Après avoir «envahi», une semaine plus tôt, la scène du théâtre régional d’Oran, L’Armée mexicaine de Rachid Taha est arrivée à Constantine, le 27 juin, en conquérante. Une première dans la ville du Vieux rocher. Il ne pouvait en être autrement pour un groupe, dont la célébrité l’avait déjà précédée. Très attendu, ce concert événement, préparé depuis longtemps, est le fruit d’une initiative de l’Institut français d’Algérie, en partenariat avec l’hôtel Marriott de Constantine.
Une belle manière pour rendre hommage à Rachid Taha (1958-2018), grâce à ses compagnons de route, restés fidèles à sa mémoire, menés par le mando-luthiste, Hakim Hamadouche, celui qu’on continue de nommer, «le lieutenant» de cette Armée mexicaine, réunissant les anciens musiciens de Rachid Taha. On y trouve le bassiste Idriss Badarou, le guitariste Yann Pechin, le claviériste Kenzy Bouras et le batteur Franck Montegari. Côté chanteurs, c’est le Béninois Julien Jacob qui a marqué une entrée tonitruante sur scène, lui qui a longtemps accompagné Rachid Taha dans ses nombreux concerts.
Le public découvre pour la première fois la voix forte et mélodieuse de l’auteure-compositrice et interprète d’origine tunisienne Nawel Ben Kraiem, qui s’est joint au groupe se donnant à fond durant toute la soirée, ne laissant personne indifférent. «L’âme de Rachid Taha est présente parmi nous en cette belle soirée», a lancé Hakim Hamadouche, en direction d’une assistance, restée timide pour un moment avant d’être emportée dans une ambiance électrique. Un sacré spectacle, pour le nombreux public, jeune en majorité, qui s’est donné à cœur joie, sur la belle terrasse de l’hôtel Marriott par cette douce soirée du mois de juin, après une journée caniculaire.
Une occasion pour revisiter les œuvres de Rachid Taha, ayant marqué une carrière qui s’est étalée depuis ses débuts en 1982 avec le groupe Carte de séjour, jusqu’à sa disparition en 2018, que ses amis fidèles de L’armée mexicaine font pérenniser. Des titres que des générations d’Algériens ont appris à aimer et à chanter, comme Je suis Africain, interprété par Julien Jacob, en hommage à toutes les personnalités africaines ayant marqué l’histoire du continent, et A labess, chanté par Nawel Ben Kraiem.
Le public reprendra en chœur les mythiques Ya rayeh du défunt Dahmane El Harrachi et Abdelkader ya Bouaâlem qui avaient fait la renommée mondiale de Rachid Taha. Il y avait de tous les genres et de tous les styles. Du rock avec le titre Rock the Casbah et du bédoui avec la fameuse chanson Bent sahra, du défunt grand chanteur Khelifi Ahmed, reprise d’une fort belle manière avec des arrangements «révolutionnaires» conçus par Rachid Taha, qui donnera un cachet universel à ce titre tant apprécié à la belle époque des années 1970 en Algérie. Si une soirée ne suffit plus à elle seule pour faire revivre toutes les œuvres du riche registre d’un artiste comme Rachid Taha, ayant éternellement marqué son époque avant de partir à l’âge de 60 ans, il faut reconnaître que tout le mérite revient à ses amis et anciens musiciens de l’Armée mexicaine pour faire revivre la flamme de cet homme ayant beaucoup donné à la musique à l’échelle universelle.
Encore une fois, la belle note de ce mémorable spectacle ira à l’équipe de l’Institut français de Constantine, notamment le service culturel, ainsi que le personnel de l’hôtel Marriott, qui ont fourni des efforts incroyables pour l’installation de la scène et la mise en place de tous les moyens techniques par une journée caniculaire, tout cela pour assurer les bonnes conditions au public.