Le marché mondial du GNL est fortement perturbé, depuis des mois, suite aux attaques des Houthis en mer Rouge. Une fragilité qui impacte l’équilibre entre l’offre et la demande et pousse les prix à la hausse. Selon une analyse de l’Oxford Institute for Energy Studies, «la fragmentation du marché du GNL en raison des frappes des Houthis contre les transports maritimes occidentaux continue d’ajouter des risques sur le marché mondial du GNL.»
Ainsi, le détournement des navires de la mer Rouge rendrait l’Europe plus dépendante du GNL américain, et russe- en dépit des sanctions occidentales - car le GNL qatari deviendrait plus difficile à y expédier, tandis que ce même GNL qatari irait davantage vers l’Asie, souligne la même source.
L’étude indique, en outre, que le marché du GNL restera dans son état actuel fragmenté – ou peut-être segmenté – au moins pendant quelques mois encore, voire plus si les agressions israéliennes en Palestine se prolongent au-delà de 2024.
Selon l’Oxford Institute for Energy Studies, «aucune cargaison de GNL n’a été transportée à traversé la mer Rouge depuis le 12 janvier 2024.» En outre, «la perturbation affecte principalement les livraisons de GNL vers l’Europe depuis le Qatar, et les livraisons vers l’Asie depuis les États-Unis, la Russie, l’Algérie et l’Égypte.
Par conséquent, les marchandises sont réacheminées via le Cap de Bonne-Espérance (Afrique du Sud), ou détournées vers d’autres marchés», ajoute la même source. Les itinéraires plus longs impliquent ainsi des coûts de transport plus élevés (frais d’affrètement quotidiens et coûts de carburant pour les navires) et un plus petit volume de GNL pouvant être livré par chaque navire sur une période de temps donnée.
Les exportations vers l’Asie des États-Unis et de la Russie se poursuivent via le Cap de Bonne-Espérance, tandis que les exportations d’Afrique du Nord vers l’Asie ont pratiquement cessé, selon le rapport. Les exportations du Qatar vers l’Europe étaient par ailleurs soutenues en janvier, mais ont diminué en février, ce qui suggère certains détournements de cargaisons vers l’Asie.
«L’augmentation des coûts opérationnels (en temps et en argent) représente une « prime de transport de GNL inter-bassins» qui sera supporté par les exportateurs. «Ces coûts supplémentaires ne seront récupérés qu’en augmentant prix de vente si la perturbation entraîne une hausse des prix des importations de GNL en Europe et en Asie», peut on lire dans le document.
En Europe, l’offre de GNL en provenance du Qatar pourrait potentiellement diminuer de 50%), soit l’équivalent de 7,6 Mt, en raison d’une combinaison de détournements de marchandises vers l’Asie et d’une capacité de transport effective réduite pour le volume restant livré en Europe.
«Un tiers de cette réduction de l’offre en provenance du Qatar pourraient être compensées par l’approvisionnement en GNL de l’Afrique du Nord détourné de l’Asie vers l’Europe, et 1,5 million de tonnes supplémentaires pourraient provenir de nouveaux projets d’exportation en Afrique de l’Ouest au second semestre 2024.» souligne l’Oxford Institute for Energy Studies. En plus de ces perturbations, si une interruption de production survenait dans l’un des principaux pays producteurs, rendrait la compensation par un autre producteur plus difficile.