Forum du livre à la bibliothèque principale de la lecture publique de Constantine : Mourad Boukerzaza et Zakia Allel animent les passions

16/10/2023 mis à jour: 07:56
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Les deux invités ont présenté leurs derniers ouvrages

Instauré comme un rendez-vous culturel qui prend de l’importance à la Bibliothèque principale de la lecture publique Mustapha Nettour de Constantine, le Forum du livre a été marqué dans sa deuxième édition du 14 octobre par un débat passionné et passionnant en présence de deux invités qui se rejoignent dans plusieurs volets et semblent avoir bien accorder leurs violons.

 Il s’agit de deux écrivains appartenant à la même génération, ayant entamé leurs carrières respectives comme nouvellistes dans les années 1980, avant de passer tous les deux à l’écriture du roman, et sont également deux voix sur les ondes de la Radio nationale. Il s’agit de Mourad Boukerzaza, enfant de la ville du Vieux rocher, producteur et animateur de diverses émissions à la radio de Constantine, et Zakia Allel, venue de l’antique Milev, ex-enseignante et animatrice depuis 2009 de l’émission «Douroub el ibdaâ» (Les voies de la créativité) à la radio de Mila. 

Le premier est bien connu à Constantine et à l’échelle nationale pour son parcours de nouvelliste, ses talents d’orateur et de présentateur. Il est depuis quelques années, l’un des rares auteurs algériens à avoir choisi de s’engager dans la voie du roman policier. Un genre difficile auquel il a donné un cachet propre à lui, en imprimant une dimension plus importante à l’aspect social et psychologique de ses personnalités ainsi que tout ce qui tourne autour du crime.

Mourad Boukerzaza, qui a rencontré son public lors d’une vente-dédicace, a présenté son dernier ouvrage Saddiki alladi katalani (Croyez celui qui m’a tué), ainsi que ses projets en voie de publication dont celui intitulé Lyrica, dans lequel il aborde le fléau de la toxicomanie qui fait des ravages dans les milieux juvéniles. Très attaché à la ville de Constantine, il ne rate pas une œuvre pour emmener ses lecteurs dans ses vieux quartiers, dont Rcif, Sidi Djeliss, El Djezzarine, Souika et autres, sans oublier de faire un travail de mémoire en évoquant les belles traditions de l’antique Cirta. Mourad déplore le manque d’engouement pour le livre aujourd’hui, et le désintéressement qui décourage les auteurs. «Imaginez que l’auteur écrit son roman, le relit à plusieurs reprises, avant de chercher un éditeur qui puisse se charger de la publication, puis se trouve contraint de prendre la place de ce dernier et suivre l’impression, puis la diffusion et faire un énorme travail pour défendre son œuvre et la faire connaître aux lecteurs», déplore-t-il.
 

Sur les pas de Chahrazed

Ayant fait ses débuts dans la nouvelle, où elle s’est illustrée durant une longue période, Zakia Allel affirme s’être retrouvée dans la voie du roman par pur hasard. «Je n’ai jamais pensé écrire un roman, jusqu’au jour où après avoir terminé une nouvelle, j’ai senti que ses héros veulent se rebeller et vivre encore plus et c’est ainsi que je me suis étalé dans l’histoire de ce journaliste algérien, qui a vécu la décennie noire dans son pays, puis s’est retrouvé comme correspondant de presse à Baghdad lors de sa chute en 2003 ; c’est ainsi que j’ai donné naissance à un roman de 288 pages que j’ai intitulé Retour à ma tombe, à travers lequel j’ai entamé l’écriture romanesque», a-t-elle confié. Zakia était l’invitée de ce forum pour présenter son dernier ouvrage Bordj Chahrazed (La tour de Chahrazed) paru récemment aux éditions El Khayal. 

Un roman de 388 pages dans lequel elle raconte l’histoire d’une femme qui quitte sa région natale, dans la wilaya de Jijel, après avoir donné naissance à une fille illégitime et se rend dans la vieille de Mila, où elle refait une deuxième vie au milieu des habitants et connaîtra une histoire d’amour. Le roman est aussi un voyage dans les lieux et dans le temps, en faisant référence aux vestiges du Vieux Mila qui connaissent une dégradation déplorable d’après Zakia Allel. 

«Grâce à ce roman, j’ai pu découvrir la région de Bordj Thar, dans la wilaya de Jijel, point de départ de cette histoire, mais j’ai tenu aussi à visiter le vieux Mila pour m’inspirer et croyez-moi, j’ai été frappée par l’état des lieux où j’ai senti les cris de douleur de chaque pierre dans cet endroit historique», a-t-elle regretté. Interrogée sur la présence de référence à l’histoire dans son roman, Zakia a expliqué qu’elle n’écrit pas l’histoire, car elle n’est pas historienne, mais elle s’inspire de cette histoire pour rappeler qu’une ville comme Mila a toujours eu un passé glorieux qui mérite d’être valorisé. Pour rejoindre son collègue Mourad Boukerzaza, l’invitée du forum du livre a regretté que l’écrivain ne trouve pas le soutien pour faire publier ses œuvres et se trouve contraint même de tirer de son propre argent pour éditer. 

«Je pense toujours comment publier mes livres, et je me dis toujours que ces 10 ou 12 millions de centimes que je débourse pour l’impression sont avant tout l’argent de mes enfants ; toutefois j’ai suivi le conseil de la grande écrivaine Zhor Ounissi qui m’a convaincue en me disant de penser toujours qu’à chaque fois que je publie un livre c’est comme si j’ai acheté une pièce en or que je vais préserver pour le temps, ainsi ces livres valent leur pesant d’or», 
a-t-elle conclu. 

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