L’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a démenti les informations faisant état de l’exclusion «délibérée» des fournisseurs français de blé, suite au dernier appel d’offres.
Réagissant à une information, rapportée notamment par l’agence britannique Reuters, mais aussi par des sites spécialisés français, l’OAIC a indiqué dans un communiqué publié sur sa page Facebook, que «les informations,diffusées par certains médias européens, concernant l’exclusion présumée de certains fournisseurs de la liste restreinte, conformément aux procédures internes de l’OAIC, étaient infondées».
L’OAIC dément ainsi avoir exclu l’origine française de son appel d’offres, pour des «motivations politiques, liées aux récentes tensions diplomatiques entre l’Algérie et la France» comme suggéré par Reuters.
L’OAIC a souligné que «tous les fournisseurs de céréales figurant sur la liste restreinte sont des partenaires stratégiques. Quelle que soit l’origine du produit, ils sont traités équitablement dans toutes les consultations lancées courant 2024».
Concernant la consultation limitée lancée par l’OAIC le 6 octobre 2024, «nous précisons qu’elle était régie par des normes techniques spécifiques, basées sur les besoins industriels spécifiques de l’époque. Nous informons également nos partenaires européens permanents qu’en fonction des besoins du marché national, des consultations régulières seront lancées. Les fournisseurs répondant aux exigences techniques et commerciales seront invités à participer», a ajouté l’OAIC.
Le démenti de l’OAIC intervient dans une conjoncture marquée par un regain de demande sur le blé russe par les plus gros importateurs de blé. C’est ce que révèlent en tout cas, les résultats des appels d’offres lancés ces dernières semaines par plusieurs pays, dont l’Arabie Saoudite, l’Egypte, le Maroc.
La tendance privilégiant l’origine russe a émergé, il y a quelques années et se consolide de plus en plus. «L’Asie et la région Moyen-Orient-Afrique du Nord regardent vers la Russie», a indiqué récemment l’agence Platts, L’Egypte a continué d’être l’un des principaux acheteurs de blé russe, avec 1,4 Mt en septembre. Les acheteurs égyptiens se concentrent ainsi de plus en plus sur les prix russes, considérés comme plus compétitifs par exemple que ceux du blé ukrainien.
L’Arabie Saoudite s’est pour sa part positionnée pour l’achat de 300 000 tonnes de blé pour décembre 2024-janvier 2025. En outre, le Maroc devrait acheter plus de blé russe que français cette saison, selon l’agence Platts.
En Turquie, les meuniers attendent une annonce du ministère sur la reprise des importations après le 15 octobre courant. La Turquie a interdit les importations de blé de juin à mi-octobre pour protéger la production locale. Les acheteurs ont déclaré, selon Platts, qu’ils s’attendaient à ce que l’interdiction soit reportée à la fin de l’année en raison des stocks élevés de blé local. Cependant, la plupart des meuniers ont fait pression pour que l’interdiction soit levée en raison des inquiétudes concernant la qualité du blé national.
Le marché du blé russe est ainsi fortement sollicité, dans un contexte de sécheresse qui s’aggrave et de prévisions de production réduites au sein du premier pays exportateur mondial, ce qui pousse les cours du blé à la hausse. Le ministère de l’Agriculture russe devait réunir, hier, tous les exportateurs du pays pour une réunion d’urgence en vue d’éventuels contrôles ou restrictions à l’export.
La Russie devrait récolter 82,1 millions de tonnes de blé en 2024-2025 et en exporter 47 millions de tonnes.
Plus globalement «la nervosité reste de mise sur le marché du blé avec toujours le triptyque des risques géopolitiques, climatiques et commerciaux», note le site français spécialisé Agritel.