Les émissions de gaz à effet de serre sont reparties à la baisse en France l’an dernier, avec un recul plus marqué en fin d’année, une tendance que le gouvernement attribue à sa politique climatique mais qui résulte aussi d’effets conjoncturels.
«D’après ces pré-estimations, les émissions de GES (gaz à effet de serre) ont repris leur trajectoire à la baisse en 2022 après le rebond observé en 2021», indique le Citepa, organisme mandaté pour réaliser l’inventaire français des émissions.
Il estime les émissions de 2022 à 408 millions de tonnes équivalent CO2, soit 10 millions de tonnes ou 2,5% de moins que l’année précédente. Par secteur d’activité, le tableau est contrasté. Ainsi, les émissions annuelles ont progressé de 8% dans l’énergie en 2022, et plus modestement de 2% dans les transports.
Elles ont en revanche reculé de 8% dans l’industrie manufacturière et la construction et chuté de 15% dans le secteur résidentiel/tertiaire. La France s’est engagée à réduire ses émissions de 40% d’ici 2030, une ambition qui doit être renforcée pour tenir compte de nouveaux objectifs européens (-55% par rapport à 1990).
Selon le Haut conseil pour le climat (HCC), pour atteindre ces objectifs, le pays devrait doubler le rythme de baisse de ses émissions à environ 16 millions de tonnes équivalent CO2 (-4,7%) par an sur la période 2022-2030. Anne Bringault, coordinatrice des programmes au Réseau action climat (RAC), estime aussi que les baisses enregistrées en 2022 «sont un peu en trompe-l’oeil».
Le résidentiel notamment a «beaucoup bénéficié de températures très clémentes sur la dernière partie de l’année, ça ne veut pas dire que ça se reproduirait», note-t-elle auprès de l’AFP.
«L’industrie a également subi avec la hausse des prix de l’énergie des arrêts conjoncturels qui ne sont pas réellement des politiques de lutte contre le changement climatique, et qui risquent de ne pas se reproduire», selon elle.
L’association s’inquiète par ailleurs de la hausse des émissions dans le secteur des transports, jugeant que ce dernier est «malheureusement encore très dépendant des énergies fossiles».