La fièvre de la guerre russo-ukrainienne est montée d’un cran hier à la faveur de déclarations tonitruantes de Vladimir Poutine.
Dans des révélations inattendues mais percutantes, le président russe a fait des révélations expresses sur sa volonté de doter l’armée russe de toutes les forces de feu pour faire face à ce qu’il appelle la collusion ukraino-occidentale. Le président russe a affirmé que son pays allait continuer à développer son potentiel militaire, y compris la «préparation au combat» de ses forces nucléaires, en plein conflit en Ukraine et en crise avec les Occidentaux. «Les forces armées et les capacités de combat de nos forces armées augmentent constamment et chaque jour. Et ce processus, bien sûr, nous allons le développer», a déclaré M. Poutine lors d›une réunion avec des hauts gradés de l›armée. «Nous continuerons à maintenir et à améliorer la préparation au combat de notre triade nucléaire», a-t-il ajouté. C’est la première fois que celui-ci parle de mettre en branle sa force de frappe nucléaire. Il a par exemple annoncé l’entrée en service début janvier des nouveaux missiles hypersoniques russes de croisière Zircon, qui appartiennent à la nouvelle famille d’armements développés ces dernières années par Moscou. Le chef du Kremlin s’exprimait devant un parterre d’officiers supérieurs, lors d’une réunion censée fixer les objectifs de l’armée russe pour l’année 2023, alors qu’elle est pleinement engagée en Ukraine. C’est dire combien les autorités civiles et militaires russes comptent prendre l’initiative sur le terrain en vue d’éventuelles futures négociations. L’une des «priorités» sera d›ailleurs de «continuer à mener l'opération spéciale (en Ukraine) jusqu›à ce que ses tâches aient toutes été remplies», a déclaré le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou. Ce dernier a aussi affirmé que Moscou allait déployer des bases navales pour «les navires de soutien, les services de secours d’urgence et les unités de réparation navale» dans les deux villes ukrainiennes occupées de Berdiansk et de Marioupol. M. Choïgou a également assuré qu’en Ukraine «les militaires russes s’opposent aux forces combinées de l’Occident». «La présence croissante de l’Occident à nos frontières et celles du Bélarus, et la volonté de l’Occident de prolonger au maximum les opérations militaires en Ukraine afin d’affaiblir notre pays suscitent une inquiétude particulière», a-t-il ajouté. Sergueï Choïgou a jugé nécessaire d’augmenter les effectifs de l’armée russe à 1,5 million de militaires, d’augmenter l’âge limite du service militaire et de créer deux nouvelles entités administratives militaires dans le nord-ouest de la Russie. Vladimir Poutine a assuré que ces évolutions allaient être menées «sans dommages» pour la société et l’économie russes. M. Poutine a par ailleurs rendu brièvement hommage aux soldats russes tombés pendant l’offensive. «Evidemment, les opérations militaires sont toujours associées à des tragédies et à des pertes humaines. Mais comme c’est inévitable, il vaut mieux aujourd’hui que demain», a-t-il affirmé. Il a aussi affirmé que le conflit en Ukraine était une «tragédie commune», mais la Russie n’est pas fautive, a ajouté M. Poutine. Il a aussi assuré que Moscou n’avait aucun problème pour financer sa campagne militaire, malgré les sanctions occidentales. «Nous n’avons aucune limitation de financement. Le pays et le gouvernement donnent tout ce que l’armée demande. Vraiment tout !» a dit le dirigeant russe, qui a décrété en septembre une mobilisation militaire. Il a rappelé que 300 000 Russes avaient été mobilisés depuis cette date et que, parmi eux, «une partie» était déjà au combat. «150 000 mobilisés sont en cours de formation sur des bases militaires. C’est une réserve suffisante pour mener des opérations, une réserve stratégique qui n›est pas utilisée dans les opérations militaires», a-t-il affirmé. C’est à croire que l’intensité du conflit va être revue à la hausse en 2023 par une occupation irréversible des territoires russes et une militarisation (casernes et bases navales) du croissant ukrainien investi par les forces russes depuis le début de la guerre.