le reste du monde, le rythme de la vaccination de nos citoyens sera à coup sûr un facteur déterminant.

La première bataille, localement, semble donc à ce niveau dès lors que la qualité de vie et l’activité économique tout court en dépendent. Mais pas seulement, puisque le succès des vaccins ou non dans la lutte contre la Covid-19 sera également l’enjeu majeur au niveau planétaire. Les récents bilans effectués en Algérie sur le registre économique montrent à quel point l’impact de la pandémie a été très important sur l’activité et la croissance. Nombre d’entreprises pâtissent encore des conséquences du recul de l’activité, bref de la crise sanitaire.

Après une récession qui dépasse les -4,6% en 2020 et un taux prévisionnel de 4,1% pour l’année 2021, l’espoir d’une remontée pour l’année en cours serait, d’après les spécialistes, très modeste dans les conditions actuelles.

Le marché pétrolier connaît une période favorable actuellement, où les cours évoluent à des niveaux supérieurs aux prévisions contenues dans la loi de finances 2022, c’est-à-dire à prix de référence de 45 dollars, alors qu’il dépassait avant le week-end les 70 dollars. Mais la question est de savoir si les prix seront maintenus au-delà des niveaux prévus. Car toute notre économie en dépend. «Le pays reste toujours dépendant des recettes des hydrocarbures et sa marge de manœuvre s’est réduite», fait remarquer la Banque mondiale.

Il faut bien reconnaître, en effet, que les multiples discours officiels sur la diversification de notre économie ne sont que promesses. Du moins pour l’instant. Car la réalité est que nos exportations hors hydrocarbures (4,6 milliards de dollars), de bien loin les plus importantes par rapport aux années précédentes, n’atteignent même pas les 10% de nos importations en 2021.

Les réserves de change du pays s’élèvent à plus de 46 milliards de dollars à la troisième semaine de décembre, selon le gouverneur de la Banque d’Algérie. Selon les dernières prévisions de la Banque mondiale, la croissance du PIB «diminuera progressivement à moyen terme». «Dans le scénario de référence d’une campagne soutenue de vaccination contre la Covid-19, aucune restriction sanitaire ne devrait être réintroduite. Toutefois, les entreprises et les ménages ont été gravement touchés par la crise économique et, en l’absence d’un programme de réformes structurelles rapide et décisives pour relancer la croissance, les segments hors hydrocarbures de l’économie ne se redresseront que progressivement, la reprise des investissements et du crédit étant retardée», analysent les experts de la BM. Voilà qui est dit.

Le gouverneur de la BA appréciera sans doute, lui qui s’est plaint fin décembre, à l’occasion de la rencontre annuelle avec la communauté bancaire, de ce que les banques ne mobilisent pas beaucoup de crédits à l’heure où, a-t-il dit, quelque 1500 milliards de dollars de liquidités sont restés «oisifs» sur les comptes de la Banque d’Algérie. Mais dans la foulée de la nouvelle année, la dépréciation du dinar par rapport au dollar et à l’euro se poursuivra. L’inflation, quant à elle, est déjà à un pic de 9,2% pour ne pas y voir une menace persistante contre le pouvoir d’achat des ménages qui ne cesse de se détériorer.

La baisse de l’IRG-salaire qui été introduite dans le cadre de la loi de finances 2022 ne sera d’ailleurs que d’un effet très limité, selon nombre d’économistes. Une telle augmentation pour les salaires modestes ne pourra compenser évidemment l’effet de l’inflation qui ronge considérablement le pouvoir d’achat.

Le chômage, par ailleurs, serait une autre préoccupation des Algériens. Inutile de commenter davantage, vu le désinvestissement criant dont souffre le pays. En somme, une éventuelle amélioration de la situation économique et sociale des Algériens devrait prendre encore quelques années, le temps d’effacer l’impact de la crise, certes, mais pas seulement. La condition pour cela serait déjà d’entamer les vraies réformes politiques et économiques qui marquent le pas depuis des années. Enfin tout un programme. 

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