Guerre du Soudan : Le gouvernement accuse le Kenya de violer sa souveraineté

20/02/2025 mis à jour: 23:50
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Photo : D. R.

Le ministère soudanais des Affaires étrangères a accusé le Kenya de «cautionner les atrocités (des FSR) 
et d'en être complice» en permettant à ces dernières de s'exprimer.

Le gouvernement soudanais, proche de l'armée, a accusé le Kenya de violer sa souveraineté en accueillant des paramilitaires rivaux prévoyant de proclamer un gouvernement parallèle, a indiqué un communiqué du ministère des Affaires étrangères, cité hier par l’AFP.

Les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), en guerre contre l'armée régulière depuis près de deux ans, prévoient d'annoncer la formation d'un gouvernement parallèle dans les zones qu'ils contrôlent au Soudan, lors d'une réunion vendredi à Nairobi, ont confié des sources des FSR. Le ministère soudanais des Affaires étrangères, allié au chef de l'armée Abdel Fattah Al Burhane, a dénoncé mardi cet événement, affirmant qu'il «favorisait le démembrement des Etats africains, violait leur souveraineté et s'ingérait dans leurs affaires intérieures».

Depuis avril 2023, la guerre entre l'armée et les FSR a fait des dizaines de milliers de morts, déraciné plus de 12 millions de personnes et engendré un désastre humanitaire. Elle a également déchiré le pays, l'armée contrôlant l'est et le nord du Soudan, et les FSR dominant la quasi-totalité de la région occidentale du Darfour et des pans du sud.

Ces dernières semaines, l'armée a mené une offensive dans le centre du Soudan, reprenant des villes-clés et la quasi-totalité de Khartoum, la capitale. Les FSR, en décidant de signer une charte avec des factions politiques alliées pour instaurer un gouvernement sur les territoires qu'elles contrôlent, cherchent à consolider leur emprise sur le Darfour.

L'armée et les FSR sont toutes deux accusées de crimes de guerre, mais les paramilitaires se distinguent par des exécutions de masse à caractère ethnique, des violences sexuelles et de graves violations des droits humains sur leurs territoires.

En janvier, les Etats-Unis ont qualifié leurs actions au Darfour de génocide, sanctionné leur commandant Mohamed Hamdane Daglo, avant de sanctionner aussi le général Burhane pour crimes de guerre. Le ministère soudanais des Affaires étrangères a accusé le Kenya de «cautionner les atrocités (des FSR) et d'en être complice» en permettant à ces dernières de s'exprimer.

L'événement était initialement prévu mardi au Centre international de congrès Kenyatta de Nairobi, propriété de l'Etat, mais a été retardé de plusieurs heures après le début prévu. Le général Daglo lui-même, qui est resté invisible pendant la majeure partie de la guerre, a atterri au Kenya et est attendu vendredi à la réunion, ont indiqué des sources impliquées dans l'organisation de l'événement.

Au moins 10 000 familles fuient un camp

Par ailleurs, au moins 10 000 familles ont été obligées de fuir le camp de déplacés de Zamzam, au Darfour, dans l'ouest du Soudan, où des combats ont fait rage pendant deux jours la semaine dernière, a annoncé hier une agence de l'ONU. Zamzam, situé au sud de la capitale du Darfour-Nord, Al-Facher, et qui abrite au moins un demi-million de déplacés, a été attaqué mardi 11 février par les FSR, ont raconté des témoins. Depuis, des combats ont eu lieu dans le camp entre les FSR d'une part, l'armée soudanaise et des milices alliées d'autre part, qu'une guerre oppose depuis avril 2023.

Les chiffres fournis par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) ne concernent que les deux premiers jours de ces combats, a indiqué l'organisation, en précisant que sa capacité à collecter des informations était limitée par des contraintes budgétaires. Outre ces 10 000 familles, «1544 autres ont été déplacées de différents villages proches d'El Facher, gagnés eux aussi par les violences», a indiqué l'OIM.

Depuis mai 2024, les FSR assiègent Al-Facher sans réussir à s'en emparer. Alors que l'armée est sur le point de reprendre la capitale soudanaise, Khartoum, à la suite d'une offensive sur plusieurs fronts dans le centre du Soudan, les paramilitaires ont intensifié leurs attaques contre Al-Facher afin de consolider leur emprise sur le Darfour.

Avant ces récentes attaques, le Darfour-Nord comptait déjà 1,7 million de déplacés et deux millions de personnes confrontées à une insécurité alimentaire extrême, d'après l'ONU. Créé en 2004, Zamzam a accueilli des vagues de Soudanais déplacés pendant la guerre actuelle, qui a fait des dizaines de milliers de morts, déraciné plus de 12 millions de personnes et engendré un désastre humanitaire. Le camp de Zamzam, le plus grand du Darfour avec 500 000 à un million de personnes d'après des sources humanitaires, a été le premier endroit où l'état de famine a été déclaré au Soudan en août dernier.
 

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