Après diverses expériences, les pouvoirs publics se rendent compte que la concession des plages n’est pas une mauvaise idée. Gelé en 2016, ce mode d’exploitation des plages sera de retour dès cet été.
Dans une instruction envoyée en début de ce mois aux walis, le ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire rappelle les avantages de cette formule, soulignant qu’elle permet de garantir une gestion professionnelle des plages et d'assurer des services de qualité aux estivants. Le département de Brahim Merad instruit les walis des 14 wilayas côtières «d’entamer en urgence les procédures d’adjudication ouverte pour la concession des plages en vue de leur exploitation touristique conformément à la législation en vigueur».
Selon ladite instruction dont nous disposons d’une copie, la concession devra se faire conformément à la loi 03-02 du 17 février 2003 et le décret exécutif 04-274 du 5 septembre 2004 fixant les conditions d’exploitation touristique des plages ouvertes à la baignade. Il faut dire que ce modèle de gestion a été abandonné par les autorités en été 2016 après une vague de contestations dénonçant des velléités de privatisation de ces espaces de détente.
La concession a toujours été la hantise des estivants. Son abandon par les autorités a été motivé aussi par le diktat des parasoliers et autres indus exploitants qui s'autoproclament comme propriétaires incontestés des lieux. Une situation qui a amené les autorités à limiter les concessions uniquement pour les établissements hôteliers et les complexe hôteliers, mais cela n’a pas empêché certaines bandes de continuer à s’adonner à leur business habituel.
La nouvelle (ancienne) approche n’a visiblement rien de nouveau puisque la concession sera de mise au niveau d’un tiers de la superficie de chaque plage. L’accès aux autres espaces sera donc libre. «La concession ne peut concerner que les parties réservées à cet effet par le plan d'aménagement de la plage tel que délimité par arrêté du wali territorialement compétent…», énonce l’article 5 du décret susmentionné.
Bien qu’elle intervienne à un mois de la saison estivale, le retour à l’ancienne formule a été salué par beaucoup d’investisseurs et d'acteurs du secteur du tourisme. «C’est une très bonne chose. La concession permet non seulement de lutter contre l’exploitation anarchique des plages, mais aussi de garantir leur propreté. Cela sans oublier les dividendes qui seront générés pour les collectivités locales», estime un gérant d’hôtel à Boumerdès.
Au niveau des directions du tourisme des 14 wilayas côtières, c’est le branle-bas de combat. Ces directions sont sommées de délivrer les contrats de concession (5 ans renouvelables chaque année) avant d’ouverture de la saison estivale qui, habituellement, aura lieu le 1er juin de chaque année.
Dans sa missive, le ministère de l’Intérieur, souligne l’importance de prendre contact avec les professionnels du tourisme afin de les inciter à participer aux appels d’adjudication et à favoriser les hôteliers et les complexes touristiques à adhérer à la démarche.
Misant sur la qualité, le ministère semble en effet vouloir réussir la prochaine saison estivale et limiter le nombre d’Algériens qui passent leurs vacances à l’étranger. «Les mentalités doivent changer. Le tourisme n’est pas l’affaire des communes. Ce n’est pas à l’Etat de nettoyer les plages et de s’occuper du confort des vacanciers», appuie un gérant d’une agence de voyages, précisant que la concession de portions de plage aux complexes bordant la mer a déjà donné de bons résultats.
Outre l’hébergement, plusieurs établissements organisent des galas artistiques et autres activités ludiques et de divertissement à même la plage. Ce qui n’était pas le cas il y a quelques années.