De premiers affrontements ont éclaté samedi entre manifestants et forces de l'ordre autour d'une réserve d'eau contestée en construction à Sainte-Soline, dans le centre-ouest de la France, où des milliers de personnes se sont mobilisées malgré l'interdiction du rassemblement. Les autorités avaient mobilisé 3.200 gendarmes et policiers pour encadrer cette manifestation interdite contre un projet de "bassines", des réserves d'eau destinées à l'agriculture, redoutant des violences dans un contexte inflammable du fait des tensions liées à la réforme des retraites. Un long cortège a commencé à défiler en fin de matinée, composé d'au moins 6.000 personnes selon la préfecture, "probablement un peu plus", et d'environ 25.000 selon les organisateurs - le collectif d'associations "Bassines non merci", le mouvement écologiste des Soulèvements de la Terre et le syndicat agricole proche de la gauche Confédération paysanne. "Au moins un millier" d'activistes violents, "prêts à en découdre avec les forces de l'ordre", participent au rassemblement, selon les autorités. "Le but, c'est d'approcher et d'encercler la bassine pour faire stopper le chantier", a affirmé un membre des Soulèvements de la Terre au départ du cortège qui s'est ensuite scindé en plusieurs groupes à cette fin. A l'approche du chantier, les affrontements ont éclaté rapidement entre forces de l'ordre et militants radicaux, avec des jets de projectiles et des tirs de feux d'artifice auxquels policiers et gendarmes ont riposté avec des gaz lacrymogènes et un canon à eau, selon des journalistes de l'AFP. "Nous verrons des images extrêmement dures parce qu'il y a une très grande mobilisation de l'extrême gauche et de ceux qui veulent s'en prendre aux gendarmes et peut-être tuer des gendarmes et tuer les institutions", avait prévenu vendredi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Seize retenues, d'une capacité totale d'environ 6 millions de mètres cubes, doivent être construites, principalement dans les Deux-Sèvres, dans le cadre d'un projet porté par une coopérative de 450 agriculteurs avec le soutien de l'État. Il vise à stocker en plein air de l'eau puisée dans les nappes superficielles en hiver, afin d'irriguer les cultures en été quand les précipitations se raréfient. Ses partisans en font une condition de la survie des exploitations agricoles face à la menace de sécheresses récurrentes. Les opposants dénoncent, eux, un "accaparement" de l'eau par "l'agro-industrie" à l'heure du changement climatique.