Prévisible, la mise de fin de fonction du Directeur général de la Sûreté nationale, Farid Zinedine Bencheikh, n’a pas surpris grand monde.
On le disait partant depuis plusieurs mois, mais ce n’est que dimanche, en fin de journée, que la mise de fin de fonction du Directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), Farid Bencheikh, a été entérinée. Il a cédé son poste au directeur de la police des frontières (PAF), le contrôleur général Ali Badaoui, installé hier, par le ministre de l’Intérieur, dans ses nouvelles fonctions.
Ce changement à la tête de la DGSN intervient, alors que l’affaire de l’intrusion, le 28 décembre dernier, d’un jeune harrag, trouvé en état d’hypothermie critique, dans le train d’atterrissage d’un avion d’Air Algérie à l’aéroport international d’Oran Ahmed Ben Bella, (devant s’envoler vers la France), a pris l’allure d’un véritable scandale d’Etat, au point où l’enquête préliminaire a été confiée sur ordre du président de la République à la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure).
En moins d’une semaine, soit le 4 janvier, les premières conclusions des investigations sont rendues publiques. Elles évoquent, dans un communiqué officiel, «la responsabilité directe de sept fonctionnaires de la Police aux frontières (PAF) relevant de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), du commissaire, chef de la deuxième brigade de la PAF à l’aéroport d’Oran et du commissaire principal chargé de la sécurité de l’aéroport», mais également «la responsabilité directe d’un technicien en mécanique à Air Algérie, et la responsabilité, au niveau administratif, du directeur technique d’Air Algérie, du directeur de l’aéroport d’Oran et du directeur régional de l’Entreprise de gestion des aéroports à Oran (EGSO)».
A la fin du communiqué en question, il avait été précisé que «des mesures administratives spécifiques seront prises à l’encontre des responsables régionaux et centraux à la DGSN». Une précision qui présageait d’autres décisions, ciblant de hauts responsables des services de la police des frontières, aussi bien au niveau régional que central. Pour les plus avertis, les premiers sièges éjectables étaient ceux de certains directeurs centraux et du premier responsable de la Sûreté nationale.
Le soir même où ce dernier est informé de sa mise de fin de fonction, «dix officiers et agents de police travaillant à l’aéroport international d’Oran, un mécanicien de la compagnie Air Algérie étaient placés sous mandat de dépôt par le magistrat instructeur» dans le cadre de l’affaire de l’intrusion d’un harrag dans un avion d’Air Algérie, à l’aéroport d’Oran.
Ils ont été inculpés pour «infractions involontaires mettant en péril la vie des personnes à bord de l’avion et celle d’autrui, ainsi que la sécurité de l’avion, et ce, conformément aux articles 290 bis, alinéa 1 du code de procédure pénale, 205 et 206 de la loi fixant les règles générales relatives à l’aviation civile».
Il est à signaler que le contrôleur général Ali Badaoui qui a officiellement succédé hier à Farid Bencheikh n’est pas «étranger à la maison», témoignent ses collègues.
«Il n’est pas étranger à la maison»
Durant ces trois dernières années, il a grimpé les échelons rapidement. M. Badaoui a passé une grande partie de sa carrière de policier à Boumerdès, pendant les dix années du terrorisme. Il passera par la suite d’officier au poste de chef de la Police judiciaire, avant d’être promu chef de sûreté de wilaya de Laghouat.
En juillet 2020, il est nommé à la tête de la sûreté de wilaya de Boumerdès. Au mois d’avril 2021, il est muté au même poste à Ain Defla, alors que Farid Bencheikh venait, moins d’un mois auparavant, d’être nommé en tant que DGSN. Au mois de septembre 2021, Ali Badaoui est placé à la tête de la sûreté de wilaya de Béjaïa.
Dix mois plus tard, (juillet 2022), il se voit confier les rênes de l’une des plus importantes directions de la Sûreté nationale, celle de la police des frontières, avec le grade de contrôleur général. Un grade qui lui permettra, dix-huit mois plus tard, d’être hissé au plus haut poste de l’institution policière, en succédant, en tant que Directeur général de la Sûreté nationale au contrôleur général Farid Zinedine Bencheikh.
Nommé le 15 mars 2021, ce dernier avait succédé à Khelifa Ounissi, un cadre émérite de la police, qui avait pris sa retraite en 2012, après avoir décroché le grade de contrôleur général, avant de répondre présent en 2019, pour prendre les rênes de la DGSN, dans un moment très difficile lié aux événements que traversait le pays.
Il a passé la moitié de sa carrière à la police des frontières, dont au moins onze ans en tant que directeur central de ce service, avant d’accéder à la tête de la police, en qualité de 15e DGSN.
Il faut dire que l’arrivée de Badaoui est inattendue pour bon nombre de ses collègues, même s’ils lui reconnaissent son expérience d’homme de terrain.
Certains le présentent comme «intérimaire en attendant la fin de l’enquête d’Oran», d’autres, par contre, le disent «installé dans ses fonctions et pour longtemps».