«L’accélération de l’inflation des trois dernières années a suivi une période inédite de perturbation de l’économie mondiale, mais elle offre tout de même d’importants enseignements aux banques centrales», a déclaré le Fonds monétaire international (FMI) cette semaine, soit quelques jours avant les assemblées annuelles du FMI et du Groupe de la Banque mondiale à Washington.
Selon les Fonds, les confinements liés à la pandémie ont d’abord «fait basculer la demande des services vers les biens». Sauf que tout cela, a-t-il fait remarquer, est intervenu alors que des «mesures de relance budgétaire et monétaire sans précédent ont stimulé la demande». Résultat : de nombreuses entreprises n’ont pas pu augmenter leur production assez rapidement, ce qui a entraîné des «asymétries entre l’offre et la demande» ainsi qu’une hausse des prix dans certains secteurs.
Citant les ports comme exemple, l’on affirme que ces derniers ont atteint ou dépassé leur capacité maximale, en partie en raison des pénuries de personnel liées à la pandémie, de sorte que lorsque la demande de marchandises a augmenté, cela a entraîné des «commandes en souffrance».
Ensuite, «une fois que les économies ont rouvert, la demande de services a rebondi et l’invasion de l’Ukraine par la Russie a fait grimper les prix des matières premières, poussant l’inflation mondiale à son plus haut niveau depuis les années 1970». Le FMI dit se pencher sur cet aspect inédit du phénomène de l’inflation et compte en tirer des «enseignements» pour la politique monétaire.
Cet épisode devrait figurer dans la prochaine édition des perspectives de l’économie mondiale devant intervenir durant les assemblées annuelles cette semaine. «Pour comprendre la récente poussée inflationniste mondiale, analyse-t-il, nous devons aller au-delà des agrégats macroéconomiques traditionnels. Notre modélisation montre comment les flambées de l’inflation dans des secteurs particuliers se sont intégrées à l’inflation sous-jacente, un indicateur moins volatil qui exclut l’alimentation et l’énergie. Notre analyse met l’accent sur l’interaction entre l’envolée de la demande, d’une part, et les goulets d’étranglement et chocs sectoriels, d’autre part».
Le FMI relève que «ceux-ci ont entraîné des variations considérables des prix relatifs, avec pour corollaire une dispersion inhabituelle des prix». Décortiquant ce phénomène, le FMI retient que les cadres de politique monétaire des banques centrales devraient déterminer les conditions dans lesquelles «un resserrement anticipé» est approprié. «Cela nécessite, a-t-on expliqué, des modèles améliorés et de meilleures données sectorielles pour évaluer les forces inflationnistes sous-jacentes, améliorer les prévisions et guider le peaufinage des réponses.»
Selon la même source, plusieurs banques centrales prévoient de revoir leur cadre de politique monétaire au cours des prochains mois. Ces examens offrent l’occasion d’incorporer des clauses dérogatoires bien définies dans leur cadre de politique monétaire pour faire face aux pressions inflationnistes lorsque les courbes de Phillips agrégées s’accentuent.
Les orientations prospectives devraient intégrer ces clauses dérogatoires et favoriser un resserrement monétaire anticipé dans de telles situations. Il s’agit d’introduire une «souplesse accrue» afin de permettre aux banques centrales d’être mieux préparées.