Il a proposé une feuille de route en vue d’un cessez-le-feu : Le plan Biden a-t-il une chance d’aboutir ?

02/06/2024 mis à jour: 02:01
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Photo : D. R.

Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, soutenu par des forces extrémistes, refuse un cessez-le-feu immédiat. Le Monde a affirmé, dans son édition d’hier, que le va-t-en-guerre suscite le «désespoir» des négociateurs israéliens. Ceux-ci le jugent «accaparé par sa seule survie politique».

L’annonce a pris de court les alliés comme les adversaires de l’administration américaine. Vendredi, le président américain, Joe Biden, a annoncé qu’Israël avait proposé une feuille de route en vue d’un cessez-le-feu à Ghaza. M. Biden a appelé, dans une allocution à la Maison-Blanche, le Hamas à accepter le plan qui lui a été remis la veille, jeudi, précise-t-il, à travers le médiateur qatari. «Nous ne pouvons pas laisser passer» cette occasion d’un accord, a lancé le président US. Et d’ajouter : «Il est temps que cette guerre se termine.»

Le plan en trois phases comprend le retrait des zones habitées de l’enclave palestinienne occupée pour six semaines et la libération des otages. La première phase, détaille M. Biden, serait un cessez-le-feu total, avec un retrait des troupes israéliennes des «zones habitées de Ghaza» pour une durée de six semaines.

L’arrêt des combats, dit-il, serait accompagné de la libération de certains otages israéliens enlevés durant l’attaque du Hamas le 7 octobre contre Israël, notamment les femmes et les malades, et de la remise en liberté de prisonniers palestiniens détenus par Israël. Ce cessez-le-feu temporaire pourrait devenir «permanent» si le Hamas «respecte ses engagements», a-t-il ajouté. La phase suivante du plan comprendrait notamment la libération de tous les otages encore détenus.

Quelle a été la réaction de l’allié israélien à l’annonce de Biden ? Le bureau du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, cité par l’AFP, a indiqué que «le gouvernement est uni dans son désir de ramener nos otages aussi vite que possible (et) le Premier ministre a autorisé l’équipe de négociation à présenter un plan pour atteindre cet objectif». Et de lancer que «la guerre ne s’arrêtera pas tant que tous ses buts ne seront pas atteints», citant «le retour» de tous les otages 
et «l’élimination des capacités militaires et gouvernementales du Hamas».

Hier, Netanyahu a réaffirmé ses positions jusqu’au-boutistes en avertissant que les «conditions» pour arriver à un «cessez-le-feu permanent» à Ghaza n’avaient pas changé dans le plan israélien et comprenaient la «destruction» du Hamas ainsi que la «libération de tous les otages» retenus. «Les conditions d’Israël pour stopper la guerre n’ont pas changé», a indiqué le bureau du Premier ministre israélien dans un communiqué.

De son côté, le Hamas a jugé, tard vendredi soir, «positive» la nouvelle proposition annoncée par Biden. «Le Hamas considère positivement ce qui a été inclus aujourd’hui dans le discours du président américain, Joe Biden, quant à un cessez-le-feu permanent, le retrait des forces israéliennes de Ghaza, la reconstruction et l’échange de prisonniers», a indiqué l’organisation palestinienne dans un communiqué.

«Nettoyage ethnique»

Malgré l’appel de Biden, l’agression israélienne n’a pas cessé. Le ministère de la Santé palestinien a annoncé hier un nouveau bilan de 36 379 personnes tuées depuis le début de l’agression. Au moins 95 personnes sont mortes ces dernières 24 heures, selon un communiqué de ce ministère, et 82 407 blessées dans la bande de Ghaza depuis le début de la guerre le 7 octobre.

Le nouveau plan annoncé par Biden risque de connaître le même destin que les précédents. Les familles des prisonniers aux mains du Hamas, apportent leur soutien à la feuille de route et demandent à Netanyahu de l’accepter. Selon Al Jazerra, l’organisme représentant les familles des otages a également réclamé des membres de la Knesset le soutien au plan annoncé par Biden.

Hier, le chef de l’opposition israélienne, Yair Lapid, a assuré le Premier ministre de son soutien à la feuille de route israélienne pour la libération d’otages à Ghaza, un plan précédemment refusé par les partenaires d’extrême-droite du gouvernement Netanyahu. «Le gouvernement israélien ne peut pas ignorer le discours important du président Biden», a écrit le centriste Yair Lapid sur X.

Le va-t-en-guerre Netanyahu, soutenu par les membres les plus extrémistes du gouvernement, refuse un cessez-le-feu immédiat. Le Monde a affirmé, dans son édition d’hier, que le dirigeant israélien «rechigne à s’engager explicitement en faveur d’un cessez-le-feu». Depuis des semaines, Netanyahu serait «isolé» au sein de son propre gouvernement, affirmaient récemment plusieurs sources proches des négociateurs israéliens au Monde. «Contraint par ses ministres à accepter des termes qu’il s’empresse par la suite de troubler, voire de contredire, M. Netanyahu suscite le désespoir des négociateurs israéliens.» Ceux-ci le jugent «accaparé par sa seule survie politique».

Ils le soupçonnent de «saboter» leurs efforts afin de prolonger la guerre et de se maintenir au pouvoir, tout en laissant ses alliés d’extrême droite rêver d’un nettoyage ethnique de Ghaza et de sa recolonisation. «''La seule divergence entre Israël et le Hamas, c’est de savoir si une reconnaissance de la fin de la guerre doit être exprimée ou si elle doit simplement avoir lieu sans être dite'', résumait l’une de ces sources», rapporte le quotidien.

Et de noter que le «gouvernement a conscience, précise-t-elle, qu’un accord impliquerait de cesser toutes les opérations militaires, éventuellement de retirer les troupes de Ghaza, la libération d’un certain nombre de terroristes des prisons israéliennes et, au moins, une acceptation implicite du fait que le Hamas n’est pas tout à fait exclu de la gouvernance de Ghaza, mais qu’il exercera une influence sur l’entité qui contrôlera l’enclave dans une phase de transition, et peut-être au-delà».

En tout cas, l’administration US fait la promotion du plan soumis par son chef. Vendredi, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a promu cette nouvelle feuille de route lors d’appels avec ses homologues de Jordanie, d’Arabie Saoudite et de Turquie.

De retour d’une réunion de l’Otan à Prague, M. Blinken a «insisté sur le fait que le Hamas doit accepter l’accord sans délai», a déclaré le porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller, rendant compte de ces conversations téléphoniques depuis l’avion transportant M. Blinken. M. Blinken a souligné que «la proposition était dans l’intérêt des Israéliens et des Palestiniens, ainsi que de la sécurité à long terme de la région».

Von der Leyen : «Je suis tout à fait d'accord avec Biden…»

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a salué vendredi la feuille de route israélienne «réaliste» pour un cessez-le-feu à Ghaza présentée par le président Joe Biden, estimant qu’elle offrait «une réelle opportunité» de mettre fin à la guerre. «Je suis tout à fait d’accord avec Biden sur le fait que la dernière proposition offre une réelle opportunité d’avancer vers une fin de la guerre et des souffrances des civils à Ghaza. Cette approche en trois étapes est équilibrée et réaliste. Elle a maintenant besoin du soutien de toutes les parties», a écrit la présidente de la Commission sur les réseaux sociaux.

 

 

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