Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a nommé, jeudi, Ahmed Attaf, 69 ans, ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, en remplacement de Ramtane Lamamra.
Diplomate de carrière, Ahmed Attaf revient aux affaires 24 ans après, et est de retour au plateau des Anassers, siège du ministère des Affaires étrangères. Un département qui ne lui est pas inconnu puisqu’il a été chef de la diplomatie, du temps de l’ancien président Liamine Zeroual, de janvier 1996 jusqu’à 1999, en pleine crise sécuritaire.
Il succède à Ramtane Lamamra, 71 ans, en poste depuis juin 2021 après un premier passage à la tête de la diplomatie algérienne entre 2013 et 2017, puis entre mars et avril 2019, sous la présidence de Abdelaziz Bouteflika. Enarque de formation, le nouveau ministre des Affaires étrangères, né le 10 juillet 1953 à Aïn Defla, avait déjà occupé le poste de secrétaire d’Etat au ministère des Affaires étrangères, chargé des Affaires africaines et maghrébines, après avoir été ambassadeur d’Algérie en Inde, en Yougoslavie et au Royaume-Uni.
Ahmed Attaf, membre fondateur du Rassemblement nationale démocratique (RND) dont il est exclu en 2014, après avoir rallié le parti Talaie El Hourriet (l’Avant-garde des libertés) de l’ex-chef de gouvernement Ali Benflis, avait clairement affiché son opposition au 4e mandat de Bouteflika. Il en résulte, par la suite, une longue période de retrait de la vie politique durant laquelle il s’est consacré à ses étudiants de l’Ecole des sciences politiques et des relations internationales, à Alger. Le nouveau ministre des Affaires étrangères ne devrait pas rencontrer de difficultés à l’entame de sa nouvelle mission, laquelle consiste surtout à approfondir l’effort de redéploiement de la diplomatie algérienne sur la scène internationale.
Renforcement des liens avec l’Afrique
Son prédécesseur, qui a eu le mérite de remettre la diplomatie algérienne en «ordre de bataille», dans un contexte international très instable, lui laissera néanmoins des dossiers chauds sur le bureau. A commencer par le dossier Mali, la crise libyenne, le dossier sahraoui, la crise avec le Maroc – relations diplomatiques rompues en août 2021 –, mais surtout la question des relations chancelantes avec l’Espagne et ses impacts sur les liens entre l’Union européenne (UE) et l’Algérie. Le renforcement des liens avec l’Afrique et le redéploiement de la diplomatie économique devraient également figurer sur l’agenda d’Ahmed Attaf.
Outre le fait de maîtriser les questions diplomatiques, Attaf est un fin connaisseur des questions économiques à l’international. Entre 1979 et 1983, il était en charge des questions économiques auprès de la mission diplomatique de l’Algérie aux Nations unies, à New York. Imprégné de la réalité des économies africaines, des atouts et avantages comparatifs dont disposent les entreprises algériennes, énergétiques notamment, le chef de la diplomatie s’était déjà exprimé, par le passé, sur la nécessité de pénétrer, efficacement, le marché africain.
«C’est toujours par temps de crise que l’Algérie redécouvre l’Afrique», déclarait-il en 2017, sur le plateau de Radio M. Entre-temps, le nouveau ministre des Affaires étrangères aura fort à faire pour préparer les déplacements annoncés du président Tebboune à Paris et Moscou, au cours du mois de mai prochain.