Inflation en Algérie : «Les facteurs nationaux jouent un rôle plus important…»

29/10/2023 mis à jour: 04:59
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La décision du Président Tebboune de revoir à la baisse le taux de la TVA devrait permettre d’améliorer le pouvoir d’achat / photo : H. lyès

L’inflation a atteint 9,7% sur les huit premiers mois de 2023, celle des produits alimentaires atteignant 14,0%. Après des années d’inflation relativement modérée, l’indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 7,2% en 2021, puis 9,3% en 2022. 

Au cours des 8 premiers mois de l’année 2023, l’inflation s’est accélérée à 9,7%, celle des produits agricoles frais étant considérablement plus élevée (24,1%), probablement en partie à cause de l’effet de la faible pluviométrie sur la production agricole, avec un impact disproportionné sur les ménages à faible revenu. 
 

Tel est le constat de la Banque mondiale dans son dernier rapport de suivi de la situation économique en Algérie rendu public le 26 octobre. Il apparaît ainsi que la donne n’a pas vraiment changé depuis l’apparition de ce phénomène à l’échelle mondiale, dans le sillage de la crise de la pandémie. Les produits agricoles frais restent donc le facteur majeur dans le maintien du niveau élevé de l’inflation en Algérie. 

Dans le même temps, analyse la BM, la contribution des produits agro-industriels à l’inflation est tombée de 41,0% au deuxième trimestre 2022 à 10,8% au deuxième trimestre 2023 et celle des produits manufacturés est restée stable, les autorités ayant interdit les importations privées de céréales et de légumineuses, soutenu une appréciation du taux de change et tandis que l’augmentation des prix des produits alimentaires et manufacturés importés ralentissait. Il faut dire que, s’agissant des légumineuses, le phénomène de la pénurie est apparu pour ce produit sur le marché. 

Le gouvernement prévoit de prendre de nouvelles mesures pour ramener au plus bas le niveau d’inflation. Il compte, à la faveur du projet de loi des finances 2024, réduire au maximum la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) notamment des produits alimentaires importés. Serait-ce une mesure complémentaire pour rendre disponibles ces produits qui ont commencé à manquer lourdement sur le marché lorsqu’ils ne sont pas cédés à des prix exorbitants ? La réponse sera connue une fois le projet de loi en question sera présenté à l’APN.
 

Néanmoins, il y a lieu de signaler que ledit rapport de la Banque mondiale fait observer qu’«étant donné que les produits agricoles frais et les services sont plus susceptibles d’être produits localement que les produits agro-industriels et les produits manufacturés, leur plus grande contribution combinée à l’inflation (de 32 à 60% entre le T4-2022 et le T2-2023) suggère que les facteurs nationaux jouent maintenant un rôle plus important dans la dynamique de l’inflation». 

En d’autres termes, la nouveauté réside dans le fait que l’inflation est désormais moins le fait d’une inflation importée que celle produite localement. La BM en veut pour preuve les chiffres de l’ONS dont elle affirme que «seuls 13,4% des produits frais et 2,1% des services sont importés, contre 29,5% pour les produits alimentaires transformés et 63% pour les produits manufacturés».

Par ailleurs, la Banque décortique la politique monétaire de l’Algérie pour une maîtrise de l’inflation, notamment l’inflation importée. «Après que les autorités aient soutenu l’appréciation du dinar au S2-2022 pour ralentir l’inflation importée, le taux de change s’est stabilisé au S1-2023. Après quatorze années consécutives de dépréciation du taux de change, le dinar s’est apprécié de 6,2% par rapport au dollar américain et de 4,0% par rapport à l’euro au S2-2022, la Banque d’Algérie cherchant à ralentir l’inflation importée», a-t-elle expliqué.

 Et d’ajouter  : «La politique monétaire est restée inchangée depuis l’augmentation du taux de réserves obligatoires en avril 2023, mais la croissance de la masse monétaire a ralenti au T2-2023. En avril 2023, la Banque d’Algérie a rehaussé le taux de réserves obligatoires de 2 à 3%, revenant ainsi au niveau prépandémique, afin de réduire les pressions inflationnistes. Entre-temps, la croissance de la masse monétaire a ralenti, la croissance des dépôts bancaires passant de 19,6% en g.a. au T1-2023 à 10,4% au T2-2023, en raison de la baisse des dépôts d’hydrocarbures et de l’augmentation du taux de réserves obligatoires. 

La croissance du crédit au secteur privé est restée modérée, tandis que la croissance du crédit aux entreprises publiques s’est légèrement accélérée».

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