L’hommage à Alger le 15 mars 2022 à Mouloud Feraoun et à ses cinq compagnons assassinés par l’OAS le 15 mars 1962, et la déclaration du président Macron, le 19 mars lors de la réception organisée à l’Elysée à l’occasion des 60 ans de la fin de la guerre pour l’indépendance de l’Algérie sont «le résultat du travail des différents conseils d’administration qui ont animé depuis plus de trente ans l’association, avec le soutien de ses fidèles adhérents», a relevé dans un communiqué, Jean-Philippe Ould Aoudia, président de l’association Les amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons.
Ainsi, «pour la première fois, l’OAS est désignée, dénoncée et ses victimes honorées dans un hommage et une déclaration officiels», souligne Jean-Philippe Ould Aoudia.
Et de relever que «dans le contexte électoral actuel, Emmanuel Macron a pris une position courageuse qu’un certain nombre de nostalgiques de l’Algérie française n’ont pas appréciée».
«Après la mémoire des victimes du 17 octobre 1961 à Paris, du 8 février 1962 à Charonne et du 26 mars 1962 rue d’Isly, la date du 15 mars est désormais un marqueur historique des 16 derniers mois de la guerre marqués par l’ultraviolence de l’OAS», ajoute-t-il.
Le communiqué de l’Elysée précise que «cette reconnaissance s’inscrit dans une politique mémorielle de temps long».
«Aussi, le 15 mars ne peut être qu’une étape sur le chemin de la mémoire et viendra le moment où celle de toutes les victimes de l’OAS sera honorée comme elle l’a été le 6 octobre 2011 par le maire de Paris, Bertrand Delanoë, en inaugurant une stèle élevée à leur mémoire au cimetière du Père-Lachaise», relève le fils de Salah Ould Aoudia.
Et d’espérer qu’«après deux ans de crispations entre l’Algérie et la France, la participation à Alger aux côtés de François Gouyette, ambassadeur de France, de Laïd Rébiga, ministre algérien des Moudjahidine et des Ayants droit pourrait signifier le retour du dialogue mémoriel entre les deux pays».
«Auquel cas, le sacrifice de Marcel Basset, Robert Eymard, Mouloud Feraoun, Ali Hammoutène, Max Marchand, Salah Ould Aoudia, n’aurait pas été vain».
«Eux qui, tous les six, sont morts sur leur lieu de travail et dans l’exercice de leurs fonctions pour la défense des valeurs de la République et pour l’indépendance de l’Algérie dans une relation fraternelle avec la France».
A rappeler que lundi 14 mars, l’Elysée a diffusé un communiqué de presse annonçant que «le 15 mars 2022, l’ambassadeur de France en Algérie déposera une gerbe au nom du président de la République sur la stèle qui a été érigée à Alger en l’honneur de Mouloud Feraoun».
Le site de l’Elysée précisait ensuite que «le 15 mars 2022, c’est à l’instituteur et romancier algérien Mouloud Feraoun, assassiné par un commando se réclamant de l’Organisation armée secrète 60 ans plus tôt, que le président a souhaité rendre hommage, ainsi qu’aux cinq autres victimes de cet attentat, inspecteurs des centres sociaux créés par Germaine Tillion. Il a fait déposer en son nom, par l’ambassadeur de France en Algérie, une gerbe sur la stèle érigée en l’honneur de Mouloud Feraoun à Alger.»
Samedi 19 mars au palais de l’Elysée, le chef de l’Etat français a déclaré, citant les gestes mémoriels qu’il avait accomplis pour «réconcilier les mémoires blessées de la guerre d’Algérie» : «Et le 15 mars 1962, c’est (à) un instituteur et romancier algérien, Mouloud Feraoun assassiné par un commando se réclamant de l’Organisation armée secrète 60 ans plus tôt que nous avons rendu hommage. Et je veux ici rendre hommage aux six inspecteurs des centres sociaux créés par Germaine Tillion.»