Des spécialistes revendiquent l’application de mesures plus répressives à l’encontre de ceux qui osent ériger des constructions illicites sur les espaces verts.
La réalisation, la gestion et la protection des espaces verts en Algérie particulièrement à Constantine deviennent une véritable problématique nécessitant une rigueur de la part des autorités et un civisme des citoyens. Pour cela, l’écart entre la loi et la réalité sur terrain doit être discuté pour mettre un terme à toute défiguration environnementale.
Ce thème assez délicat a fait l’objet d’un colloque national organisé jeudi dernier, par le laboratoire des études juridiques appliquées et la faculté des droits de l’université Frères Mantouri de Constantine. Une rencontre qui a permis à des intervenants de dévoiler que tous les mécanismes juridiques existent pour la gestion des espaces verts.
Malheureusement, les interventions sur terrain font défaut. D’abord quel est le rôle des espaces verts dans la promotion des villes entre planification et exécution ? «Avant cela, il faut d’abord se poser la question sur le plan d’urbanisation (locale et nationale) et son exécution. Localement nous avons le POS et le PDAU. Ce dernier, qui est l’outil de la gestion urbaine, partage la wilaya en 5 communes, dont Constantine, Hamma Bouziane, Didouche Mourad, El Khroub et Aïn S’mara. Si vous remarquez bien, vous constatez qu’un grand défi se manifeste entre sa planification et son exécution», a répondu Dr Sana Benchertioua spécialiste dans la loi du foncier et enseignante à la faculté des droits à l’université Frères Mentouri. Et d’évoquer la propagation des constructions illicites ainsi que le squat anarchique des espaces.
Ce phénomène est considéré comme le premier obstacle dans la réalisation des différents plans. Pourtant, ajoute Dr Benchertioua, il existe des textes régissant le secteur urbain et les constructions illicites, notamment la loi 90-25 et la loi 08-15.
L’application de cette dernière n’a pas vu le jour sur terrain à cause des agressions urbaines qui échappent à tout contrôle. Systématiquement ce phénomène, qui a défiguré la ville de Constantine à titre d’exemple, va entraver l’application des lois sur la gestion des espaces verts. «Parmi les recommandations à prendre en considération, je note l’application rigoureuse des mesures répressives à l’encontre des constructeurs illicites. Il faut mobiliser aussi la police de l’urbanisme et de la protection de l’environnement, afin d’inculquer au citoyen l’importance de l’espace vert pour la santé, le commerce et pas uniquement pour le divertissement», a souligné Dr. Benchertioua. Et d’appeler le législateur à criminaliser toute forme d’agression sur un espace vert.
Des constructions illicites régularisées
Mais, il faut noter que le premier à bafouer les lois ne sont autres que les autorités, qui ont tendance à régulariser des constructions illicites dépourvues des moindres notions architecturales, d’espace vert ou de symbole culturel. Les responsables locaux ont cautionné au fil des années le fait de déparer l’image urbanistique à travers les permis de construire délivrés par les communes.
Ces dernières n’exigent en aucun cas la réalisation d’un espace vert ou la plantation d’un arbre. Dans ce sens, Mme Benchertioua répondra que tout projet dépourvu d’espace vert devrait être refusé. Pour sa part et lors de son intervention, Dr Karima Ferdi, présidente de ce colloque, affirme que mis à part la région de la Kabylie, la notion de la ville écologique est quasiment absente, y compris à Constantine présentant l’exemple de la nouvelle ville Ali Mendjeli.
Quoique, l’Algérie possède toutes les mesures pour promouvoir ce secteur, à l’instar de la loi 07-06 régissant la gestion des espaces verts et le décret exécutif 101 pour le prix national de la ville verte, mais en vain. «Le problème ne concerne pas uniquement la réalisation, mais aussi la protection de ce que nous avons actuellement. Les espaces verts existants sont très réduits, surtout après les feux de forêt, et ce phénomène agit directement sur la vie du citoyen. On doit commencer par la sensibilisation via la société civile en ciblant les étudiants et les enfants», a déclaré en marge de la rencontre Ahmed Melha ingénieur agronome et président de l’association nationale du volontariat. Et de poursuivre que les autorités doivent s’orienter vers la culture de la végétation adéquate à notre climat et qui résiste au stress hydrique.