Affichant autrefois une dynamique et une alternative réelle au créneau des véhicules neufs, le marché automobile d'occasion en Algérie a perdu, ces derniers temps, son rôle principal qui consiste à offrir une panoplie de choix et des prix accessibles à toutes les bourses.
Alors que le marché des véhicules d'occasion a connu un relâchement et une baisse des prix pendant une période de 2023, voilà qu'il revient en force cette année en raison de l'indisponibilité des véhicules neufs. Une hausse qui risque de durer, selon des professionnels du secteur et des associations de consommateurs.
Ce créneau, censé être un véritable baromètre de la tendance des prix de véhicules, connaît à la fois une flambée surprenante et inattendue.
Ce qui suffit, à lui seul, de constituer une pierre d'achoppement au secteur de l'automobile, déjà impacté par le gel de l'importation de véhicules neufs. Force est de dire que les marchés d'occasion du pays connaissent ces derniers mois toutes les peines du monde à convaincre les acheteurs et les vendeurs. La demande semble forte, mais les prix actuels ont fait beaucoup de déçus, ce qui est dû en partie à un réseau de revendeurs de voitures qui dictent leur loi, impactant de plein fouet le marché de l'automobile.
Une virée au marché de véhicules d'occasion de Tidjellabine nous a permis, durant le week-end dernier, de constater cet état de fait. Rabah, originaire de Constantine, s'est rendu aux premières heures de la matinée à ce marché, dit de «référence» dans le pays avec ses 14 ha de superficie, dans l'espoir d'acquérir une petite voiture, mais s'est dit déçu des prix. «Je suis venu aujourd'hui avec l’objectif d'acheter une voiture, mais je repars bredouille. Les prix sont excessivement élevés», explique-t-il désarçonné.
Dans la plupart des cas, le négoce sur ces véhicules anciens ayant déjà circulé durant des années relève du vrai parcours du combattant. Sur les sites spécialisés dans la vente des véhicules d'occasion ainsi que sur les réseaux sociaux, les offres se multiplient et les vendeurs ont pris d'assaut ces plateformes.
A titre d’exemple, un modèle très demandé d’une marque coréenne (Huyndai Accent) immatriculé en 2019 affiche le prix de 2.300.000 DA au marché d’occasion, alors qu’il était disponible chez les concessionnaires au prix de 2.130.000 DA durant l'époque de sa commercialisation, soit une hausse de plus de 6%. Ce qui est considéré unanimement par les acheteurs «d’illogique».
L'importation de véhicules neufs pour l'année 2024 renvoyée aux calendes grecques risque de compromettre davantage le marché des véhicules et signerait un retour à la case départ. En attendant, le marché d'occasion, qui ne dévoile pas tous ses secrets, prospère toujours en faveur des vendeurs.
Par Aziz Kharoum
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