Une première dans les annales de l’Assemblée populaire de la wilaya (APW) d’El Tarf. A l’ouverture de la deuxième session ordinaire de l’année en cours à l’APW d’El Tarf, tout le monde était présent, élus et exécutif.
Comme de coutume, tous les présents se lèvent à l’entrée du wali et du P/APW, mais les élus ne se rassoient pas. Pis, ils quittent la salle sans un mot.
Motif, «le limogeage du directeur de la santé et de la population (DSP), Dr Bada Hadj Abderahmane, exigé par l’APW le 11 novembre 2022 lors de la 3e session annuelle après l’examen de ce secteur névralgique», a-t-on appris.
Ce jour-là, le DSP a été vivement pris à partie par le P/APW : «Vous êtes incompétent et le secteur en pâtit. Vous maltraitez les agents, dont les infirmiers, et les femmes de ménage, en usant de propos inappropriés».
Selon nos sources, le DSP avait reçu à ce moment la consigne stricte de ne formuler aucune réponse et de polémiquer encore. Mieux, deux enquêtes administratives, l’une ministérielle et l’autre locale, auraient été ouvertes dont on ignore leurs conclusions et recommandations.
Deux heures après avoir quitté la salle, l’APW, qui s’est réuni dans le bureau du Président, se fend d’un communiqué qui reprend la demande expresse du départ du DSP et explique que son boycott durera le temps qu’il faut, mais sans porter préjudice aux attentes de la population qui espère la concrétisation des projets retenus dans les programmes de développement sectoriels et communaux.
«Nos griefs à l’égard du premier responsable de la Santé ont fait l’objet d’enquêtes et le rapport que nous avons établi ne souffre d’aucune ambiguïté, nous avons relevé une gestion épouvantable des personnels, des infrastructures et des équipements», précisera Boussaha Redjem, le P/APW.
Les personnels de la santé se plaignent. Nombreux, en effet, rapportent des actes et paroles déplacées de Bada Hadj Brahim lors de ses visites dans les établissements sous tutelle. Nous citerons un seul exemple, éloquent, celui qui a mené les médecins et spécialistes des conseils scientifiques des hôpitaux à rencontrer le wali pour «abus d’autorité».
En effet, par le biais des directeurs des hôpitaux assujettis malgré eux, et sans s’en cacher, au contraire, il s’ingérait dans les décisions strictement médicales et techniques relevant des seuls Conseils.
Le wali, qui malgré ses sorties quasi quotidiennes est très loin de faire dans la communication efficiente. Il ne donne aucune explication sur ce genre d’affaires se contentant de l’étalement de chiffres et de dates… aléatoires.
C’est le black-out sur de nombreuses préoccupations de l’heure comme en ce moment celle qui est dans toutes les bouches, les médias et dans la rue, l’ouverture du dernier tronçon de l’autoroute Est-ouest de 87 km entre Dréan et la frontière tunisienne. Annoncée à différentes reprises depuis deux ans et par les plus hautes autorités du pays, elle n’a pas eu lieu ce 5 juillet.
Aucune explication, bien entendu, encore moins d’excuses pour des milliers de personnes qui attendent de pouvoir éviter enfin la RN 84 et la RN44 traversant une quinzaine d’agglomérations.
Une affaire passée au premier plan de cette wilaya qu’on aurait aimé voir l’APW et ses membres, promptes pourtant au boycott soigneusement organisé, mettre le hola sinon dénoncer un retard qui a trop duré.
Rappelons que le Dr Bada Hadj Abderahmane est venu de la wilaya d’Oum Bouaghi. Il a été, installé le 14 novembre 2020 à El Tarf au cœur d’un mouvement de contestation des personnels de la Santé pour qui cette nomination serait une mesure disciplinaire en regard de ses agissements à Oum El Bouaghi.
Mais il y avait également une raison plus sournoise, celle de maintenir et de confirmer la directrice qui assurait l’intérim.