Des études ont montré que ce secteur est le premier consommateur d’énergie en Algérie, avec un taux de 46% de la consommation totale du pays.
Le secteur du bâtiment en Algérie ne cesse d’évoluer, consommant énormément d’énergie. C’est pourquoi la question de la maîtrise de l’énergie est devenue un enjeu crucial pour l’avenir du pays.
Ce thème important a été débattu, hier, lors d’une journée technique animée par l’Agence nationale pour la promotion et la rationalisation de l’utilisation de l’énergie (Aprue) à l’hôtel Marriott de Constantine, en marge du Salon international des constructions modernes et des nouvelles technologies Builtec.
Lors de son intervention, la chercheuse au Centre national d’études et de recherches intégrées au bâtiment (Cnerib), Amel Limama, a souligné que le secteur du bâtiment est le premier consommateur d’énergie, avec un taux de 46% de la consommation totale du pays. Elle a qualifié la situation d’«alarmante» et nécessite des «stratégies adéquates» pour faire face à ce problème.
Cette hausse de consommation a été également évoquée par Fairouz Ramli, représentante de l’Aprue, qui a axé sa communication sur le programme national de la maîtrise de l’énergie, tout en présentant les projets phares de l’agence dans ce domaine, tels les accompagnements des universités et des industriels ainsi que la formation des étudiants et des professionnels.
Elle a indiqué que la croissance de la consommation de l’énergie est de 8% dans le secteur résidentiel, expliquant que cette importante consommation est due également à l’évolution du mode de vie de l’Algérien, où toutes les familles veulent avoir des micro-ondes, des équipements électriques et de postes de télévision.
Même les écoles, les administrations et les mosquées sont classées comme des bâtiments énergivores. Malheureusement, la question de l’efficacité énergétique n’est pas prise en considération dans la conception des bâtiments (isolation).
C’est pourquoi l’intervenante a appelé à revoir la conception et s’interroger sur le besoin dans une habitation, qui n’est autre que le confort qu’on doit avoir en passant par l’économie de l’énergie. Cela, sans oublier l’esprit de la précipitation dans le lancement des projets, qui échappe souvent à cette notion d’économie.
«Si on dit que nos constructions consomment beaucoup d’énergie, c’est parce qu’il y a la question d’urgence. Vu que la croissance démographique en Algérie est très rapide, systématiquement on doit héberger pour répondre aux besoins», a-t-elle déclaré.
Former des éco-citoyens
Y a-t-il un manque de conscience écologique ? En réponse, Fairouz Ramli a appelé à former des éco-citoyens, faisant de l’économie de l’énergie un mode de vie, avec le renforcement de la sensibilisation dans les écoles, les universités et autres. «On a remarqué lors du Salon des gens qui veulent devenir des éco-citoyens par l’intégration des mesures d’efficacité dans leur propre bâtiment, qui est le but du programme national de l’Aprue.
D’ailleurs, quand nous lançons des programmes de subventions pour les bâtiments, soit l’isolation thermique des murs, le double vitrage ou l’intégration de l’éclairage public dans les communes, nous recevons un intérêt énorme. Donc, cette prise de conscience viendra avec le temps», a-t-elle ajouté.
Par ailleurs, Dr Mounira Badeche, enseignante à l’université d’Oum El Bouaghi, a constaté que les travaux réalisés dans le contexte climatique semi-aride, dans le nord de l’Algérie, constituent un pourcentage très faible. Ce climat contraste, ajoute-t-elle, doit être investigué, vu qu’on consomme beaucoup d’énergie en été comme en hiver.
Dans un autre volet, Pr Hafida Marouf de l’université de Ain Témouchent a mis la lumière sur l’exploitation des éco-matériaux pour l’efficacité énergétique du bâtiment. Il s’agit des boues draguées chaque année, suite à l’envasement rapide des barrages qui perdent leurs capacités de stockage en eau dans des délais très courts.
Les opérations de curage pour l’optimisation de la capacité de stockage en eau à l’échelle territoriale permettent le dragage d’environ 30 millions de mètres cubes de boues dans les différents barrages du pays, notamment le Nord-Ouest.
Partant de cette idée, naîtra un échange entre l’université et la cimenterie Lafarge d’Oggaz pour la production d’un ciment vert. Sachant qu’elle connaît un réel déficit en matière de ressources naturelles, mais aussi une consommation en énergie pour fabriquer le ciment avec des pourcentages élevés en clinker.
Cependant, la cimenterie est située à proximité des barrages envasés, tels que Fergoug et Bouhanifa. Le projet vise «l’élaboration d’un ciment nouveau à base de vases, à moindre coût énergétique, assurant un volume de stockage des eaux des barrages existants, et protégeant l’environnement immédiat, ce qui permet d’appliquer les recherches scientifiques pour l’exploitation de la vase issue du dragage».