Guerre contre Ghaza : Rafah, «une cocotte-minute de désespoir»

05/02/2024 mis à jour: 18:41
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Le déplacement forcé des habitants de Ghaza soulève des préoccupations parmi les experts - Photo : D. R.

Alors que la guerre entame son quatrième mois, le bilan humain à Ghaza est dévastateur. Le ministère palestinien de la Santé rapporte plus de 27 000 victimes, principalement des femmes, des enfants et des adolescents.

Au sud de la Bande de Ghaza, la ville de Rafah, décrite par les humanitaires de l’ONU comme une «cocotte-minute de désespoir», est devenue le nouveau point de mire des opérations militaires israéliennes. Abritant plus d’un million de Palestiniens déplacés ayant fui les bombardements incessants, Rafah fait désormais face à la menace imminente d’une offensive militaire.

Alors que l’armée d’occupation israélienne mène un bombardement incessant sur Ghaza depuis trois mois, commençant par le Nord, puis allant au centre de l’enclave, les craintes s’intensifient quant à une éventuelle attaque militaire d’envergure contre la ville densément peuplée de Rafah. D’ores et déjà, des pluies de bombes pleuvent sur cette ville.

A quelques kilomètres au nord, Khan Younès est également sous attaque, avec des frappes aériennes et un tir d’artillerie constant semant le chaos. La ville porte les stigmates de près de deux mois de raids implacables.

Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a déclaré que Rafah était la prochaine cible, promettant d’éliminer ce qu’il nomme «les menaces terroristes».

Le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) a exprimé sa profonde «inquiétude», alertant sur l’exode massif de milliers d’habitants de Ghaza vers cette ville.

Les nombreux arrivants sont contraints de vivre dans des structures de fortune, des tentes ou en plein air, transformant Rafah en un foyer de désespoir où les réfugiés ayant vécu toutes sortes de souffrances font face à la menace constante des frappes aériennes.

Un habitant, Bilal Jad, cité par l’agence AFP, a décrit le bombardement indiscriminé en ces mots : «Il n’y a aucun endroit sûr. Les frappes aériennes ont lieu partout.» Andrea De Dominico, responsable du Bureau des affaires humanitaires de l’ONU pour les Territoires palestiniens occupés, a exprimé la difficulté rencontrée par la communauté humanitaire pour faire face à l’afflux constant de la population à Rafah.

Hier à l’aube, plusieurs Palestiniens sont tombés en martyrs, après que des avions de l’occupation sioniste aient bombardé une école maternelle abritant des personnes déplacées à l’est de Rafah, a rapporté l’agence de presse Wafa.

Création d’une «zone tampon»

Israël s’est lancé, par ailleurs, dans la création d’une zone tampon au nord de l’enclave, une démarche qui suscite des inquiétudes considérables en raison de son empiétement sur un territoire palestinien déjà restreint, soulevant des craintes quant à de nouvelles violations graves des droits des habitants.

Le fait est que l’armée israélienne a entrepris de rendre inhabitable une bande d’un kilomètre de large à travers toute la largeur de Ghaza, selon les informations fournies par un expert cité par l’AFP. Cette bande traverse le territoire ghazaoui, dont la largeur atteint à peine six kilomètres à son point le plus étroit.

Les données satellites analysées par Adi Ben Nun, professeur à l’Université hébraïque de Jérusalem, indiquent que plus de 30% des structures de cette zone ont été détruites. Interrogée par l’agence, l’armée israélienne n’a pas fourni de réponses satisfaisantes concernant cette initiative controversée.

Le déplacement forcé des habitants de Ghaza soulève des préoccupations parmi les experts, qui s’inquiètent de la possible violation des lois de la guerre. Nadia Hardman, spécialiste des droits des réfugiés à Human Rights Watch, met en garde contre le risque que les actions d’Israël soient assimilées à des crimes de guerre.

Des voix internationales, y compris celle des États-Unis allié traditionnel et indéfectible d’Israël, expriment des réserves quant à l’approche de l’Etat sioniste.

Antony Blinken, secrétaire d’Etat américain, a souligné que si «Israël a le droit de créer une zone tampon sur son territoire, il ne doit pas s’approprier le territoire de Ghaza». L’idée d’une zone tampon à Ghaza est présente depuis 2005, lorsque l’armée israélienne a évacué les colons israéliens de la région.

Bien que le projet ait été initialement abandonné, l’entité sioniste a maintenu un contrôle strict sur les frontières de Ghaza et imposé un blocus, suscitant des critiques internationales.

Israël, considéré internationalement comme un occupant illégal, avait finalement renoncé au projet, mais a conservé depuis le contrôle des frontières et imposé un blocus sur Ghaza.

Tandis que l’Egypte a également instauré une zone tampon le long de sa frontière avec le sud de Ghaza, la volonté d’Israël de créer une telle zone à l’intérieur de Ghaza suscite des préoccupations internationales.

Les responsables israéliens sont ainsi confrontés à des accusations liées à l’épuration ethnique, au transfert illégal de populations, avec le risque que les Palestiniens soient contraints de quitter la zone.Alors que la guerre entame son quatrième mois, le bilan humain à Ghaza est dévastateur.

Le ministère palestinien de la Santé rapporte plus de 27 000 victimes, principalement des femmes, des enfants et des adolescents sont décédés.

Un récent rapport de la Banque mondiale a indiqué que 34 000 des 55 000 maisons que compte l’enclave ont été entièrement détruites à Ghaza depuis le 7 octobre, avec un taux de destruction globale d’environ 60%.

Des images satellites ont témoigné de la destruction délibérée de divers aspects vitaux de la vie, tels que quartiers, zones résidentielles, écoles, hôpitaux, banques, marchés et boulangeries.

L’Organisation mondiale de la santé a estimé, pour sa part, le nombre de victimes à 100 000 entre personnes mortes, blessées ou portées disparues présumées mortes en raison des bombardements et des affrontements au sol.

Au total, 60% des 27 019 décès signalés sont des femmes et des enfants, tandis que plus de 66 000 personnes nécessitent des soins médicaux difficiles d’accès.

 

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