Inquiétante hausse des noyades à Béjaïa

09/08/2023 mis à jour: 15:07
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Certains estivants commettent beaucoup d'imprudences

Béjaïa. 120 km de côte alternant plages de galets ou de sable et criques rocheuses de Béni Ksila à l’Ouest, jusqu’à Melbou à l’Est. 

Les atouts naturels de sa côte féerique et de son arrière-pays pittoresque, attirent chaque année plusieurs centaines de milliers d’estivants. Ils viennent des quatre coins du pays, essentiellement des wilayas de l’intérieur les plus proches, comme Sétif, Bordj Bou Arrerid, Msila, et même d’Oum El Bouagui.Le début de cette saison estivale de la deuxième année de l’après Covid19 est marqué par des hausses anormales des températures, ce qui a provoqué un rush sans précédent vers les plages. 

Malheureusement, comme partout ailleurs sur le littoral Algérien, l’activité estivale engendre chaque année son triste lot de victimes d’accidents de la circulation, et de noyades. 

Alors que nous sommes à la moitié de la saison estivale, la protection civile de Béjaïa a déjà dénombré pas moins de 20 noyades, soit 7 victimes de plus que l’année passée, où on a enregistré 13 morts durant toute la période de l’été de 2022. La totalité des cas de noyades se manifestent, comme presque chaque année, sur le littoral Est, allant de Boukhlifa jusqu’à Melbou en passant par Tichy, Aokas et Souk El Tenine.

Pour comprendre pourquoi l’on recense plus de pertes humaines sur la côte Est qu’à l’Ouest, nous nous sommes rapprochés du bureau de prévention de la PC de Béjaïa. M. Soufi, chef du service prévention à la direction générale de la protection civile, explique d’abord pourquoi les baigneurs préfèrent la côte Est à la côte Ouest. « 

Premièrement, les vacanciers se rendent vers la côte Est pour sa proximité des wilayas de l’intérieur, d’où est issue la majorité des estivants, comme Sétif et BBA ainsi que pour ses plages de sable. 

Et ce, contrairement à la côte Ouest, dont les plages sont faites de galets, en sus de leurs isolements et éloignement des centres urbains». La deuxième raison est liée à la configuration des fonds marins à l’Est. « Sur la côte Ouest, on avance d’à peine un mètre avant de se retrouver devant une eau profonde, ce qui dissuade le nageur, surtout s’il est novice, à s’éloigner. 

Dans les plages de l’Est, on peut parcourir 100 mètres dans une eau peu profonde, mais parsemée de bancs de sable et de cuvettes ». Ainsi, détaille-t-il, « il arrive souvent aux victimes de tomber dans ces sortes de trous creusés par les courants marins, comme si elles étaient aspirées vers le fond ». Cependant, dans ce cas là, notre interlocuteur précise que c’est « la panique de l’individu qui précipite la noyade, ne sachant pas quoi faire dans ce genre de situation ». Il a été constaté par ailleurs, que beaucoup de baigneurs préfèrent aller vers les plages rocheuses ou les falaises. 
 

Parents surpris

Outre les amateurs de plongeons et des sensations fortes, il existe, selon la chargée de la communication de la PC, Latifa Medjbar, « des personnes gênées par le fait qu’elles ne sachent pas nager. Ces dernières préfèrent alors s’isoler loin des regards des plages bandées de monde, dans une plages non surveillées où peu de personnes peuvent les observer ». 

D’ailleurs, selon les statistiques de la PC, depuis le 17 juin à au 5 août, 7 jeunes sont décédés dans des plages interdites à la baignade et rocheuses, notamment, au niveau du lieu-dit la plage des falaises à Melbou. 8 autres personnes ont perdu la vie en défiant une mer démontée, signalées par un fanion rouge ou orange. « Les autres, ont été repêchés au niveau des plages autorisées, mais en dehors des heures de surveillance, à savoir, entre 9h et 19h », précise-t-on. 

Car afin de profiter au maximum de la journée de baignade, des estivants prolongent leurs sorties jusqu’à tard dans la nuit. D’autres, principalement des jeunes entre 16 ans et 25 ans, arrivent à bords des motos et s’installent sur la plage ou passent la nuit sur les trottoirs à l’insu de leurs parents. « Combien de parents ont été surpris de savoir que leur enfant est décédé en mer, alors qu’ils le croyaient sorti près de chez eux », regrette un surveillant de plage, qui appelle les parents à surveiller les déplacements de leurs progénitures. Sur cet aspect, la responsabilité des parents est effectivement engagée. 

Car le plus jeune des victimes n’a que 13 ans. Les plongeurs de la PC ont repêché durant la même période 15 noyés âgés entre 13 ans et 19 ans, 4 entre 21 ans et 30 ans et un homme d’un certain âge, dont le décès a été déclaré à l’hôpital, suite à un malaise après être sorti de l’eau. 

Les dernières victimes ont été enregistrées durant le week-end dernier. Ce sont 3 adolescents, venus avec leurs parents de Bordj Bou Arréridj et de Sétif, et dont l’âge ne dépasse pas 17 ans. 

Les défunts se sont aventurés dans l’eau dans une plage rocheuse interdite à la baignade, de surcroît, dans une mer agitée à Melbou. Issues des villes de l’intérieur du pays, les victimes, en plus de l’aventurisme, ont également en commun l’ignorance des dangers de la mer, des consignes de sécurité et de la natation. 

Car la plupart ont fui la monotonie estivale des villes de l’intérieur comme Sétif (9 morts), Bordj Bou Arréridj (2), Oum El Bouagui (1), M’sila (2), Bouira (1), Alger (1) et Béjaïa 2 décès venant du sud de la wilaya. Cependant, le bilan aurait pu être plus lourd durant ces cinq premières semaines de la saison estivale. Selon le bilan de la Protection civile de Béjaïa, les éléments de la PC ont sauvé d’une mort certaine pas moins de 1444 baigneurs en plus de 85 personnes en difficulté, sauvées à bords de leurs embarcations. Intervenant 3658 fois à travers les 35 plages surveillées pour divers urgences, les pompiers ont évacué 131 estivants vers les centres de santé de proximité et prodigué sur place des soins à 2001 autres.
 

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