Hausse inquiétante des accidents de la circulation : Des enquêtes sur les «écarts de conduite»

29/08/2022 mis à jour: 02:37
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Depuis le début de la saison estivale, des dizaines de personnes ont perdu la vie dans différents accidents de la route. Mais c’est surtout pendant le mois d’août que le pire bilan a été enregistré. En moins d’une semaine, soit du 14 au 20, près d’une soixantaine de personnes ont péri et 1898 autres ont été blessées dans des accidents survenus dans différentes wilayas du pays, d’après le tout dernier décompte dressé par la Protection civile. Jamais nos routes n’ont ainsi été en si féroce appétit pour les vies humaines. 
 

Chaque jour que Dieu fait et sans distinction aucune, les routes tuent hommes, femmes, jeunes et moins jeunes, et ce, dans l’indifférence la plus totale des autorités en charge du secteur du transport. Combien de temps faut-il encore attendre pour agir et sévir avec plus de rigueur aujourd’hui que les véhicules légers comme les poids lourds et les autocars de transport de voyageurs ont tendance à se transformer en cercueils ambulants ?

 Faudrait-il continuer à s’en remettre à la seule fatalité ? Pour les uniformes vert et bleu la réponse est, semble-t-il, non. Bien qu’ils soient fortement mobilisés, seuls, les services de sécurité, gendarmes et policiers, s’avouent impuissants devant l’étendue de l’hécatombe routière. Comment s’explique-t-elle au juste ? Car il est toujours difficile d’en tirer une seule et unique conclusion, les causes étant multiples mais débouchant toutes sur des pertes de contrôle à l’issue, que l’on connaît, des plus dramatiques. C’est justement pour tenter d’y répondre que, à en croire des sources sécuritaires, des enquêtes approfondies ont été conjointement lancées, dimanche passé (21 août), par les services de la Gendarmerie et de la Sûreté nationales. 
 

Introduction du chronotachygraphe
 

Assistées par des experts en accidentologie, des brigades mixtes spécialisées dans l’investigation ont été mobilisées afin de déterminer avec exactitude les causes de la hausse de l’insécurité et de la mortalité routières et en situer avec précision les responsabilités. L’accent sera particulièrement mis sur les wilayas les plus touchées ainsi que sur les accidents mortels impliquant des camions poids lourds et des autobus de transport de voyageurs, soulignent nos sources. Car l’humain, souvent cible des actions de répression, y est pour beaucoup, de par ses «écarts de conduite», distraction, téléphone au volant, non-respect de la vitesse autorisée, négligence des distances de sécurité, dépassements risqués, parfois conduite sous l’emprise de l’alcool ou autre… mais tant d’autres facteurs secouent dangereusement la tenue de route. Outre la surcharge, la vétusté des moyens de transport, l’état des routes est parmi les causes majeures et les plus répandues des accidents mortels. 
 

Étroitesse de nombre de routes nationales sur lesquelles le moindre dépassement devient périlleux, déformations du bitume, ornières, nids-de-poule, chaussée dégradée, manque, si ce n’est absence totale, d’éclairage public, dos d’ânes, déviations et travaux rarement signalés, etc. font que l’usager panique et hésite longtemps avant de s’y hasarder. En témoigne, par exemple, l’état de plusieurs axes et tronçons de l’autoroute Est-Ouest et de routes interwilayas, à l’est du pays notamment, Annaba–Souk Ahras en particulier. 
 

L’imprudence essentiellement due à la somnolence et à la fatigue des chauffeurs de poids lourds et des bus de transport de voyageurs conduit également à des fins tragiques. D’où l’appel, une fois encore réitéré par les policiers et gendarmes, à l’application et la généralisation urgentes du dispositif chronotachygraphe pour endiguer ce qui a tendance à devenir un fléau national, aucune ville n’en étant à l’abri. Instauré par l’article 49 du code de la route (JO du 19 août 2001), ce dispositif – appareil électronique lequel, outre la vitesse suivie, enregistre le temps de conduite et d’arrêt (coupures) ainsi que le temps de travail ou de disponibilité ; le total permettant de déterminer avec exactitude le temps de service assuré par le conducteur – devait initialement entrer en vigueur en 2001, date de promulgation du premier texte. 
 

Bien que n’ayant pas connu d’application, des modifications à ce texte avaient été introduites en 2009. Et ce n’est que trois ans plus tard, soit début octobre 2012, que l’on annoncera, en grande pompe, le lancement officiel dudit dispositif pour être progressivement généralisé. A l’époque, était censé en être équipé un parc véhicules totalisant quelque 300 000 de transport de marchandises de plus de 3,5 tonnes et 50 000 de transport de voyageurs de plus de 15 personnes. 
 

Du ressort du ministère des Transports, l’introduction du chronotachygraphe, en Algérie, «une première dans le monde arabe et en Afrique», s’enorgueillissait-on, devait s’effectuer graduellement, selon un calendrier comme ce fut le cas pour le contrôle technique en 2003, et ce, sous la supervision, pour des questions pratiques, du département de l’industrie et des mines via l’Office national de métrologie légale (ONML). Et pour quelle version, analogique ou numérique, avait-on opté, combien de véhicules en ont à ce jour été équipés ? 
 

S’avérant être peu efficace, le chronotachygraphe analogique était voué à l’abandon définitif en faveur du numérique, où l’enregistrement se fait sur la puce de la carte du conducteur. «La version analogique dont l’enregistrement se fait sur disque de papier est de moins en moins utilisée. Le dernier chronotachygraphe numérique mis au point, il y a quelques années, est plus efficace. Il permet de traiter deux causes sur trois des accidents de la circulation dus aux poids lourds : l’état des infrastructures routières et du véhicule ainsi que le facteur humain. Ses données sont d’une précision et d’une fiabilité incontestables. Si l’état du véhicule et de l’homme n’est pas mis en cause par l’enregistreur, c’est l’état de la route qui en sera la cible par défaut. C’est d’ailleurs ce à quoi ont abouti plus d’un parmi les spécialistes européens de la réglementation de la circulation routière», nous expliquait un expert automobile dans une précédente déclaration. 
 

Or, en Algérie, c’est la version analogique qui semble avoir été retenue ; ni le parc roulant ni les infrastructures routières ne permettent de mettre en place les chronos-numériques, notait-il.... «Les propriétaires ont intérêt, dans le cadre des nouvelles techniques de gestion caractérisées par l’informatique embarquée, de se doter évidemment de la version numérique. Il appartient à chaque opérateur d’équiper par ses propres moyens ses véhicules, sur la base évidemment de critères et conditions fixés par l’Etat. 

Les fournisseurs connus appartiennent à des multinationales situées en gros dans quatre ou cinq pays d’Europe, d’Amérique du Nord, du Japon et désormais de Chine», nous indiquait un autre expert international, spécialiste des transports et logistique. S’agissant du parc de véhicules devant en être doté, «bien malin est celui qui pourrait donner un chiffre précis avec des statistiques contradictoires entre celles communiquées par l’ONS, le ministère des Transports, les mines, les compagnies d’assurances», ajoutait-il. 

Près d’une décennie a passé et ses propos sont malheureusement toujours d’actualité et le chronotachygraphe demeure un autre vœu pieux !

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