Fukushima : le Japon tente de convaincre avant le rejet dans l'océan des eaux de la centrale nucléaire

05/07/2023 mis à jour: 01:20
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Le gouvernement nippon mène une campagne visant à rassurer en interne comme à l'extérieur sur la non dangerosité de l'opération.

Poissons en streaming, voyages d'études et inspections : le Japon tente d'apaiser la polémique avant son rejet très controversé dans l'océan d'eau issue de la centrale accidentée de Fukushima. Les autorités nippones sont confrontées à un problème massif, alors que la centrale de Fukushima Daiichi (nord-est du pays), ravagée par la triple catastrophe séisme-tsunami-accident nucléaire de mars 2011, produit chaque jour quelque 100.000 litres d'eau contaminée. Au point qu'environ 1,33 million de tonnes de cette eau, issue de la pluie, des nappes souterraines ou des injections nécessaires pour refroidir les cœurs des réacteurs nucléaires entrés en fusion en 2011, sont aujourd'hui stockées sur le site de la centrale, bientôt arrivé à saturation.

Craintes infondées ?

L'opérateur Tepco et le gouvernement japonais veulent rejeter - après traitement et dilution à l'eau de mer - cette eau dans l'océan à un kilomètre des côtes, via un conduit sous-marin construit pour cet usage. La filtration permet d'éliminer de l'eau la plupart des radionucléides qu'elle contient, à l'exception du tritium, et ils affirment que celle-ci ne sera pas différente des eaux régulièrement rejetées par d'autres centrales nucléaires, un point de vue partagé par certains experts.

«Il est probable qu'aucun impact sur l'environnement ou la santé humaine ne sera observé», estime Tony Hooker, maître de conférences au Centre de recherche sur les radiations de l'université d'Adélaïde, jugeant le projet japonais «solide». Pour Jim Smith, professeur de sciences de l'environnement à l'université de Portsmouth, les craintes concernant les risques pour l'écosystème de l'océan Pacifique «ne sont pas fondées sur des preuves scientifiques».

Critiques persistantes

Le gouvernement japonais et Tepco sont néanmoins confrontés à des inquiétudes et critiques persistantes, certains soulignant les erreurs commises lors de l'accident de 2011 comme motifs de méfiance. L'organisation Greenpeace a ainsi été l'une des voix les plus critiques contre ce projet, accusant le gouvernement d'avoir «minimisé les risques de radiation». Les voisins du Japon, de la Chine aux pays du Pacifique, ont également exprimé des inquiétudes et les communautés locales de pêcheurs craignent que leurs années d'efforts pour rétablir la confiance des consommateurs ne soient anéanties.

Pour tenter de faire évoluer l'opinion au Japon et en dehors, le gouvernement nippon n'a pas ménagé ses efforts, invitant des délégations et des médias à la centrale de Fukushima, où ils ont pu s'arrêter devant des bassins d'eau traitée et diluée où nagent des poissons - une expérience diffusée sur YouTube. Des séances d'information technique ont également été organisées pour des voisins comme la Corée du Sud, mais Tokyo a souligné que les invitations à la Chine étaient restées sans réponse.

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