Guerre contre Ghaza : Les tractations s’accélèrent en vue d’une trêve

25/01/2024 mis à jour: 07:58
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Photo : D. R.

Israël a proposé au Hamas, via la médiation de l’Egypte et du Qatar, une pause de deux mois à Ghaza «en échange de la libération de tous les détenus», selon le site américain Axios.

Les pourparlers pour une trêve à Ghaza s’accélèrent. Le conseiller du président américain, Joe Biden, pour le Moyen-Orient, Brett McGurk, se trouve justement au Caire, depuis mardi, pour discuter d’une «pause» dans les combats. Une délégation du Hamas s’est également rendue au Caire pour «discuter avec le chef des renseignements égyptiens» d’une «proposition de cessez-le-feu», selon une source proche des pourparlers.

«Je ne peux pas vous dire si et quand nous pourrons y arriver, mais les conversations sont très sobres et sérieuses pour essayer de mettre en place un autre accord sur les otages», a déclaré à ce sujet John Kirby, porte-parole de la Maison-Blanche. Israël a proposé au mouvement Hamas, via la médiation de l’Egypte et du Qatar, une pause de deux mois à Ghaza «en échange de la libération de tous les détenus», a rapporté lundi le site américain Axios.

Cette proposition, réduite à 90 jours, voire un mois de trêve, n’implique cependant pas la fin de l’agression israélienne contre Ghaza, «mais une seconde trêve, après celle d’une semaine (en novembre 2023) qui avait permis la libération d’une centaine de détenus israéliens en échange d’au moins 240 prisonniers palestiniens», croit savoir le média américain.

Le deal proposé prévoit, ainsi, le retour en Israël des détenus vivants et des dépouilles en plusieurs phases, dont la première comprendrait des femmes et des hommes âgés de plus de 60 ans, a ajouté Axios. Suivraient ensuite les femmes soldats, les hommes âgés de moins de 60 ans mais qui ne sont pas militaires, les soldats israéliens masculins, puis les dépouilles de détenus.

Le Wall Street Journal avait, rappelons-le, déjà avancé dimanche dernier que les Etats-Unis, l’Egypte et le Qatar s’efforçaient de convaincre Israël et le Hamas de s’accorder sur la libération des prisonniers sur une période de 90 jours en échange d’un retrait israélien de Ghaza. Des divergences subsistent, cependant, autour des termes de l’accord de trêve, et ce, malgré les intenses efforts menés par Doha, Washington et Le Caire.

Le Hamas reste réticent à tout accord de trêve tant que les conditions ultérieures d’un cessez-le-feu permanent «ne sont pas établies», ont avancé des sources proches des pourparlers, tout en précisant qu’Israël voulait négocier «étape par étape» tandis que le Hamas cherchait un «accord global».

Khan Younès «encerclé»

Alors que les tractations au Caire se poursuivaient, des hélicoptères militaires israéliens ont mené, hier, des frappes intenses autour de Khan Younès. Ces dernières heures, l’armée de l’occupant a affirmé avoir encerclé la principale ville du sud de la Bande de Ghaza. Elle a, en effet, dit avoir parachevé, mardi, l’encerclement de cette zone, une journée après avoir subi de lourdes pertes humaines : 24 soldats tués.

Celles-ci ont été enregistrées au cours de combats de rue et infligées par une résistance palestinienne redoutablement efficace en mode guérilla. Le quotidien Times of Israël a, citant des sources militaires, fait savoir que la 98e division de l’armée de l’occupant a mené une offensive dans la partie ouest de Khan Younès ces dernières 24 heures, au cours desquelles la 7e brigade blindée et la brigade Givati ont encerclé la ville.

D’autres divisions ont mené des opérations au cœur de Khan Younès qui, selon l’armée israélienne, est l’un des principaux bastions des Brigades Al Qassam, branche armée du Hamas. Les troupes du 630e bataillon de réserve sont, elles, intervenues avec des ingénieurs de combat pour localiser et détruire les entrées des «tunnels d’attaque» de la résistance et d’autres infrastructures souterraines plus au nord, d’après l’armée israélienne.

Toujours dans le cadre des opérations de la «brigade sud» de l’armée israélienne, des réservistes de la 261e brigade ont contribué à «détruire les infrastructures du Hamas dans la zone frontalière», a affirmé Times of Israël. Ces dernières semaines, l’offensive israélienne s’est concentrée sur Khan Younès et les camps de réfugiés dans le centre de Ghaza, dont celui de Maghazi.

Par ailleurs, Raed Al Nems, porte-parole du Croissant-Rouge palestinien, a évoqué hier de violents combats autour de l’hôpital Al Amal, ajoutant qu’un obus avait touché le quatrième étage, tuant une personne et en blessant dix autres. Selon lui, les équipes médicales ne peuvent ni entrer ni sortir de l’hôpital, et une panne des communications sur la totalité du territoire a encore compliqué les opérations de sauvetage. Face à l’intensité des combats, des milliers de Palestiniens continuent de mettre le cap sur le sud, vers Rafah, pour y trouver refuge.

8000 disparus

De son côté, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a révélé hier que sept hôpitaux sur 24 fonctionnent partiellement dans le nord de Ghaza et souffrent d’un manque de personnel et de fournitures. Dans un communiqué de presse, diffusé par l’agence de presse palestinienne Wafa, l’OMS a ajouté que la situation des hôpitaux de Khan Younès est «catastrophique» et «indescriptible», mentionnant que des centaines de milliers de civils dans toute la Bande de Ghaza sont toujours privés d’aide.

Dans un bilan provisoire, le nombre de morts à Ghaza s’est alourdi hier, pour le 110e jour consécutif, à 25 700 morts, dont une majorité de femmes et d’enfants, et à environ 63 740 blessés, tandis que plus de 8000 personnes sont toujours portées disparues sous les décombres et sur les routes, les ambulanciers étant incapables de les atteindre depuis le début de l’agression de l’occupant le 7 octobre.

Selon le ministère palestinien de la Santé, les hôpitaux encore fonctionnels ont reçu 125 corps de personnes tuées durant la nuit de mardi à hier dans la Bande de Ghaza, d’autres sources palestiniennes parlant elles de «plus de 200 morts». «Des milliers de déplacés dans les hôpitaux Nasser et Al Amal ont été contraints de partir pendant la nuit et ce matin (hier, ndlr) pour Rafah», a affirmé le bureau du Hamas à Ghaza.

L’Organisation ActionAid a, pour sa part, indiqué que l’aide essentielle, notamment la nourriture et les fournitures médicales, n’a pas pu entrer à Ghaza, alors que 2,3 millions de personnes sont confrontées à la famine et à la maladie.

L’ONG a déclaré dans un communiqué que parmi les articles rejetés lors des inspections aux points de passage figurent des bouteilles d’oxygène et des anesthésiques pour les hôpitaux, qui sont vitaux pour les blessés lors des frappes aériennes, y compris les dix enfants en moyenne chaque jour qui doivent se faire amputer d’une ou des deux jambes.

Il y a lieu de savoir que quelque «88 000 habitants et environ 425 000 personnes déplacées» se trouvant dans plusieurs secteurs de Khan Younès ont été appelés, mardi, par Israël à les évacuer, selon l’ONU, mais les combats rendent extrêmement dangereux le moindre déplacement.    

 

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