Un avion transportant des rebelles yéménites a quitté hier l’Arabie Saoudite pour Sanaa, aux mains des insurgés, tandis que des détenus saoudiens s’apprêtaient à rejoindre leur pays, au deuxième jour d’un vaste échange de prisonniers dans la guerre au Yémen.
L’opération, qui s’inscrit sur fond de réchauffement entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, a débuté vendredi entre le gouvernement yéménite, appuyé par une coalition militaire dirigée par Ryad, et les rebelles houthis, soutenus par Téhéran, sur fond de pourparler visant à mettre fin au conflit qui ravage ce pays depuis plus de huit ans.
Vendredi, 318 prisonniers, dont l’ancien ministre de la Défense du Yémen et le frère de l’ancien président, avaient été transportés entre Aden, contrôlée par le gouvernement, et la capitale Sanaa, aux mains des Houthis depuis plus de huit ans. En tout, près de 900 détenus devaient être libérés sur trois jours, selon le CICR, conformément à un accord conclu début mars en Suisse.
Hier, un premier avion a décollé de l’aéroport d’Abha, dans le sud du royaume, avant 9h00 (06h00 GMT), avec 120 détenus Houthis à bord, a indiqué à l’AFP Jessica Moussan, chargée des relations avec les médias au CICR.
Les prisonniers avaient été emmenés en bus sur le tarmac de cet aéroport qui avait été la cible d’attaques de missiles des Houthis dans le passé, selon un photographe de l’AFP sur place. Parallèlement, des membres de la coalition militaire détenus par les Houthis - 16 Saoudiens et trois Soudanais - devaient être transférés hier de Sanaa à Ryad, la capitale saoudienne.
Un troisième avion doit transporter plus tard 117 détenus Houthis de Abha à Sanaa, et trois vols assureront la liaison entre les villes yéménites de Mokha (sud) et de Sanaa, transportant une centaine de prisonniers.
La guerre au Yémen a provoqué l’une des pires crises humanitaires au monde, avec des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés, dans un contexte d’épidémies, de manque d’eau potable et de faim aiguë. Plus des trois quarts de la population dépendent d’une aide internationale qui ne cesse pourtant de diminuer.
Les combats ont largement cessé depuis la négociation d’une trêve par les Nations unies il y a un an, même si celle-ci a officiellement pris fin en octobre. La semaine dernière, une délégation saoudienne s’est rendue à Sanaa pour des pourparlers visant à relancer la trêve et à jeter les bases d’un cessez-le-feu plus durable.
La délégation est repartie jeudi de Sanaa avec un «accord préliminaire» de trêve et la promesse de «nouveaux pourparlers», selon un responsable rebelle qui a souhaité garder l’anonymat.
Les pourparlers avaient été qualifiés de «positifs» par le négociateur en chef des Houthis, Mohammed Abdelsalam. Cette vaste opération d’échange de prisonniers, la plus importante depuis la libération de plus de 1000 prisonniers en octobre 2020, s’inscrit dans un contexte d’apaisement régional.
Les deux grandes puissances, l’Arabie Saoudite et l’Iran, ont conclu en mars un accord, négocié par la Chine, en vue d’une reprise de leurs relations après sept ans de rupture, susceptible de changer la donne régionale.