Gué de Constantine : Une grande anarchie générée par le marché de gros

29/04/2023 mis à jour: 03:13
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Photo : D. R.

Un marché qui ne répond pas aux normes et dont la délocalisation est une nécessité.

La localité de Gué de Constantine a pris une configuration tout à fait singulière, celle d’un marché qui s’est accaparé les moindres espaces de la cité. L’étendue grandissante du négoce ne signifie pourtant pas son exercice dans la légalité. Nombre de commerçants exercent en dehors du circuit commercial légal. «Il y a environ 200 commerçants qui ne sont pas détenteurs du registre de commerce.

Néanmoins, ils exercent en toute impunité, et ce, en l’absence d’un contrôle rigoureux devant les identifier», confie un commerçant qui a requis l’anonymat. La décision de délocaliser ces commerces dans deux nouvelles structures se trouvant à Boumati dans la commune d’El Harrach et à Kharouba dans la commune de Boudouaou, n’a toujours pas trouvé un terrain d’application. «Le marché de Boumati compte 112 carreaux.

Celui de Kharouba en compte 549. Ces deux marchés conviennent parfaitement pour ce genre d’activité commerciale qui requiert des normes», assure-t-il. En attendant que cette disposition soit appliquée, le marché de Boumati a été affecté à d’autres commerçants ; celui de Kharouba a été complètement abandonné.

La structure est actuellement occupée par des marchands informels, on y organise également un marché hebdomadaire qui attire des vendeurs de toute la région. La question du marché de gros de Gué de Constantine est reléguée, pour ainsi dire, au second plan et les habitants de la localité devront encore supporter les désagréments qui émanent de ce marché.

Dans ce royaume du commerce informel, des entrepôts situés dans le rez-de-chaussée de constructions grossières sont loués à prix fort : «Les prix de la location atteignent des sommets. Pas moins de 500 000 DA par mois», affirme un habitant de la localité. Derrière de volumineuses et lourdes portes métalliques s’entassent des marchandises originaires de tout le pays. A proximité des locaux, des clients venus des quatre coins de l’Algérie patientent.

Le marché est considéré comme le plus grand espace commercial consacré à la vente en gros de produits alimentaires de large consommation. Dans ce lotissement tentaculaire, les grossistes s’y sont installés à la fin des années 1990. L’APC a attribué des lots de terrain pour la construction d’habitations.

Cependant, le quartier a vite changé de vocation. Il s’est mu en l’espace de quelques années seulement en un grand marché, où sont écoulées des tonnes de marchandises et où sont brassées des sommes faramineuses, tout cela en l’absence d’un contrôle fiscal à même de réduire les fraudes.

Car la plupart des transactions sont effectuées en dehors du circuit légal : «L’absence de factures et la non-utilisation de chèques sont des pratiques courantes. Les commerçants qui exercent dans ce marché ne respectent pas la réglementation».

Les producteurs locaux ont offert aux habitants du lotissement, à l’origine modeste et démunis, la possibilité de donner en location les dépôts qu’ils ont construits.

Rapidement, le lieu est devenu le temple d’une activité commerciale intense et florissante. «Le lotissement ne s’y prête guère pour une telle activité. Au départ, le quartier était consacré aux habitations et non à l’activité commerciale, il doit revenir à sa vocation première», soutient un habitant. 

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