Il sera l'envoyé personnel de Guterres pour le Soudan : Lamamra reprend du service à l'ONU

19/11/2023 mis à jour: 00:08
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Ramtane Lamamra fait son come-back. Ce diplomate aux compétences connues et reconnues reprend du service, au sein de l’Organisation des Nations unies (ONU), et ce, huit mois après avoir quitté ses fonctions en tant que chef de la diplomatie algérienne à la faveur d’un remaniement ministériel.

 Considéré comme un «spécialiste des conflits» et un «fin connaisseur» de l’Afrique, Ramtane Lamamra est désormais l’envoyé personnel d’António Guterres pour le Soudan.

 Sa nomination à ce poste a été annoncée par Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, lors d’un point de presse animé le vendredi 17 novembre au siège de l’organisation à New York.  Attendu en 2020, à Tripoli, pour succéder à Ghassan Salamé à la tête de la mission spéciale des Nations unies en Libye, c’est finalement à Khartoum qu’il atterrit pour tenter de faire taire les armes et de faire valoir le dialogue dans un pays plongé dans une nouvelle guerre civile depuis sept mois. Bien évidemment, la mission de Lamamra est loin d’être une sinécure. 

Elle intervient à un moment critique où le gouvernement du Soudan décide de mettre fin «avec effet immédiat» à la Mission intégrée des Nations unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS). Une mission politique spéciale qui a été créée par le Conseil de sécurité, conformément à la résolution 2524 de juin 2020. Son mandat actuel prend fin le 3 décembre prochain. 

Le gouvernement soudanais s’engage, certes, à collaborer de manière «constructive» avec le Conseil de sécurité et le secrétariat de l’ONU sur une «nouvelle formule appropriée et convenue». Mais la violence des affrontements est telle que Ramtane Lamamra aura fort à faire pour ramener à la table des négociations les deux belligérants, le général Abdel Fattah Al Bourhane qui dirige le gouvernement dont dépendent les Forces armées soudanaises (SAF), et le général Mohammed Hamdane Daglo, dit «Hemetti», qui commande les Forces de soutien rapides (FSR). 

Depuis le début de ce conflit, le 15 avril dernier, le Soudan est confronté à une crise humanitaire qualifiée d’ «inimaginable» par l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR). En tout, 7,1 millions de Soudanais ont été contraints de fuir les zones de conflits. 4,5 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays, alors que 1,2 million ont fui vers les pays voisins, comme le Tchad, l’Egypte, le Soudan du Sud, l’Ethiopie et la République centrafricaine. L’écrasante majorité des réfugiés sont des femmes et des enfants. 

Les Nations unies ont alerté, en octobre dernier, sur «les conséquences d’une extension du conflit pour la production alimentaire au Soudan, notamment dans le grenier à blé du pays, l’Etat de Jazirah, qui aurait de graves conséquences sur la sécurité alimentaire». Le plan onusien de réponse humanitaire a besoin de «2,6 milliards de dollars pour aider 18 millions de personnes jusqu’à la fin de l’année». 

Interlocuteur crédible

Cette situation risque de s’aggraver, en raison du refus des deux parties de tout arrêt des combats qui font rage, particulièrement à Khartoum et au Darfour. Ramtane Lamamra doit donc tout faire pour réussir là où son prédécesseur, l’Allemand Volker Perthes, a échoué, à savoir s’imposer en tant qu'interlocuteur viable et médiateur crédible auprès des deux parties en conflit. Volker Perthes a été contraint de démissionner, en septembre dernier, après avoir été déclaré «persona non grata» par les autorités soudanaises. 

Diplomate de métier, jouissant d’une longue expérience sur le terrain des conflits en Afrique, M. Lamamra aura certainement plus d’un tour dans son sac pour éviter de tomber dans les mêmes travers que son prédécesseur et trouver une issue à cette crise qui risque de provoquer une nouvelle partition du Soudan. 

Agé de 71 ans, cet enfant d’Amizour, dans la wilaya de Béjaïa, a bien montré de bonnes aptitudes à négocier en participant grandement à la médiation dans la crise entre le Mali et le Burkina Faso en 1985. Il a également fait partie de la médiation africaine (1987) dans le différend frontalier entre le Tchad et la Libye. 

Nommé envoyé spécial de l’Union africaine de 2003 à 2007, Ramtane Lamamra a su faire jouer son entregent pour contribuer au règlement de la deuxième guerre civile au Liberia. Ses qualités avérées dans la gestion des conflits l’ont ensuite propulsé au poste de commissaire pour la paix et la sécurité de l’Union africaine. 

Un poste qu’il a occupé de 2008 à 2013. Après avoir dirigé la diplomatie algérienne de 2013 à 2017, Ramtane Lamamra a rejoint l’ONU, en septembre 2017, en tant que membre du Haut-Comité consultatif chargé de la médiation internationale.

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