Gabon : Le général Oligui prête serment en qualité de «président de la transition»

05/09/2023 mis à jour: 19:01
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Le nouvel homme fort du Gabon, le général Brice Oligui Nguema, hier lors de son investiture en tant que président par intérim du Gabon - Photo : D. R.

Le chef de la Garde républicaine (GR) a annoncé des «élections libres» et «transparentes» à l’issue de la période de transition et s’est engagé à amnistier les «prisonniers d’opinion». Une partie de l’opposition au président Ali Bongo, notamment les partisans d’Albert Ondo Ossa, candidat «consensuel» de la plateforme Alternance 2023, revendique la victoire à la présidentielle du 26 août.

Le général Brice Oligui Nguema, qui a renversé Ali Bongo il y a cinq jours au Gabon, a prêté serment hier comme président d’une «transition» dont il n’a pas fixé la durée, rapporte l’AFP. A cette occasion, il a promis de «préserver en toute fidélité le régime républicain», «de préserver les acquis de la démocratie».

Le chef de la Garde républicaine (GR), l’unité d’élite de l’armée qu’il commande jusque-là, a également annoncé des «élections libres» et «transparentes» à l’issue de la période de transition et s’est engagé à amnistier les «prisonniers d’opinion». Des militaires putschistes ont annoncé le 30 août la «fin du régime» d’Ali Bongo Ondimba, qui dirigeait le Gabon depuis 14 ans, moins d’une heure après la proclamation de sa réélection lors de l’élection du 26 août, estimant qu’elle a été truquée.

Le lendemain, ils ont proclamé le général Oligui, 48 ans, président d’un Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI). La famille Bongo dirigeait sans partage depuis plus de 55 ans ce pays d’Afrique centrale, parmi les plus riches du continent grâce à ses richesses naturelles, notamment le pétrole, le manganèse et le bois.

Ali Bongo Ondimba, 64 ans, en résidence surveillée depuis le putsch, a été élu en 2009 à la mort de son père Omar Bongo Ondimba, qui a déjà dirigé le pays plus de 41 ans.

L’Union africaine, l’Union européenne, l’ONU et une grande partie des capitales occidentales ont certes condamné le coup d’Etat mais ont relevé une «différence» avec les putschs dans d’autres pays du continent (huit en trois ans), parce qu’il a été précédé, selon elles, d’une élection manifestement frauduleuse. Jeudi, le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a relevé la différence entre les coups d’Etat au Niger et au Gabon, affirmant que le putsch de Libreville fait suite à des élections entachées «d’irrégularités».

«(…) Nous ne devons pas oublier qu’au Gabon il y avait eu des élections pleines d’irrégularités», a-t-il observé, depuis Tolède, en Espagne, en marge d’une réunion des ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept, affirmant qu’une élection truquée pouvait être interprétée comme un «coup d’Etat institutionnel». «La situation est radicalement différente» de celle du Niger, a-t-il indiqué.

Dans un entretien au journal français Le Figaro publié vendredi soir, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a rappelé que son pays «condamne tous les coups de force (...) Pour autant, nous ne pouvons pas mettre sur le même plan la situation au Niger, où des militaires illégitimes ont destitué un président légitimement élu, et celle du Gabon, où le mobile avancé par les militaires est précisément le non-respect de la loi électorale et de la Constitution. Car de fait, et, je pèse mes mots, il existe des doutes sur la sincérité des élections dans ce pays».

Que fera l’opposition ?

Lors d’un discours jeudi, le général Oligui a sermonné plus de 200 chefs d’entreprises gabonaises en accusant certains d’avoir participé à la corruption. Il les a menacés de poursuites en accusant bon nombre d’entre eux d’avoir alimenté la corruption au sommet du pouvoir. Il leur a reproché un manque de «patriotisme», les a sommés de «se remettre en cause» et de «stopper» la pratique répandue de la «surfacturation» dans les contrats avec l’Etat, donnant lieu à des rétrocommissions à de hauts responsables.

Ceci dit, selon un rapport du consortium d’investigations Organized Crime and Corruption Reporting Project en 2020, le général Oligui s’est constitué un important patrimoine aux Etats-Unis, où il a acheté trois propriétés en 2015 et 2018 dans le Maryland, pour un total de plus d’un million de dollars, payé en espèces.

Le nouvel homme fort de Libreville a promis vendredi d’organiser, sans préciser quand, «des élections libres, transparentes, crédibles et apaisées». Mais ceci seulement après avoir fait adopter, «par référendum», une nouvelle Constitution pour des «institutions plus démocratiques » et «respectueuses des droits humains», a-t-il soutenu.

Sachant qu’une partie de l’opposition au président Ali Bongo, notamment les partisans de Albert Ondo Ossa, candidat «consensuel» de la plateforme Alternance 2023, revendique la victoire à la présidentielle du 26 août. Ce dernier a exhorté les putschistes à lui céder le pouvoir en assurant avoir remporté la présidentielle qu’ils ont «annulée» prétextant qu’elle a été entachée de «fraudes». Faisant état notamment de supposés liens familiaux entre MM.

Oligui et Bongo, il a dénoncé une «révolution de palais», plutôt qu’un coup d’Etat, et la perpétuation du «système Bongo» par le biais du général Brice Oligui Nguema. Dimanche, les ténors de la coalition Alternance 2023 ont été reçus, en son absence, par le général Oligui au palais présidentiel, selon des images des télévisions publiques.

Ancien Premier ministre d’Ali Bongo, et rival d’Ondo Ossa dans Alternance 2023 avant de se désister pour lui, Raymond Ndong Sima a indiqué que «demander un recomptage des voix n’est pas raisonnable, on ne peut pas se fier à ce genre de matériaux», puisque toutes les opérations de vote ont été frauduleuses.

«Nous devons discuter avec les militaires, qu’ils ne s’enferment pas en nous reprochant de ne pas avoir participé à la transition», a-t-il observé. «On ne doit pas leur faire de procès d’intention», a-t-il ajouté, souhaitant une transition de «24 mois maximum». Il s’est dit «intéressé par la prochaine présidentielle» à laquelle «les militaires ne doivent pas participer». 

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