La procédure d'appel d'offres était «très concurrentielle» et a abouti à une transaction «conforme aux exigences de moindre coût», a assuré la FDIC.
Les autorités américaines ont pris hier le contrôle de la banque régionale First Republic et en ont revendu la grande majorité à JPMorgan Chase, actant ainsi la deuxième plus grosse faillite de l'histoire des Etats-Unis et espérant mettre un terme à la crise bancaire qui a émergé en mars. L'établissement était sous forte pression depuis les défaillances rapprochées de deux établissements au profil similaire, Silicon Valley Bank et Signature.
Mais First Republic Bank n'est pas parvenue à trouver un plan de sauvetage satisfaisant et quand elle a confirmé hier que de nombreux clients avaient retiré plus de 100 milliards de dollars de dépôts au premier trimestre, son action, déjà mal en point, a piqué du nez.
Les autorités, qui semblaient réticentes à venir à la rescousse d'une troisième banque en peu de temps, sont finalement montées au créneau, sollicitant les offres d'établissements financiers, avant de saisir officiellement First Republic.
Il s'agit de la deuxième plus grosse faillite bancaire de l'histoire des Etats-Unis après celle de Washington Mutual en 2008. Les actifs de cette dernière avaient, eux aussi, été en grande partie acquis par JPMorgan qui, sous la houlette de son patron, Jamie Dimon, a plusieurs fois secouru des établissements en difficulté.
Selon l'accord noué hier, la plus grosse banque du pays va récupérer tous les dépôts de First Republic ainsi que presque tous ses actifs, tandis que ses agences devaient rouvrir hier selon les modalités habituelles. «Notre gouvernement nous a invités, ainsi que d'autres, à intervenir, et nous l'avons fait», a déclaré Jamie Dimon dans un communiqué. L'opération permet, selon lui, de «minimiser les coûts» pour le fonds d'assurance-dépôts.
L'opération implique en effet que les prêts de First Republic Bank doivent être réévalués à la baisse et l'agence en charge de garantir les dépôts, la FDIC, a accepté d'assumer une partie de ces pertes : elle estime que l'opération va lui coûter environ 13 milliards de dollars, une somme qui proviendra des cotisations versées par les banques. Elle prévoit aussi que JPMorgan verse 10,6 milliards de dollars à la FDIC.
Stabiliser le système
La procédure d'appel d'offres était «très concurrentielle» et a abouti à une transaction «conforme aux exigences de moindre coût», a assuré la FDIC. Le ministère de l'Economie s'est dit «encouragé» par la solution trouvée et, dans un communiqué, assure que le système bancaire américain reste «sain et résilient». Jamie Dimon a estimé, de son côté, que l'opération «va aider à stabiliser le système».
Les autorités et d'autres grandes banques étaient intervenues en mars pour éviter que First Republic ne connaisse le même sort que SVB et Signature, onze établissements financiers acceptant notamment d'y déposer au total 30 milliards de dollars, qui seront remboursés une fois la transaction finalisée.
Mais cela n'a pas suffi à rassurer. First Republic Bank, fondée en 1985 et basée à San Francisco, ne valait plus vendredi à la clôture que 654 millions de dollars en Bourse, contre plus de 20 milliards en début d'année. Elle pouvait sembler attractive : elle était connue pour avoir une clientèle aisée, déposant des sommes importantes sur les comptes et remboursant bien les prêts. Mais nombre de ses clients ont pris peur après les faillites de SVB et Signature.
Et elle avait dans ses comptes nombre de prêts immobiliers et d'investissements à taux fixes, qui ont perdu mécaniquement de la valeur avec la récente hausse des taux d'intérêt. Les observateurs étaient inquiets d'un risque de contagion après les défaillances de mars, qui ont aussi créé des remous outre-Atlantique et accéléré la chute de Credit Suisse.
Mais ces craintes se sont un peu apaisées après la publication ces deux dernières semaines par plusieurs banques de petite et moyenne taille de bilans financiers tenant la route. «First Republic était identifiée comme une banque à problème dès mi-mars et l'annonce de sa fermeture ne constitue pas une nouvelle raison de s'inquiéter», avait estimé Nicolas Veron, économiste pour les centres de réflexion PIIE et Bruegel, avant l'officialisation de la faillite. L'action de JPMorgan grimpait de 5% dans les échanges électroniques à Wall Street.
Celle de First Republic chutait de 35%. «Nous ne cherchions pas cet accord mais il présente des avantages financiers et nous permet de nous renforcer sur le marché», notamment dans la gestion de patrimoine, a souligné hier le directeur financier de JPMorgan, Jeremy Barnum.