Les zones frontalières représentent plus d’un tiers (39%) du vaste territoire algérien et elles ne sont occupées que par 2% de la population.
Après les zones d’ombre, le gouvernement semble mettre le paquet sur les régions frontalières. Un «plan d’actions global» pour le développement de toute la bande frontalière est en cours d’élaboration, a annoncé, à partir de Tébessa, Madjid Saâda, directeur général de l’aménagement du territoire au ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire.
Il s’agit donc pour le gouvernement de désenclaver ces régions à travers des projets structurants créateurs de dynamiques économiques et commerciales, qui seront bénéfiques à la fois aux populations et aux collectivités locales. Le plan en question s’inspire visiblement du nouveau Schéma national d’aménagement du territoire (Snat), qui accorde une grande importance aux zones frontalières.
Pour les besoins de son élaboration, le ministère de l’Intérieur s’échine à faire un diagnostic approfondi de la situation des régions frontalières avant de définir les actions prioritaires à mener en termes d’aménagement et de développement, en tenant compte des besoins particuliers et des spécificités de chaque zone.
Le gouvernement vise par ce plan d’actions l’amélioration des conditions de vie des citoyens vivant dans ces zones frontalières, dans le but de juguler le phénomène de l’exode et d’amorcer une dynamique de repeuplement de ces territoires, qui sont d’une portée stratégique pour le pays, aussi bien sur le plan économique que sécuritaire.
«Le défi actuel consiste à susciter une dynamique de développement qui améliore l’attractivité des régions frontalières, à encourager les initiatives économiques transfrontalières et à désenclaver», a relevé le même responsable dans une déclaration à la presse.
Le directeur des études à l’Agence nationale à l’aménagement et à l’attractivité des territoires (ANAAT), Ali Bensedik, abonde dans le même sens en soulignant, dans une déclaration reprise par l’APS, que «l’objectif de ce plan est de proposer à court terme des projets structurants à concrétiser avec une priorité absolue pour les régions frontalières, en prenant en considération les disparités en termes de potentialités et de ressources».
Le gouvernement entend également lutter, à travers ce plan d’actions, contre l’économie informelle et les échanges commerciaux transfrontaliers illégaux. «Le Schéma national d’aménagement du territoire accorde une importance capitale à ces espaces qu’il faut repeupler. Ces espaces ont bénéficié d’une aide de l’Etat dans le cadre du soutien aux zones d’ombre pour le développement social. Mais il y aura bientôt un nouveau programme de développement économique de ces espaces», avait déjà affirmé M. Saâda en mai dernier, lors de son passage dans l’émission «L’invité de la rédaction» de la Chaîne 3 de la Radio algérienne.
Défi sécuritaire
Le défi est immense quand on sait que ces zones frontalières représentent plus d’un tiers (39%) du vaste territoire algérien, et qu’elles ne sont occupées que par 2% de la population; qui s’élève à près de 45 millions d’habitants.
Aussi, ces territoires, qui se trouvent sur une ligne frontalière de 6385 kilomètres de frontières terrestres que l’Algérie partage avec 7 pays (Tunisie, Libye, Niger, Mali, Mauritanie, Sahara occidental et Maroc), constituent un véritable casse-tête sécuritaire à cause, notamment, de l’instabilité accrue que connaissent certains pays frontaliers.
L’insécurité grandissante dans la région sahélo-saharienne, depuis la déstabilisation de la Libye en 2011, est devenue une source d’inquiétude et de préoccupation pour le gouvernement, en ce sens que les menaces à nos frontières, et plus particulièrement sur le flanc est et sud, n’ont jamais été aussi grandes. Ainsi, le renforcement du dispositif sécuritaire avec la consolidation des positions des forces armées dans certaines zones abritant des sites névralgiques ne suffit pas à lui seul pour garantir une sécurité optimale du territoire national.
La nature des menaces sécuritaires à nos frontières exige aujourd’hui d’autres actions d’ordre économique afin de mettre les populations de ces régions à l’abri du besoin et créer les conditions permettant leur sédentarisation. D’ailleurs, l’Algérie a toujours adopté une approche sécuritaire globale, même dans sa lutte contre le terrorisme au Sahel.
C’est dans cette logique qu’elle finance des projets structurants dans les pays de la région, à travers l’Agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement, dotée récemment d’un milliard de dollars.