Décidée sur instruction du président de la République Abdelmadjid Tebboune, et ce, dans le but de secourir un secteur en grande souffrance, l’opération d’indemnisation des agriculteurs touchés par la sécheresse et leur dotation en semences et engrais à titre gracieux continue de défrayer la chronique.
Dans la wilaya de Bouira, les services agricoles font l'objet d’une enquête minutieuse de la part des services de la gendarmerie nationale, a-t-on précisé de nos sources, révélant un grand trafic et des dépassements notamment dans l’élaboration des listes des bénéficiaires des mesures décidées par l’Etat.
En effet, plusieurs «agriculteurs» et autres personnes portant la carte d’agriculteurs ont bénéficié des quotas considérables de semences et d’engrais.
Dans la région de Ain Bessem, Bordj Okhris et Bouira, les subdivisionnaires mis en cause dans ces affaires scandaleuses auraient été auditionnés par les gendarmes, a-t-on ajouté de même source.
Les enquêteurs ont constaté des infractions et des dépassements flagrants dans l’élaboration des dossiers en vue de bénéficier de l’aide de l’Etat évaluée à des milliards de dinars.
Les listes des bénéficiaires de la semence et des engrais à titre gratuit décidé par le chef de l’Etat établies par les subdivisionnaires et les délégués agricoles sont jugées douteuses. Depuis le début de l’opération, quelque 3700 agriculteurs sur un total de 4800 ont été indemnisés, a-t-on indiqué de la coopérative des céréales et des légumes secs (CCLS), annonçant un taux d’avancement atteignant les 88%.
Les quantités sont calculées sur la base de 1,40 quintal par hectare pour le blé dur, 1,2 pour le blé tendre et 1 quintal pour l’orge. Dans une récente déclaration à la presse, la Directrice des services agricoles (DSA) de la wilaya de Bouira, Mme Tira Adra, avait déclaré que 5300 agriculteurs sont concernés par les mesures de compensations décidées par les autorités centrales du pays.
Elle a également précisé que les listes sont élaborées par les subdivisionnaires. Un chiffre qui a suscité des questionnements et des incompréhensions. «J’ai été injustement écarté de cette opération», a dit en colère un céréaliculteur connu dans la région de Ain Bessem. Dénonçant des malversations dans l’élaboration des listes, notre interlocuteur a avoué qu’il était obligé de recourir au marché noir pour l’achat des quantités de la semence et des engrais.
«Des personnes qui n’ont rien à avoir avec le secteur ont bénéficié de cette mesure», a regretté un autre. Rencontrés jeudi dernier au siège de la direction des services agricoles (DSA), des agriculteurs ne savent plus à quel saint se vouer.
Aucun responsable n’était là pour les recevoir, a-t-on constaté sur place. «Ils sont tous en réunion avec le wali», s’est contenté de répondre un employé. Il faut préciser que le chef de l’exécutif avait reçu plusieurs agriculteurs se plaignant de leur exclusion des quotas de blé dur.
Par ailleurs, une quantité dépassant les 1000 quintaux d’orge impropre à la moisson ont été rejetés par le seul laboratoire régional situé à la ville d’El Harrach à Alger.