La production d’hydrogène en tant que source d’énergie est-il un projet fiable pour un pays comme l’Algérie ? En tout cas le produit ne cesse d’être mis en avant ces derniers temps par les pouvoirs publics comme facteur important pour réussir une transition énergétique dans le cadre d’une politique adaptée aux spécificités du pays et qui se veut «progressive et responsable». L’hydrogène est considéré comme un facteur stratégique et c’est en ce sens que cette filière est prise en compte à un plus haut niveau de l’Etat et la nécessité de développer cette industrie a été rappelé à maintes reprises par le chef de l’Etat. La journée de l’énergie organisée la semaine dernière à Alger par l’école nationale polytechnique porte l’intitulé : «Changement climatique, sobriété et (justement) hydrogène vert». Aussi, adoptée l’an dernier par le gouvernement, une feuille de route lui est consacrée pour plusieurs raisons mises en avant dont «la diversification de l’approvisionnement énergétique, le renforcement de la sécurité énergétique, l’accélération de la transition énergétique et la réduction de l’empreinte carbone du pays.» Le développement de la filière est également préconisé pour permettre à l’Algérie de se placer en tant qu’acteur régional majeur dans la production de cette ressource. Seulement, l’hydrogène ne se trouve pas tel quel (ou alors en quantités très infimes, voir les Feux éternels de Yanartas dans la région d’Antalya en Turquie) dans la nature et il faut donc le produire. En tant que carburant, il présente l’avantage d’être propre à 100% mais, jusque-là, se sont les couts liés à sa production qui constituaient un handicap pour son usage à grande échelle. L’hydrogène peut être produit par simple électrolyse (un courant électrique qui traverse l’eau) mais encore faut-il que l’énergie électrique nécessaire pour ce procédé, en plus de son cout devant impérativement être faible, soit produite à partir de ressources renouvelables afin de minimiser les émissions de gaz à effet de serre et donc booster le rendement environnemental de l’hydrogène qualifié dans ce cas d’«hydrogène vert». L’usage de l’électricité à base du solaire (photovoltaïque ou tours solaires) est l’un des atouts de l’Algérie qui dispose d’un des meilleurs ensoleillements au monde. Pour le moment, la quantité produite par ce procédé de l’électrolyse de l’eau ne représente que 0, 04% de la production mondiale de cette ressource (Globalement, pour avoir un ordre d’idées, la production mondiale d’hydrogène en 2021 avoisine les 100 millions de tonnes, apprend-on). La plus grande quantité, soit près de 60%, est produite par le procédé intitulé «Vaporeformage du méthane». Le méthane est extrait du gaz naturel, un autre atout pour l’Algérie en plus du pétrole duquel on peut également extraire de l’hydrogène par «oxydation partielle» (près de 20% de la production mondiale). Ici, l’usage des énergies fossiles peut paraitre contreproductif eu égard au souci exprimé de préserver les ressources naturelles pour les générations futures ou alors à la pollution générée, à moins, pour ce dernier cas, d’utiliser des procédés permettant le captage et la valorisation du CO2 qui rendent la production d’hydrogène plus propre (ici on parle d’«hydrogène bleu», selon certaines classifications).
Ces procédés qui permettent effectivement de produire un hydrogène plus propre ne sont pas encore très développés. La concurrence est néanmoins ouverte pour cette «ressource promise à un bel avenir pour freiner les émissions de gaz à effet de serre». Mais on compte là aussi sur les progrès techniques pour un rendement acceptable en termes de couts financiers mais aussi de couts environnementaux.