Ighil Ali (Béjaïa) : Une région qui dispose d’un fort potentiel touristique

18/12/2024 mis à jour: 12:38
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Photos : El Watan

On continue notre aventure au cœur des différentes contrées de l’Algérie profonde. On découvre à chaque fois combien l’histoire de notre pays est plusieurs fois millénaire et on réalise surtout combien les potentialités touristiques de notre pays sont énormes… des potentialités qui attendent juste d’être exploitées et mises en valeur.

Le tour est venu à la localité d’Ighil Ali qui dépend de la wilaya de Béjaïa. Une commune nichée en plein cœur de la chaîne montagneuse des Bibans qui est partagée par les wilayas de Béjaïa et de Bordj Bou Arréridj. Notre bus nous a déposés au lieu-dit Bordj Bouni à quelques encablures du chef-lieu de la municipalité d’Ighil Ali, d’où notre escapade a débuté vers le village Kalaa Ait Abbès. Notre parcours était ainsi : Ighil Ali-Kelaa Aït Abbas-Tamelaht. Un parcours d’une vingtaine de kilomètres au niveau de la sublime région d’Ighil Ali.

Ighil Ali a tous les atouts pour devenir un pôle touristique important

Avec ses villages anciens, joyaux d’architecture kabyle authentique et l’historique cité de la Kalaa Ait Abbès, la région peut devenir un pôle touristique important. Pour rappel, au XVe siècle, la Kalaa Ait Abbès a été la capitale d’un royaume qui a longtemps défié les Ottomans. Son histoire, le fait qu’elle renferme le tombeau d’un héros national en la personne d’El Mokrani, martyr et leader de l’insurrection de 1871, son site pittoresque de forteresse érigée au sommet d’une montagne font que la kalaa reçoit régulièrement des groupes de visiteurs et de touristes.

Ighil Ali a tous les atouts pour devenir un pôle touristique important pour peu qu’on s’active pour les mettre en exergue. Par ailleurs, les casbahs de montagne à l’architecture typique de la région comme Ighil Ali, Tazayart, Qalaa, Azrou, Moka, Aydassen sont un indéniable atout pour le tourisme durable qu’il faudra un jour valoriser.

Tamelaht est un patrimoine naturel, culturel et historique

On ne peut pas prétendre avoir visité Ighil Ali sans se rendre à  Tamlaht (salines) qui constitue un véritable savoir-faire de nos ancêtres. Notre guide nous a suggéré de nous rendre à Tamelaht avant de poursuivre notre chemin vers un autre joyau de la région, Kalaa Ait Abbès.

La commune d’Ighil Ali est connue pour ses salines situées dans trois villages, à savoir Kalaa Ait Abbès, Ait Seradj et Belayel, qui représentent un patrimoine aussi bien naturel, culturel qu’historique. Jadis, la population de ces villages exerçait des activités économiques axées sur l’agriculture de montagne avec une forte tendance à la culture de l’olivier, qui est roi dans cette région.

L’exploitation collective des salines était, elle, assurée à tour de rôle par les familles, lesquelles vivaient de la rente du sel recueilli, en plus d’autres produits  Des dizaines de bassins peu profonds ont été construits. Les saliniers déversent leur quota d’eau dans les bassins et attendent que le soleil fasse s’évaporer l’eau et se cristalliser le sel en fines couches au bout de quelques jours. Il n’y a pas très longtemps, on venait de très loin pour s’approvisionner en sel à Tamelaht.

Fête du sel à Belayel, Promouvoir le potentiel touristique de la région

On a appris de la part de notre guide qu’une fête de sel a été lancée il y a trois ans de cela. Une fête qui s’affirme comme un rendez-vous incontournable pour les amoureux des randonnées et du tourisme de découverte.

Cette manifestation est une réelle opportunité de faire connaître l’historique région des Ait Abbès qui recèle un réel potentiel touristique et culturel du fait de ses sites naturels et historiques. Notre interlocuteur dira à propos du programme de la dernière édition de cette louable initiative «Au menu, randonnée et visite des salines de Belayel, exposition, vente de livres et de produits du terroir ainsi qu’une démonstration de l’art culinaire local.

Des centaines de visiteurs sont venus d’un peu partout pour découvrir cette région reculée des montagnes des Bibans.» Plusieurs villages d’Ighil Ali, tels que Zina, Moka, Azrou, Ighil Ali, El Kalaa, Takorabt, pour ne citer que ceux-là, ont sauvegardé une bonne partie de leur patrimoine culturel et architectural et peuvent ainsi devenir des destinations pour un tourisme de montagne durable.

Belayel est la région du sel par excellence. Perchée sur un coin de montagne qui culmine à plus de 800 mètres d’altitude au cœur même des montagnes des Bibans, Belayel est connue depuis des siècles comme la région du sel par excellence. En outre, Belayel est un vieux village de pierre pittoresque qui a gardé beaucoup de ses aspects traditionnels dans l’architecture comme dans les activités économiques rurales et paysannes.

Le mythique village El Kelaâ

Les randonneurs qui ont pris part à cette escapade étaient émerveillés devant les paysages panoramiques, tout en beauté de cette ancienne citadelle fondée vers le début du XVIe siècle, et surtout très impressionnés par les vestiges et les lieux historiques que renferme ce village perché sur un rocher à près de 1200 mètres d’altitude. On n’a pas lésiné pendant notre promenade sur les clichés pour immortaliser ces lieux mythiques. On a sillonné les artères du village, on a visité le carré et mémorial des martyrs, la mosquée du village, la tombe de Cheikh El Mokrani.

Kalaa Nait Abbas, un lieu chargé d’histoire

Au niveau de Kalaa Nait Abbas on s’est recueilli sur la tombe du Cheikh Al Mokrani. Des enfants étaient avec nous et on en a profité pour leur parler d’El Mokrani et des nombreuses révolutions populaires qu’ont connues plusieurs régions de notre pays depuis l’entame du colonialisme français en 1830. On leur a parlé de la révolution d’Emir Abdelkader, El Mokrani, Cheikh Ahdad, Lalla Fatma N’soumer, Zaaticha...

Le peuple algérien était depuis 1830 contre la colonisation française. Le peuple algérien est un peuple libre, mais ses révolutions étaient régionales. Ces nombreuses révolutions populaires ont donné une conviction au peuple algérien que l’unique solution pour mettre un terme au colonialisme français est de se réveiller comme un seul homme pour dire l’Algérie est Algérienne et elle ne sera jamais française... et c’est ainsi qu’est née la Révolution du 1er Novembre 1954.

Les enfants étaient très attentifs à notre récit et ils nous ont posé énormément de questions.
Notre histoire est glorieuse et on doit juste trouver le moyen nécessaire pour la transmettre à nos bambins. On a sillonné aussi les différentes artères du village Kelaa Nait Abbas . Un village chargé d’histoire.

Une randonnée culturelle aussi... Notre randonnée était aussi une randonnée culturelle où on a beaucoup parlé d’histoire, de culture... C’est très enrichissant. On a besoin de ce genre de sorties et on en redemande encore et encore.... Ait Abbas s’appelait Iwanughen avant les Ottomans. La région d’Ait Abbas respire l’histoire et on a vraiment senti cette profondeur historique.

La joie des enfants

La joie des enfants qui ont pris part à cette excellente sortie était indescriptible. Vraiment ils étaient aux anges! Quel plaisir de voir les enfants heureux ! Initiez vos enfants aux randonnées, ne les privez pas de toutes les joies que les randonnées procurent. Quelle étrange impression de marcher sur le sol de la région qui a enfanté Jean Mouhoub Amrouche, Malek Ouari, Mohamed El Mokrani...

Le tourisme de montagne est une option possible, pour peu qu’on mette les moyens. Ce créneau pourrait sortir cette région de son marasme et de son isolement et créer des richesses inespérées… !

Hafit Zaouche

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