Impacts de la guerre d’Ukraine : Les bons et les mauvais réfugiés

08/03/2022 mis à jour: 18:30
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Les sympathies européennes se manifestent envers les Ukrainiens en fuite. Pendant des décennies, l’accueil des réfugiés noirs ou arabes n’a pas fait le même consensus

Sur les chaînes d’infos en continu en France, à force de faire appel à des commentateurs douteux, on finit par inviter des gens au propos révulsant. 

Il y a peu, les réseaux sociaux ont amplifié une séquence de CNews où le prétendu analyste disait : «Marioupol affamée, sans électricité, c’est un drame terrible. Il y a eu Grozny, Alep, c’est vrai, et c’est terrible. 

Sauf que là, on est en Europe, et on ne peut pas imaginer que cet Etat-nation puisse périr comme ce qui s’est produit dans ces terres à majorité musulmanes.» Le lendemain, la candidate à la présidentielle du Rassemblement national, sur la même chaîne, affirmait, entre autres, que les réfugiés «ukrainiens sont proches de nous, ils sont Européens».

Le site infomigrants.net note d’autres propos inconvenants : «Ce n’est pas un endroit, avec tout le respect que je vous dois, comme l’Irak ou l’Afghanistan… Où le conflit fait rage depuis des décennies…», bredouille le journaliste américain, Charlie D’Agata, correspondant à l’étranger pour la chaîne CBS. 

«C’est un pays relativement civilisé… Un pays relativement européen… Je choisis mes mots avec prudence», continue-t-il mal à l’aise. «Un pays où vous ne vous attendez pas à voir ce qu’il se passe actuellement.»

«DES YEUX BLEUS ET DES CHEVEUX BLONDS»

Ou encore, «l’impensable est arrivé… Et nous ne sommes pas dans un pays du Tiers-Monde mais en Europe», affirme un chroniqueur sur une chaîne de télévision italienne. 
«C’est assez dur pour moi, parce que j’ai vu des personnes européennes, avec des yeux bleus et des cheveux blonds, et aussi des enfants tués chaque jour à cause des missiles de Poutine», a, de son côté, déclaré le député géorgien et ukrainien David Sakvarelidze sur la BBC.

Un spécialiste note aussi l’évolution de la terminologie. Lorsque les Américains ont quitté l’Afghanistan, les médias occidentaux parlaient de migrants pour qualifier ceux qui fuyaient les talibans. Aujourd’hui, le terme utilisé est «réfugiés». Ce n’est pas neutre, car «le terme réfugié désigne, selon la Convention de Genève, des individus qui fuient les conflits armés ou les persécutions. Comme en Ukraine mais aussi en Afghanistan.» 

«Volontairement ou non, cette confusion fait écho / participe / découle de discours politiques qui ont fait clairement la distinction entre ces populations», signale sur Infomigrants le sociologue Jérémie Moualek.

DÉLIT D’ORIGINE A LA SNCF ?

Alors que les officiels veulent croire qu’il n’y a pas de ségrégation, la SNCF a décidé d’offrir la gratuité des transports pour les réfugiés ukrainiens dans les trains français. Jusque- là, les «clandestins» sans papiers et sans titre de transport étaient évacués des trains à la plus proche gare après contrôle. 

Le syndicat CGT de la SNCF prend au mot sa direction et souhaite ouvrir la mesure à tous les réfugiés. Dans une lettre au PDG, la CGT estime qu’il ne serait pas normal que «la couleur de peau, l’origine ou la religion réelle ou supposée amènent l’entreprise à sélectionner les bons et les mauvais réfugiés». 

Pour appuyer sur une décision jugée impossible à réaliser, le syndicat considère que les agents de la SNCF .

Paris
De notre bureau  W. Mebarek

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