La dernière instruction du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, relative à l'interdiction d'importation de marbre prêt à l'emploi, avec l'autorisation de l'importation du marbre brut jusqu'à fin juillet, est «très favorable» au développement de la filière, selon des industriels activant dans la production et la transformation de marbre. «C'est une décision très importante qui permettrait aux opérateurs activant dans la filière d'investir davantage dans la transformation et la production», a estimé Djallal Guitoune, secrétaire général de la Fédération algérienne des minerais, des mines et de l'industrie de la pierre.
Pour ce professionnel de la pierre, l'importation des dalles brutes et semi-finies «tue carrément l’industrie du marbre et pénalise ceux qui ont fait de gros investissements dans la transformation et la fabrication des dalles».
Outre l'encouragement des investisseurs à se lancer davantage dans la transformation et la fabrication de marbre, il a estimé que cette mesure devrait également pousser les investissements dans les carrières pour rechercher la matière première localement, en précisant que la production actuelle de marbre brut est bien en deçà des potentialités existantes. «Contrairement à certains pays exportateurs qui exploitent leurs carrières de marbre depuis des siècles, l'Algérie dispose d'importants gisements sous-exploités et de meilleure qualité», a-t-il fait valoir, en assurant que le développement de la filière devrait permettre au pays de satisfaire le marché local et dégager des excédents pour l'exportation.
Abondant dans le même sens, Abdenour Bahri, responsable marketing de la STE El Hadj Moussa, se dit en faveur de l’interdiction d’importation des plaques de marbre, qu’elles soient finies ou semi-finies. A ses yeux, cette mesure «louable» permettrait d'«impulser la production nationale et encourager les industriels à investir davantage dans l’équipement moderne et la formation». «Ce qui devrait améliorer davantage la production en termes de quantité et de qualité et générer par la même occasion des postes d’emploi», a-t-il soutenu.
Il a déploré, à ce titre, «les pratiques frauduleuses de certains opérateurs peu scrupuleux qui importent les plaques de marbre finies mais non polies, en les faisant passer pour des produits semi-finis». «Ces importateurs ne font que polir le marbre avant de le mettre sur le marché», a-t-il dénoncé, en considérant que «ces pratiques déloyales» pèsent lourdement sur «les vrais» industriels qui, eux, importent la roche pour la transformer en produit fini.
Un avis partagé par Mohamed Yacine, gérant de la Société marbre et Granit Cheurfa. «Je trouve que la mesure d'interdiction d'importation de plaques de marbre finies ou semi-finies est parfaitement favorable aux fabricants et transformateurs de marbre, qui préfèrent l’investissement productif aux opérations commerciales qui n’apportent aucune valeur ajoutée à l’économie nationale», a-t-il jugé. «Cette mesure est louable, d’autant qu’elle vise à protéger la production nationale tout en évitant d’engendrer des pénuries qui risquent de provoquer une flambée des prix sur le marché de la construction et de l’habitat», a-t-il encore souligné.
Pour sa part, Abdelkader Châbani, activant dans la commercialisation du marbre dans la wilaya d’El Oued, a salué les instructions du président de la République pour développer la filière, estimant que les fabricants de marbre devraient relever le défi en présentant des produits répondant aux normes de qualité à des prix concurrentiels, regrettant toutefois que certaines usines de transformation de marbre «travaillent toujours avec des machines obsolètes qui impactent la qualité de leurs produits».
Il a insisté sur la formation de la ressource humaine dans le domaine de la fabrication de plaques de marbre et d’autres produits dérivés de ce matériau noble, suggérant d’introduire cette spécialité dans les programmes de formation professionnelle, notamment au niveau des wilayas réputées pour l’exploitation de carrières de marbre et sa transformation, comme Skikda, Guelma et Tamanrasset.
Intervenant au terme d'un exposé sur la filière marbre, lors du Conseil des ministres qu'il a présidé le 30 avril dernier, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait enjoint au Premier ministre «d'interdire l'importation du marbre prêt à l'emploi et d'autoriser uniquement l'importation du marbre brut jusqu'à fin juillet, sans pour autant que cette mesure n'engendre une pénurie».