Alors que la demande de semi-conducteurs est en plein essor dans un contexte de croissance des technologies émergentes, telles que l’intelligence artificielle, des pays et des régions, dont les Etats-Unis et l’UE, souhaitent diversifier leurs chaînes d’approvisionnement en ces produits.
Et le continent africain semble offrir de nombreux avantages pour la fabrication de semi-conducteurs, indique le Forum économique mondial (FEM). «Avec les bonnes politiques et des investissements accrus, les pays africains pourraient jouer un rôle clé dans la diversification future de l’industrie des semi-conducteurs», estime cette organisation internationale. En effet, et alors que l’industrie mondiale des semi-conducteurs connaît une transformation rapide, sous l’effet de la demande croissante, des changements géopolitiques et de la nécessité de chaînes d’approvisionnement plus diversifiées et plus résilientes, les Etats-Unis, l’UE et le Japon cherchent tous activement à diversifier leurs chaînes d’approvisionnement en semi-conducteurs, ce qui signifie que la fabrication de semi-conducteurs se trouve aujourd’hui à un point d’inflexion, indique-t-on.
Traditionnellement cette industrie est concentrée en Asie de l’Est et en Amérique du Nord. Le potentiel de l’Afrique est déterminé par plusieurs facteurs clés, explique le FEM, pour qui, le continent est riche en minéraux critiques essentiels à la production de semi-conducteurs, notamment le cobalt, le tantale et les terres rares.
A l’heure actuelle, souligne-t-on, ces minéraux sont extraits en Afrique, puis généralement raffinés et traités à l’étranger, alors que le développement d’installations locales de semi-conducteurs permettrait aux pays africains de tirer davantage de valeur de leurs ressources naturelles et de stimuler la croissance industrielle.
L’Afrique peut également se targuer d’une main-d’œuvre jeune et en pleine expansion, avec un nombre croissant de diplômés en STIM. Des pays comme l’Afrique du Sud, le Nigeria, l’Egypte et le Kenya investissent dans l’enseignement technique et les pôles d’innovation, créant ainsi un vivier de talents pour l’industrie des semi-conducteurs.
Avec les bons investissements dans la formation et les infrastructures, l’Afrique peut devenir un acteur compétitif dans le secteur de la fabrication avancée, alors que la position stratégique de l’Afrique renforce son attrait pour le commerce mondial, explique-t-on. Et de noter que les récentes perturbations de la chaîne d’approvisionnement causées par les tensions géopolitiques et les catastrophes naturelles ont souligné la nécessité de diversifier l’industrie des semi-conducteurs.
Positionnée entre les principaux marchés d’Europe, du Moyen-Orient et d’Asie, l’Afrique offre un emplacement viable pour la fabrication de semi-conducteurs, réduisant ainsi les vulnérabilités de la chaîne d’approvisionnement mondiale.
Trouver un point d’entrée stratégique pour l’Afrique
Selon le FEM, les capacités croissantes de l’Afrique dans la fabrication de semi-conducteurs, ainsi que dans l’assemblage, les tests et l’emballage (ATP) offrent une opportunité stratégique d’améliorer la diversification de la chaîne d’approvisionnement et de soutenir le progrès technologique mondial. La fabrication de semi-conducteurs (fabrication frontale) est à forte intensité de capital, nécessitant une infrastructure et une expertise avancées. Mais l’ATP – qui englobe les dernières étapes de la production de semi-conducteurs, y compris l’assemblage, l’emballage et les tests des puces avant la distribution aux utilisateurs finaux – représente un point d’entrée plus accessible dans la chaîne d’approvisionnement des semi-conducteurs pour l’Afrique, explique la même source.
Et afin de libérer le potentiel de l’Afrique, le FEM recommande des initiatives politiques et des investissement clés de la part des gouvernements africains.
A ce titre, précise la même source, les installations ATP de semi-conducteurs nécessitent des infrastructures fiables en matière d’énergie, d’eau et de logistique. Les gouvernements africains devraient donner la priorité à la construction de parcs industriels dotés de réseaux électriques stables, d’un accès à l’eau potable et de réseaux de transport efficaces.
Et de préciser que les partenariats public-privé peuvent jouer un rôle crucial dans le financement de ces projets. Par ailleurs, et outre la création d’une main-d’œuvre, les gouvernements africains devraient utiliser des incitations fiscales, des prêts à faible taux d’intérêt et des zones économiques spéciales pour attirer les multinationales des semi-conducteurs.
Des cadres réglementaires clairs et stables renforceront encore la confiance des investisseurs dans l’industrie africaine des semi-conducteurs, en suscitant des engagements à long terme.
La coopération régionale entre les pays africains pourrait améliorer la compétitivité du continent et l’établissement de grappes de semi-conducteurs dans plusieurs pays créerait un écosystème unifié. La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) fournit une base solide pour faciliter le commerce et l’investissement dans ce secteur, a-t-on fait savoir.