Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé, mardi soir, les parties au conflit au Soudan à respecter le cessez-le-feu et à se mettre d’accord sur une cessation définitive des hostilités.
Lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Soudan, le SG de l’ONU a souligné que depuis que les affrontements ont éclaté il y a dix jours entre l’armée régulière et des paramilitaires, au moins 450 personnes ont été tuées, plus de 4000 personnes blessées, et des dizaines de milliers d’autres ont fui leur domicile. «Dans tout le pays, des affrontements armés sont signalés.
Des personnes ont fui leurs foyers dans les Etats du Nil Bleu et du Kordofan du Nord, ainsi qu’à travers le Darfour», a-t-il indiqué. Selon le SG de l’ONU, ce conflit «allume une mèche qui pourrait exploser au-delà des frontières, causant d’immenses souffrances pendant des années et retardant le développement de plusieurs décennies», a-t-il mis en garde.
Pour cette raison, «les combats doivent cesser immédiatement», a souligné M. Guterres, tout en appelant les parties au conflit à faire taire les armes.
«Ce conflit ne sera pas et ne doit pas être résolu sur le champ de bataille», a-t-il plaidé. Le haut responsable onusien a, par ailleurs, exhorté tous les membres du Conseil de sécurité et les autres Etats membres et organisations régionales influentes à encourager les belligérants «à désamorcer les tensions et à retourner immédiatement à la table des négociations».
De son côté, le chef de la mission de l’ONU au Soudan a dénoncé le «peu de considération» pour les civils des belligérants qui attaquent des zones habitées, «au mépris du droit de la guerre». «Les deux parties belligérantes combattent au mépris du droit et des règles de la guerre, attaquant des zones densément peuplées, avec peu de considération pour les civils, pour les hôpitaux ou même pour les véhicules transférant les blessés et les malades», a déclaré Volker Perthes.
Dans la capitale, des combats entre l’armée régulière et les Forces de soutien rapide (FSR/paramilitaires) autour de «lieux stratégiques» ont «largement continué et parfois même se sont intensifiés», a noté Volker Perthes, qui s’exprimait depuis Port-Soudan, dans l’est du pays, où l’ONU a relocalisé une partie de son personnel. «Il n’y a pour l’instant aucun signe clair que l’un ou l’autre (des deux généraux) est prêt à vraiment négocier, suggérant que les deux pensent qu’une victoire militaire est possible. C’est une erreur de calcul», a-t-il insisté. «Même si un camp gagne, le Soudan perdra».
De manière générale, les combats «ont créé une catastrophe humanitaire dont les civils paient le prix», a commenté le responsable onusien.
Les combats au Soudan «sont en train de rapidement transformer une crise humanitaire déjà grave en catastrophe», a alerté de son côté l’adjointe du secrétaire général de l’ONU pour les Affaires humanitaires, Joyce Msuya. «Ce qui se passe au Soudan depuis le 15 avril, lorsque des affrontements entre les Forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) ont éclaté, est un cauchemar pour les citoyens ordinaires et les travailleurs humanitaires», a-t-elle dit lors d’une réunion mardi du Conseil de sécurité de l’ONU sur la situation au Soudan. «Même avant le 15 avril, les besoins humanitaires au Soudan atteignaient un niveau record. Jusqu’à 15,8 millions de personnes, soit un tiers de la population du pays, avaient besoin d’aide humanitaire.
Quatre millions d’enfants et de femmes enceintes et allaitantes souffraient de malnutrition. Quelque 3,7 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays», a-t-elle noté. «Ce conflit ne fera pas qu’approfondir ces besoins. Il menace également de déclencher une toute nouvelle vague de défis humanitaires. Les combats entravent massivement et mettent en péril les opérations d’aide.
Une crise humanitaire est en train de se transformer rapidement en catastrophe», a-t-elle averti. Par ailleurs, Mme Msuya a rappelé que l’«engagement de l’ONU envers le peuple soudanais reste résolu même si la situation est extrêmement dangereuse et alarmante», ajoutant que l’ONU «explore ses moyens de reconstituer les stocks afin de pouvoir fournir de l’aide à ses partenaires à Port-Soudan et ailleurs, dès qu’il sera possible de le faire en toute sécurité».
L’ONU fait fonctionner un centre à Nairobi, au Kenya, pour soutenir sa réponse rapide, et se prépare à l’afflux de réfugiés dans les pays de la région, a-t-elle rappelé. Et de préciser encore : «Ce dont le peuple soudanais a besoin, ce dont nous avons besoin pour parvenir jusqu’à lui, c’est d’un cessez-le-feu immédiat et d’une solution durable à la crise.»