Diplômé en archéologie de l’antiquité, Hamidane Mourad est président de l’association Minerve pour la sauvegarde des ruines et de l’environnement. Il est aussi chargé de l’inventaire et de la prévention à l’antenne de Tébessa de l’Office de gestion et d’exploitation des biens culturels (OGEBC) et responsable du site archéologique de Timgad. Il a bien voulu nous accorder cet entretien.
- Une grande partie du patrimoine archéologique en Algérie est en train de se dégrader et risque même de disparaître malgré certaines tentatives de sauvegarde. Comment estimezvous la stratégie adoptée aujourd’hui en Algérie, est-elle efficace pour la mise en valeur et la préservation de ce patrimoine en tant que richesse historique ?
Ce que l’on peut dire aujourd’hui de la stratégie adoptée dans la gestion des sites archéologiques ou les secteurs sauvegardés, c’est qu’elle ne porte aucune structure, ni feuille de route, ni objectif à court, moyen ou long terme. Sans doute, cela est dû au manque de structuration qualifiée, je veux dire d’efficacité. Il faut qu’il y ait une coordination et une politique diplomatique, communicationnelle surtout entre les organismes qui gèrent le patrimoine (OGEBC – CNRA – CNRP) et entre les partenaires tels que les associations et autres.
Aussi l’implication des acteurs de la société civile, leur prise en charge et leur formation contribuent également à l’élaboration de la politique culturelle.
- Et l’aspect juridique ?
En ce qui concerne l’arsenal juridique, nous ne contestons pas son importance. Mais nous devons toujours mettre à jour et améliorer la protection juridique. Parce qu’il s’agit d’abord de la préservation préventive, puis de la conservation, et enfin de la restauration.
- Comment expliquez-vous les difficultés actuelles de l’archéologie à Tébessa, qui souffre d’un désintérêt général ?
Sans aucun doute, l’État algérien s’efforce toujours à améliorer et à promouvoir la culture algérienne, notamment sous l’aspect patrimonial et l’intérêt pour l’archéologie en tous genres. En vérité, la région de Tébessa est un peu marginalisée par le secteur. Bien qu’elle soit riche par de sa brillante histoire qui regorge des monuments archéologiques importants et uniques.
- Quelles mesures proposiez-vous pour une mise en valeur des sites archéologiques à Tébessa ?
De nombreux ministres qui se sont rendus à l’antique Theveste ont promis de prendre en charge quelques problèmes. Malheureusement toutes leurs promesses n’ont jamais été tenues. Mais l’espoir reste toujours vivant pour une communication permanente et bénéfique pour le patrimoine de la région. En tant qu’archéologue je vois qu’il faut d’abord promouvoir et impliquer la société civile spécialisée dans le patrimoine et pourquoi ne pas créer un conseil consultatif. Par ailleurs, l’État est appelé à lever le gel sur les projets de restauration des sites archéologiques de la région. Enfin, je dirai qu’il faut renforcer l’étude et la recherche pour plus de prospections et de découvertes.
- En tant qu’archéologue, comment percevez-vous l’avenir de ces sites ?
Ce qui réconforte aujourd’hui, c’est qu’on voit une spécialiste à la tête du secteur de la culture. Et c’est une chose importante et satisfaisante. Parce que quand vous défendez votre région, elle comprend la valeur archéologique que vous défendez, et c’est ce qui est important. L. S.