Guerre contre Ghaza : Les enfants subissent de graves effets psychologiques

16/12/2024 mis à jour: 10:55
491
Les personnes qui s’occupent des enfants signalent que 96% d’entre eux ont le sentiment que la mort est imminente

Une récente étude réalisée par une ONG basée à Ghaza, avec le soutien de l’association caritative War Child Alliance, a analysé l’impact psychologique de la guerre sur les enfants ghazaouis. 

L’enquête menée auprès de 500 familles par le Centre communautaire de gestion des crises (CTCCM) s’est concentrée sur les foyers comptant au moins un enfant handicapé, blessé ou non accompagné. «Nous avons rencontré des enfants blessés, séparés et handicapés et leurs soignants pour les entendre parler des conséquences de la guerre sur leur vie. Ce qu’ils ont partagé était dévastateur, mais malheureusement, pas surprenant.

 Cette étude renforce ce que nous avons vu, entendu et observé pendant plus d’un an. Les enfants sont traumatisés par cette guerre, et nous devons réagir», a déclaré un porte-parole et coordinateur technique du projet du CTCCM à Ghaza.   Les personnes qui s’occupent des enfants signalent que 96% d’entre eux ont le sentiment que la mort est imminente, et près de la moitié pensent qu’ils mourront à cause de la guerre. 

De nombreux enfants présentent des symptômes d’agressivité, de peur, de repli sur soi et d’anxiété grave, ainsi qu’un sentiment omniprésent de désespoir. Des années de déplacement, de perte et de bombardements incessants ont laissé des enfants psychologiquement marqués et leurs familles dans des conditions désastreuses. L’enquête a révélé aussi que 88% des familles ont été déplacées à plusieurs reprises, et 21% ont été contraintes de déménager six fois ou plus. 

La plupart des familles vivent avec moins de 122 euros par mois, aux prises avec la flambée des prix de la nourriture et des produits de première nécessité en raison du blocus (israélien) en cours et des restrictions sur l’aide humanitaire. 

Parallèlement, 80% des soutiens de famille sont au chômage, ce qui reflète les conséquences économiques dévastatrices de la guerre. «Pour les enfants de Ghaza, aucun endroit n’est sûr. Ils ont vu des maisons détruites, des proches tués et des écoles réduites en ruines. Même les zones dites d’évacuation ne sont pas épargnées par les bombardements. 

La santé mentale des enfants de Ghaza est constamment menacée», a affirmé Rob Williams, PDG de War Child Alliance. Les conclusions du rapport soulignent que la communauté internationale doit agir de toute urgence. «Un cessez-le-feu est impératif pour permettre la livraison sans restriction de l’aide humanitaire. 

Des fournitures essentielles, notamment des fournitures médicales et des compléments alimentaires, doivent parvenir immédiatement à ceux qui en ont besoin. La santé mentale et le soutien psychosocial doivent être renforcés pour répondre au traumatisme généralisé subi par les enfants et leurs familles», a estimé War Child Alliance. Face à l’ampleur de la crise, l’association War Child et ses partenaires ont pu jusqu’à présent aider 17 000 enfants à Ghaza en leur fournissant un soutien en matière de santé mentale. Elle vise à aider un million d’enfants avec notamment un soutien psychosocial. 

L’ONU avait indiqué, en février dernier, qu’au moins 17 000 enfants sont «non accompagnés ou séparés» de leur famille dans la bande de Ghaza, véritable «usine à désespoir». Les femmes et les enfants représentaient «près de 70 %» des victimes dans l’enclave palestinienne, alors qu’environ 1,9 million de Palestiniens ont été contraints de fuir leurs foyers, soit 85% de la population de Ghaza, d’après le coordinateur des affaires humanitaires des Nations unies, Martin Griffiths.


Au moins 18 morts

La Défense civile de Ghaza indiqué, hier, que des frappes israéliennes dans la nuit dans la bande de Ghaza avaient fait au moins 18 morts parmi lesquels quatre personnes déplacées qui s’étaient réfugiées dans une tente. Les secouristes ont travaillé toute la nuit et retrouvé 18 corps, tandis que des dizaines de personnes ont été blessées, a précisé le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal. Parmi les morts, figurent quatre personnes tuées dans un bombardement sur une maison du centre de Ghaza-ville. Quatre autres ont été tuées et huit blessées dans une frappe sur une tente abritant des dizaines de personnes déplacées à Deir El Balah, ville dans le centre du territoire palestinien, selon la même source. 

Des photos de l’AFP ont montré des habitants récupérant les corps de proches dans un hôpital de Ghaza-ville, tandis que d’autres corps sont dissimulés sous des couvertures.  L’armée israélienne, qui mène depuis plusieurs semaines des opérations militaires dans le nord de la bande palestinienne, a fait des victimes parmi le personnel soignant.

 Cette situation aggrave encore la situation du système de santé dans la bande de Ghaza plongée dans une grave crise humanitaire. «Nous souffrons d’une pénurie de personnel médical en raison du ciblage et du martyre d’un grand nombre de médecins et d’infirmières», a témoigné à des journalistes Houssam Abou Safiya, directeur de l’hôpital Kamal Adwan, dans le nord de la bande de Ghaza. Il a affirmé que des frappes aériennes et des tirs d’artillerie continuaient à viser l’hôpital et ses environs, exacerbant la crise et mettant en danger à la fois les patients et le personnel médical. 

L’Assemblée générale de l’ONU a réclamé, mercredi dernier à une très large majorité, un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel à Ghaza, un appel symbolique rejeté par Israël et les Etats-Unis. «Nous sommes reconnaissants de ce soutien écrasant», a réagi l’ambassadeur palestinien, Riyad Mansour. «Nous continuerons à frapper à la porte du Conseil de sécurité et de l’Assemblée jusqu’à ce qu’un cessez-le-feu soit mis en place», a ajouté le diplomate, qui lors des débats avait appelé la communauté internationale à mettre fin au «cauchemar» des habitants de Ghaza. «Ghaza est le cœur sanglant de la Palestine et une blessure ouverte pour l’humanité», avait-il alors lancé, évoquant les images de souffrances qui devraient «hanter la conscience du monde». 

La résolution, adoptée sous les applaudissements par 158 voix pour, 9 contre et 13 abstentions, exige un «cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent» ainsi que «la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages», une formulation similaire au texte bloqué il y a quelques semaines au Conseil de sécurité par un veto américain. 

Amnesty International a publié récemment un rapport accusant Israël de «commettre un génocide» contre les Palestiniens. L’organisation de défense des droits humains a appelé la communauté internationale à ne pas en être «complice»

Copyright 2024 . All Rights Reserved.